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Le conseil ou assemblée de fabrique est présidé par le curé et les seules personnes qui y sont admises sont le marguillier en charge, les marguilliers en exercice et les anciens marguilliers. Il y a au moins deux assemblées de fabrique par année. L’une où on élit les marguilliers et une autre pour la reddition des comptes. ( REMIGGI, 1998: 92) D’autres assemblées peuvent cependant être convoquées afin de discuter de sujets comme les réparations de l’église ou les dépenses de la fabrique. Les assemblées se tiennent généralement dans une salle publique située au presbytère (GREER, 1997: 66). À Sainte-Geneviève-de-Batiscan, les paroissiens trouvent que le curé administre mal la fabrique. Ils décident bientôt d’assister aux assemblées pour surveiller les décisions prises par le curé et les marguilliers. À Contrecœur en 1826, les habitants refusent que leur argent serve aux dépenses de l’église et du presbytère (CHABOT, 1975: 81-82). «Conscients de leur rôle social, ces nouveaux leaders [notaire, médecin et petit marchand] locaux cherchent à s’imposer dans l’administration de la fabrique. Ils exigent parfois de voir l’état des dépenses de la fabrique (CHABOT, 1975:83-84). En 1830, un projet de loi est présenté pour faire admettre les notables aux assemblées de fabriques (REMIGGI, 1998:92). «Papineau et ses partisans se donnèrent la mission libératrice d’ouvrir les assemblées de fabrique à tous les notables, voire à tous les francs-tenanciers de chaque paroisse»(LEMIEUX, 1989: 156). Le clergé s’oppose particulièrement à ce projet par des pétitions et des pamphlets. Le projet de loi est rejeté en décembre 1831, mais la lutte se poursuit et altèrera durablement les relations entre le clergé catholique et les professionnels du Parti canadien. En 1837, le curé Chartier soutient qu’il n’y aurait pas de revendications des laïcs si les comptes de la fabrique étaient bien tenus. Dans certaines paroisses, les notables ont tellement d’influence que les curés doivent les tolérer.(CHABOT, 1975 :88-89). Enfin, dans les années 1840, l’évêque de Montréal admet les paroissiens à assister aux assemblées de fabrique (REMIGGI,1998: 92). Josée Hamelin CHABOT, Richard, Le curé de campagne et la contestation locale au Québec (de 1791 aux troubles de 1837-38), Montréal, Éditions Hurtubise HMH Ltée, 1975, 242 p.; GREER, Allan, Habitants et patriotes, Montréal, Boréal, 1997, 370 p.; LEMIEUX, Lucien, SYLVAIN, Philippe, VOISINE, Nive, Les XVIIIe et XIXe siècles, Montréal, 1989, Boréal Express 438 p. REMIGGI, Frank W. et ROUSSEAU, Louis, Atlas historique des pratiques religieuses, Presses de l'Université d'Ottawa, Ottawa, 1998, 235 p.
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