Le Royal Montreal Cavalry est un des corps armés de volontaires qui a pris part aux rébellions bas-canadiennes de 1837-1838. Qu'il ait participé aux grandes manœuvres militaires ou aux simples exercices de routine, sa présence est notable tout au long de la période. La première intervention du corps armé survient dès le début des années 1830 (Senior, 1982: 257).Pendant l'élection partielle de 1832, sous le commandement du major George Gregory, le Royal Montreal Cavalry est alors appelée à patrouiller la ville en tant que corps policier (Senior, 1981: 14). Ce n'est que cinq ans plus tard que la Royal Montreal Cavalry intervient lors de nouveaux troubles urbains. Au lendemain de l'émeute du 6 novembre 1837, le procureur général Charles Richard Ogden mobilise la cavalerie en tant que corps policier pour une période d'un mois (Senior, 1981: 25). Aussitôt, elle patrouille les rues de Montréal et la région de Saint-Jean afin de rassurer les loyaux sujets et d'intimider ceux qui ont des intentions séditieuses. La cavalerie est néanmoins remplacée quelques jours plus tard par une compagnie de réguliers du 1st Royal Scots (Senior, 1997: 78).
À ce moment, le Royal Montreal Cavalry a pour officiers le major Eleazar David, les deux capitaines Charles Oakes Ermatinger et Sidney Bellingham, les deux lieutenants Campbell Sweeney et John McGillis, les trois cornettes John Molson jr., George Pyke et Moses Samuel David (Senior, 1997: annexeB).
Une dizaine de jours après l'émeute, soit le 17 novembre, le Royal Montreal Cavalry participe à l'arrestation de deux Patriotes au village de Saint-Jean. Lors de son retour vers Montréal, en passant par le chemin de Chambly, le convoi tombe dans une embuscade où trois de ses membres y sont blessés (Senior, 1997: 84).
Le lendemain de ce coup de force, le général Colborne ordonne au lieutenant-colonel George Wetherall de se rendre à Chambly dans le but d'aider les magistrats Sydney Bellingham et Pierre-Édouard Leclerc dans leur enquête sur les hommes recherchés. Aux côtés des réguliers de Wetherall, 15 hommes du Royal Montreal Cavalry commandés par le capitaine Eleazar David participent aux opérations (Senior, 1997: 93).
Le 22 novembre, Colborne ordonne à Wetherall, stationné à Chambly, de marcher sur Saint-Charles afin de mater les insurgés. Aux côtés des réguliers, on retrouve une vingtaine d'hommes du Royal Montreal Cavalry commandés par Eleazar David. En tout, les forces de Wetherall s'élèvent à environ 350 hommes (Senior,1997: 113).
Le même jour, vers 15 heures, le colonel Sir Charles Gore quitte Montréal dans le but de rejoindre Wetherall à Saint-Charles. En plus des réguliers, il a à ses cotés un détachement du Royal Montreal Cavalry dirigé par le cornette Campbell Sweeney. En tout, Gore à environ 300 hommes sous ses ordres (Senior, 1997 : 115).
Deux jours plus tard, soit le 25 novembre, Wetherall marche sur Saint-Charles. La mission du Royal Montreal Cavalry lors de l'affrontement est de porter les dépêches et de patrouiller les environs (Senior, 1982: 257). Les services rendus par la cavalerie semblent appréciés car Wetherall en fait l'éloge dans une dépêche envoyée à Colborne (Senior, 1997: 139). Il faut mentionner que les blessés, tant du côté des forces de l'ordre que du côté des patriotes seront soignés par Charles Sewell, médecin du Royal Montreal Cavalry.
Cependant que le gros des forces armées s'affaire à écraser les insurgés, Montréal reste pratiquement sans défense. Le Royal Montreal Cavalry, temporairement stationnée à Montréal et à Lachine est maintenant levée pour six mois aux frais du trésor impérial de l'armée, et ses hommes, rémunérés à la même solde que les réguliers, soit quatre shillings par jours (Senior, 1997: 147). La troupe de la Royal Montreal Cavalry stationnée à Lachine compte maintenant trois cavaliers d'origine française.
Entre temps, le 2 décembre, Gore retourne à Saint-Denis avec plusieurs compagnies de réguliers ainsi que d'un détachement de cornettes du Royal Montreal Cavalry. Cette expédition à pour but de s'assurer que la tranquillité est revenue dans la région. Plusieurs maisons seront brûlées et détruites (Senior, 1997: 153).
Le 8 décembre, un détachement du Royal Montreal Cavalry commandé par le capitaine Sydney Bellingham et le lieutenant Charles Oakes Ermatinger rejoint les réguliers déjà stationnés à Saint-Eustache. Leur mission est de reconnaître les éléments patriotiques et loyalistes de la région de Deux-Montagnes avant que Colborne et le gros des troupes régulières de Montréal n'arrivent sur les lieux. Le 13 décembre, Colborne quitte Montréal pour Saint-Eustache en compagnie d'une escorte composée de quelques hommes du Royal Montreal Cavalry (Senior, 1997: 179).
L'une des brigades affectées à l'opération de Saint-Eustache se compose du 32eet du 83eRégiment en plus des 53 hommes du Royal Montreal Cavalry commandés par Eleazar David. Sont également présents 45 volontaires du Queen's Light Dragoons sous les ordres de Thomas Walter Jones. En tout, les effectifs de la Couronne sont de 1280 réguliers et 220 volontaires. Lors de l'affrontement, les hommes du RMC et du Queen's Light Dragoons tiennent les routes de Sainte-Scholastique et de Saint-Benoît sous surveillance pour qu'aucun des insurgés ne puisse s'échapper du village. Lorsque la bataille est finalement remportée par les forces de la Couronne, Colborne retourne à Montréal, cette foi-ci encore avec une escorte du Royal Montreal Cavalry (Senior, 1997: 187).
En juillet de l'année 1838, suite à l'arrivée de renforts réguliers, Colborne peut se passer des volontaires levés pendant l'hiver 1837. Il se contente de garder en armes les deux troupes urbaines de la Royal Montreal Cavalry et du Queen's Light Dragoon (Senior, 1997: 224).
Suite à de nouveaux troubles rapportés à plusieurs endroits, le 8 novembre Colborne traverse le Saint-Laurent en compagnie 3300 réguliers ainsi qu'une partie du Royal Montreal Cavalry et du Queen's Light Dragoon. La compagnie du Royal Montreal Cavalry stationnée à Lachine et les quatre compagnies de fantassins du Lachine Volunteers constituent les forces sur lesquelles Colborne mise afin de rétablir l'ordre à Châteauguay (Senior, 1997: 260).
Suite au retour de l'ordre dans le Bas-Canada au printemps de 1839, un important problème de désertion dans les rangs des soldats réguliers incite les autorités à poster le Royal Montreal Cavalry et la Queen's Light Dragoon proche de la frontière américaine afin d'intercepter les insoumis. Pendant les 11 prochaines années, ces deux corps armés, à l'origine volontaires, accompliront cette tâche au même salaire que les réguliers. Le nom de Royal Montreal Cavalry sera bientôt remplacé par celui de Provincial Cavalry (Senior, 1997: 279).
François-Xavier Delorme