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Lieu où les trépassés sont ensevelis et honorés, le cimetière est un espace sacré qui borde généralement l’église. Situé entre la terre profane des habitations et l’église, il occupe une position privilégiée, au cœur de l’espace sacré. Le sol du cimetière est bénit lors d’un rite de consécration. Le cimetière doit être clôturé par une palissade de bois ou un mur élevé afin de le protéger des animaux. (COURVILLE, 2001: 124) Il est aussi un lieu de prière ou le catholique se recueille sur la tombe d’un proche après la messe dominicale et au jour des morts. Dans les villes, le cimetière est généralement plus distant de l’église. Il est aussi couramment re-localisé en raison de l’urbanisation et des épidémies qui frappent plus particulièrement les villes. Certaines personnes obtiennent encore en 1837 d'être ensevelies sous leur banc d’église : prêtes, notables, dévots, mais c’est une pratique coûteuse qui cesse bientôt, encore là en raison des épidémies. (COURVILLE, 2001:132) Juifs, infidèles, hérétiques, enfants morts sans baptêmes, excommuniés, interdits, suicidés, victimes de duels, non-pascalisants et ceux qui ont refusé les derniers sacrements ne sont pas admis dans le cimetière catholique consacré. C’est également le cas des personnes coupables de péché mortel, de celles qui sont mortes concubins, des prostitués, des sorciers, et des usuriers. (COURVILLE, 2001:128) Le cimetière rappel les contraintes qui régissent alors les comportements individuels. À l’automne 1837, Monseigneur Lartigue refuse la sépulture ecclésiastique aux rebelles mort en champs de bataille (SOCIÉTÉ D’HISTOIRE, 1984:20) Dans une lettre à Quiblier il précise : «que tout chrétien, mourant dans le sein de l’Église a droit à la sépulture ecclésiastique à moins qu’il ne s’en soit rendu indigne par quelque crime public, qu’il n’ait pas réparé avant sa mort».(LEMIEUX, 1989:270) Il est donc prescrit aux curés de refuser la sépulture ecclésiastique à toutes les personnes qui se sont rendues au combat (CHABOT, 1975:122). Les rebelles morts les armes à la main n’ont ainsi pas eu droit à des funérailles religieuses ni à la sépulture ecclésiastique, sauf ceux qui se sont rétractés. Leur crime est de s’être révoltés contre le gouvernement établi et d’être morts en délit de rébellion et, donc, en état de péché. Après la bataille de Saint-Charles, plusieurs corps sont enterrés dans un charnier en terre non consacrée. (GREER, 1997: 278) ,Toutefois, «Mgr Lartigue accepta qu’on ne déterrât pas les corps déjà inhumés au cimetière de Saint-Denis». (LEMIEUX, 1989: 388) Josée Hamelin CHABOT, Richard, Le curé de campagne et la contestation locale au Québec (de 1791 aux troubles de 1837-38), Montréal, Éditions Hurtubise HMH Ltée, 1975, 242 p.; COURVILLE, Serge et SÉGUIN, Normand, Atlas historique du Québec : La Paroisse, Ste-Foy, Les presses de L’Université Laval, 2001, 296 p.; GREER, Allan, Habitants et patriotes, Montréal, Boréal, 1997, 370 p. LEMIEUX, Lucien, SYLVAIN, Philippe, VOISINE, Nive, Les XVIIIe et XIXe siècles, Montréal, 1989, Boréal Express 438 p.
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