|
Premier maire de Montréal élu par la population de la ville, chirurgien émérite, bienfaiteur, entrepreneur dynamique, réformateur des prisons de la province, député et bien sûr chef politique qui mena les Patriotes à la victoire à Saint-Denis, Wolfred Nelson occupe dans l’histoire du Québec une place qui n’est plus à démontrer. L’un des Québécois les plus éminents de son siècle. Et pourtant le site de sa sépulture, sans être laissé à l’abandon, est manifestement négligé, relégué dans un coin du cimetière protestant, entre une polyvalente et le stationnement d’un centre commercial, dans la bonne ville de Sorel...
Wolfred Nelson naît à Montréal le 10 juillet 1791. Il est le quatrième enfant de William Nelson, un ancien officier de la marine anglaise, et de Jane Dies, une américaine de New York. La famille Nelson déménage à Sorel alors que Wolfred a trois ans. Il est décédé à Montréal le mercredi 17 juin 1863 à 19h55 à l’âge de 71 ans. Il est cependant inhumé au caveau familial, dans le cimetière anglican de Sorel. Le cimetière anglican était alors situé au centre-ville, sur la rue Elizabeth, entre le temple protestant et le poste de pompiers actuel. Le cimetière, les pierres tombales, et «apparemment» les dépouilles, auraient été déplacés en 1907 sur le site actuel, au 265, rue de Ramesay, derrière la polyvalente F. Lefebvre.
On y retrouve depuis les tombes des membres de la famille Nelson, dont celle de Wolfred, ainsi qu’un petit monument consacré à son frère Robert, mort à New York, le 1er mars 1873.Trouver la tombe d’un des plus grands québécois du XIXe siècle s’avère aujourd’hui un véritable défi tant les indications sont absentes. La tombe et le cimetière sont absolument invisibles de la route. Le site n’est pas du tout mis en valeur et l’état de détérioration des monuments est passablement avancé. Ainsi, la fameuse épitaphe reproduite dans tous les manuels: « Ici repose la plus noble réalisation de Dieu, un honnête homme » est désormais illisible et irrémédiablement perdue. Rejoint par téléphone, M. Robert G.Jones, président de la Société historique Pierre de Saurel Inc n’a pu que corroborer notre triste constat, mais il soutient que «cette question soulève peu l’intérêt». De son côté, le recteur (marguillier) de la paroisse anglicane, M. Frederick Bosserer, ajoute que la fabrique n’a pas de sous à consacrer à la «commémoration nationaliste d’un patriote» et que si jamais elle en avait, on ne voit pas pourquoi la tombe de Nelson aurait droit à un traitement de faveur par rapport aux dizaines d’autres sépultures du cimetière.Modèle de dévouement à sa communauté, incarnation de la collaboration entre les deux cultures du Québec moderne et de la lutte pour la démocratie, la mémoire de Wolfred Nelson est à la fois inestimable et irremplaçable. Le sort jusqu’ici réservé à sa sépulture doit être revu et promptement corrigé. Considérons donc, jusqu’à ce que des correctifs soient apportés, que c’est désormais une histoire à suivre…
| |