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Fondée par François Lemaître, l’un des pionniers de l'Association des Frères chasseurs, La Quotidienne est publiée à Montréal du 30 novembre 1837 au 3 novembre de l’année suivante. D’une parution irrégulière à ses débuts, cet in-quarto de 4 pages passe rapidement à trois publications par semaine (BEAULIEU, HAMELIN, 1973 : 97) Dans son prospectus, le journal dit être « consacré aux affaires commerciales et industrielles, libre de partisanerie politique » (La Quotidienne, 30 novembre 1837 : 2), mais dans les faits, la vie commerciale y est peu représentée. (BEAULIEU, HAMELIN, 1973 : 98). Lemaître voulait offrir un journal bon marché, « au prix très modique de deux sous la feuille », et pour répondre « aux besoins en information des citoyens de langue française de toutes classes » (La Quotidienne, 30 novembre 1837). Il poursuit, en quelque sorte, l’aventure du Libéral qui paraissait à Québec peu avant les troubles. La Quotidienne est un journal de son temps et espère être un instrument d’éducation des masses qui complète l’instruction primaire (BONVILLE, 1995 : 205), elle épouse d’ailleurs plusieurs causes liées à l’information du peuple. « La Quotidienne rappelle que la liberté de la presse n’est pas illégale au Canada, du moins officiellement. En pratique, elle est soumise à toutes sortes d’intimidations et de manœuvres pour la limiter » (La Quotidienne, 17 août 1838 : 178). Aussi, La Quotidienne est en lutte constante contre les journaux tories et dénonce en particulier le Populaire et L’Ami du Peuple. (La Quotidienne, 21 septembre 1838 : 204) . Le 9 janvier 1838, la petite imprimerie de Lemaître, située au 9 rue des Commissaires, est assiégée par une quarantaine de carabins (BEAULIEU, HAMELIN, 1973 : 98). L’imprimeur est brutalisé et arrêté, le matériel et les presses confisqués. François Lemaître sera libéré le 12 avril 1838 et La Quotidienne reparaîtra, plus de quatre mois après l’arrestation, à la fin mai. Lemaître attribue son arrestation à un complot de L’Ami du Peuple et du Populaire visant à faire fermer son journal et à éliminer la concurrence francophone à Montréal (La Quotidienne, 31 mai 1838 : 55). Stéphane Mailhiot
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