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Le région du Richelieu est divisée en deux parties distinctes. Leur nom respectif correspondent à leur position vis-à-vis la rivière Richelieu qui traverse d'un bout à l'autre leur terres (GRT, 1983; 3).Le Bas-Richelieu se situe à l'embouchure du la rivière sur le fleuve Saint-Laurent, jusqu'au comté de Rouville et Beloeil, contournant le comté de Verchères (BOUCHETTE, 1978; 200-230) et forme le comté de Richelieu. Le comté a pour squelette la rivière Richelieu, découverte par Samuel de Champlain et baptisé en l'honneur du Cardinal de Richelieu, chargé de la colonisation de la Nouvelle-France. Le cours d'eau a grandement contribué au développement de la région. Le climat tempéré, la fertilité du sol et l'accessibilité aux ressources forestières accélèrent la course aux seigneuries au 17ièmesiècle : on dit que " bien peu de possessions dans la provinces /.../ [sont] supérieures à celles-ci en valeur "(BOUCHETTE, 1978; 210). Le comté de Richelieu se construit sur l'agriculture et l'élevage (FILION, 1988; 13) et est aussi appropriées à la culture du lin et du chanvre (BOUCHETTE, 1978; 225). Les villages les plus importants sont ceux de William-Henry (1500 âmes) et Saint-Ours (3000 âmes) (BOUCHETTE, 1978; 206-230). Leur importance est liée à l'amélioration de la voie fluviale du Richelieu. En 1829, des commissaires nommés par le gouvernement du Bas-Canada prennent en charge des travaux visant à construire une écluse à Saint-Ours. Cette écluse doit permettre aux bateaux de plus fort tonnage de remonter le Richelieu et de se rendre jusqu'au canal de Chambly (FILION, 1988; 32). Les travaux ne débutent réellement qu'en 1844 et se termine cinq ans plus tard (FILION, 1988; 32). L'écluse, d'une longueur de 61 mètres sur 14 de largeur (FILION, 1988; 32) entraine un essor du commerce régional en permettant d'acheminer et de recevoir des produits pour les villes et villages en amont de Saint-Ours (FILION, 1988; 32).
Le comté de Richelieu est généralement conduit par des députés francophones qui prennent parti pour la majorité réformiste. François-Roch de Saint-Ours et Pierre-Dominique Debartzch, tous deux seigneurs aussi, sont considérés patriotes avant de tourner le dos à la cause peu avant les soulèvements de 1837. Clément-Charles Sabrevois de Bleury, dernier en date (1836) à rompre avec le chef des Patriotes ne doit pas continuer de représenter le comté de Richelieu qui est un des plus " patriotes " de la province (RUMILLY, 1977; 403). Parce que Sabrevois de Bleury est trop modéré dans ses convictions, des Patriotes se réunissent à Saint-Ours et réclament sa démission et est remplacé par un radical, le Dr. Wolfred Nelson. Nelson est un homme d'une grande exubérance politique. À la Saint-Jean-Baptiste de 1836, à Saint-Denis, Nelson transgresse les consignes de Mrg Lartigue et fait ériger un monument à la mémoire de Louis Marcoux, mort en défendant la cause du pays. Le député Dorion et Simon Marchesseau se joignent à lui par d'enflammées discours " les immortelles 92 Résolutions "(RUMILLY, 1977; 408). À la suite de l'annonce des résolutions Russell, la première assemblée de protestation se tient dans le comté de Richelieu, à Saint-Ours, le 7 mai 1837 (BERNARD, 1988; 23). Le 23 octobre 1837, Saint-Charles est l'hôte de la grande assemblée des Six-Comtés, c'est-à-dire de Richelieu, Verchères, Saint-Hyacinthe, Chambly, Rouville et l'Acadie (BERNARD, 1988; 262). Durant l'été et l'automne 1837, le comté de Richelieu a appuyé les Patriotes par diverses manifestations, dont celle de septembre à Saint-Denis, où l'on pend en effigie Lord Gosford, Sabrevois de Bleury, Debartzch et de Saint-Ours (SENIOR, 1998; 51).
À partir de novembre 1837, le comté de Richelieu est le théâtre d'épisodes sanglants. C'est dans ce comté qu'ont lieu les deux premières batailles : à Saint-Denis (23 novembre) et à Saint-Charles (25 novembre). En 1838, l'Association des Frères Chasseurs a de solides racines dans le comté de Richelieu. Davantage structurés que lors du soulèvement de 1837, les Frères Chasseurs élaborent une stratégie minutieuse prévoyant une série d'attaques et de sièges afin de frapper sur plusieurs fronts en même temps (FORTIN, 1988; 52). Leurs actions sont vaines. Par exemple, Mailhot, accompagné de milles hommes de Saint-Ours, Verchères et Contrecoeur doivent attaquer Sorel le 10 novembre 1837. Mailhot, qui avait pris toutes les dispositions nécessaires pour mener à bien l'opération, ne fait pourtant aucune tentative. Le soulèvement des Frères Chasseurs n'apporte en fait que de nouvelles arrestations pour le comté (FORTIN, 1988; 65).
Claudine Nolin
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