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Les Patriotes de 1837@1838 - L'Association constitutionnelle de Québec
 ANALYSE 
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L'Association constitutionnelle de Québec
Article diffusé depuis le 1er juillet 01
 




Alors que l'Association constitutionnelle de Montréal est contrôlée par des marchands particulièrement radicaux et hostiles au mouvement de réforme, l'Association constitutionnelle de Québec, officiellement fondée le 22 novembre 1834, demeure dominée par des individus plus modérés, généralement d'anciens collaborateurs de Papineau et issus des professions libérales: John Neilson, Andrew Stuart, Robert H. Gairdner. La communauté marchande y est quand même fortement présente, alors qu'au fil des assemblées on retrouve la plupart des plus importants marchands de la capitale: William Price, Aylwin, T. C., Duval, John J., Fisher, J. Charlton, James Bell Forsyth, Allan Gilmour, James Hastings Kerr, Henry Lemesurier, William King McCord, T. A. Young.

Dès le 16 avril 1833 une assemblée réunie pour «taking into consideration the expediency of preparing an address to His Majesty upon the state of the Province» avait mené à la naissance au noyau de l'organisation (Quebec Gazette, 17 avril 1833). Cependant, le dépôt des 92 résolutions au début de l'année suivante et surtout la campagne électorale d'octobre 1834 sonnent le ralliement des forces loyales de la capitale, ralliement ponctué de nombreux rassemblements électoraux en faveur des candidats loyaux: Andrew Stuart (Haute-Ville), Pemberton (Basse-ville) et John Neilson (Dorchester). Mais le raz-de-marée patriote qui fait en sorte que les loyaux se retrouvent sans plus un seul représentant dans la région de Québec provoque une brutale prise de conscience chez ces derniers qui vont s'orienter vers la formation d'une association loyale visant à palier à leur problème de représentation à la Chambre et à faire désormais directement pression sur le gouverneur et l'administration coloniale: la Quebec Constitutional Association.

L'assemblée du 22 novembre avait été précédée d'une série de banquets consacrés à faire le post mortem des élections et à tirer les leçons qui s'imposaient. Le Quebec Mercury du 20 novembre écrit ainsi fort éloquemment:

Let us then take a lesson from the enemy (…) the silence of the Constitutionalists has been mistaken for acquiescence in the measures pursued by the Resolutionists […] We rejoice, under these circonstances in being able to announce that a Loyal and Constitutional Association is now on foot […]

The plan of the Association, as far as we are informed, is to form, principal or parent, Associations in two cities and the most populous towns of the Province, which Branch Committees in the several counties, and to maintain a general correspondence and cooperation for their mutual support and defense.

Présidée par Andrew Stuart, l'assemblée de fondation se tient le 22 novembre à l'hotel Albion. On y propose en particulier (2ième) la création à Québec d'une association constitutionnelle et (3ième) qu'un comité exécutif de quinze personnes soit mis sur pied. Une somme de 400 £ est levée en à peine trois heures. MM. John Molson, Griffin et Sydney Bellingham, ceux-là même qui venaient d'organiser une assemblée équivalente à Montréal, le 20 novembre, assiste à l'assemblée de fondation de la QCA (Christie, 35: 23; APC MG24 B31, 2,2: 217; Quebec Gazette, 26 nov. 1834).

Le Comité exécutif est connu dès le 26 novembre et la QCA tient sa première assemblée le 29, mais ce n'est que les 11 et 12 décembre que, devant 400 personnes massées à l'hotel Albion, sont votés les statuts de l'Association. On crée également plusieurs sous-comités chargés de voir à la prolifération de Branch Associations à travers tout le Bas-Canada (Christie, 35: 24-25).

L'hiver de 1835 est surtout consacré pour la QCA à faire circuler une vaste pétition mettant de l'avant ses revendications et à déléguer à Londres MM. John Neilson (QCA) et William Walker (MCA) où ils débarquent le 13 mai pour marquer leur opposition aux 92 Résolutions au moment où se crée la Commission Gosford, chargée d'enquêter sur les griefs de l'Assemblée (Quebec Mercury, 13 mars 1835). Au retour de Neilson, la QCA entérine rapidement le rapport de son agent et entreprend un actif lobby auprès du nouveau gouverneur. Ce n'est que le 9 janvier 1836, au terme d'une intense discussion et de nombreuses réunions du Comité exécutif, que la QCA adopte finalement son Report on the Present State of Publics Affairs, qui résume en fait la ligne idéologique de l'Association (Quebec Gazette, 11 jan 1836). On y oppose une fin de non recevoir aux revendications de la majorité à l'Assemblée, en particulier en ce qui concerne le contrôle de la Liste civile. On revendique aussi des lois plus favorables au commerce et on réaffirme son attachement au lien colonial.

La prochaine étape sera pour la QCA de mandater des délégués à un vaste congrès de tous les Constitutionnels de la province et qui se tient finalement à Montréal du 10 au 17 novembre 1836. Des différences sensibles entre les deux grandes associations apparaissent alors. Tandis que la MCA propose l'annexion de Montréal et de Vaudreuil au Haut-Canada, la QCA et son représentant, T. C. Aylwin proposent plutôt l'annexion pure et simple du Haut et du Bas-Canada. À la fin de 1836, peut-être à cause de ces tensions, Andrew Stuart passe la main comme président, aussitôt remplacé par John Neilson (président), William Price, Menry LeMesurier (v-p) et T.A. Young (secrétaire).

Concurremment aux Patriotes qui tiennent de grandes assemblées populaires dans le district de Montréal, les loyaux de Québec organisent une série de rassemblements culminant le 31 juillet par la tenue sur l'esplanade d'une assemblée monstre de 4500 à 5000 personnes, «As if all Quebec was there.» (Quebec Gazette, 2 août 1837) Les sept résolutions alors votées consistent à dénoncer les manœuvres patriotes et à réaffirmer son attachement à la Couronne. Mais à l'approche de la phase militaire du conflit, c'est à la création de corps volontaires que va surtout se consacrer la QCA. Le 1er septembre 1837 est officiellement créé le Loyal Victoria Club, pendant québécois du Doric Club montréalais. Devant les tensions suscitées (accrochage du 12 novembre dans les rues de Québec) le Victoria Club est réorganisé le 29 novembre en un régiment de Royal Quebec Volunteers dont l'intervention ne sera cependant pas nécessaire durant les troubles (Senior: 31; Quebec Gazette, 5 sept, 22 nov; 16 déc 1837).

Pendant l'hiver de 1838, la QCA vit déjà à l'heure de l'après rébellion. L'Association milite dès lors activement en faveur de l'union des deux Canadas et délègue à cette fin Andrew Stuart pour qu'il fasse à Londres pression sur les autorités à la vielle de la nomination de Lord Durham comme gouverneur-enquêteur. Pour le reste, l'année 1838 est calme à Québec. Le 10 décembre, l'exécutif dépose devant l'assemblée annuelle son 4ième rapport où il est en particulier fait état de ses vains efforts pour rencontrer le nouveau gouverneur (Quebec Mercury, 16 déc 1837).

Plus ancienne et plus modérée que l'Association loyale de Montréal, la Quebec Constitutional Association est peut-être aussi celle dont les vues seront le mieux reprises dans le Rapport Durham. L'Association demeura dominée par deux anciens ténors patriotes: Andrew Stuart et John Neilson. Son existence, bien circonscrite aux années 1834 à 1838, correspond à la phase radicale du conflit au Bas-Canada, alors que sont le plus clairement marquées les différences entre le mouvement patriote et loyal et que se pose avec acuité la question du destin politique du Bas-Canada.

 




Recherche parmi 16 491 individus impliqués dans les rébellions de 1837-1838.

 



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