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Lors de la révolte de 1838, les points chauds se sont principalement situés du coté sud du Saint-Laurent. Terrebonne fut le seul endroit où l'on a décelé quelque agitation au nord de Montréal. On y administre les serments secrets des chasseurs au nord du fleuve, on s'occupe à fondre des balles et on se prépare à prendre possession du village et du pont.Les leaders du mouvement y étaient Charles-Guillaume Bouc, Léon Leclaire, Paul Gravelle, Antoine Roussin, François Saint-Louis, Édouard-Pascal Rochon, Joseph Léandre Prévost, notaire, et surtout Éloi Marié. Ils rencontrent en fait beaucoup de difficultés à réaliser les tâches qu'ils s'étaient assignées. Ils avaient en les personnes de MM. Joseph Masson, John MacKenzie, Alfred Turgeon et Jean-Baptiste Prévost, des adversaires de taille, influents et habiles, qui, à force de persévérance, réussissent à déjouer les efforts des frères chasseurs et paralyser le mouvement insurrectionnel dès le départ. Effectivement, le 4 novembre, vers onze heures du soir, le chef de police Comeau, accompagné de Loiselle, son adjoint, arrivent à Terrebonne. Les patriotes ayant été prévenus à temps, le policier ne peut mettre la main que sur Marié, qu'il emmena prisonnier à Montréal. Cependant, deux jours plus tard, Comeau est de retour à Terrebonne pour arrêter les autres. Comme il s'attendait à rencontrer de la résistance, il se fit accompagner de deux magistrats et d'une douzaine d'hommes de police. Évidemment, M. Bouc et ses amis avaient résolu de ne pas se laisser arrêter sans mandat. Pendant la nuit du 6 au 7 novembre, lorsque Comeau et sa bande débarquèrent à la maison de M. Bouc, ils y trouvèrent une dizaine d'hommes qui les reçurent à coup de fusils. Loiselle reçu une balle, qui le blessa sérieusement, le reste de la troupe se hâta de se réfugier chez M. Masson. Furieux de leur échec, Comeau et ses policiers ne voulurent pas repartir pour Montréal les mains vident. Ils retournèrent chez M. Bouc, trouvèrent la maison vide, la criblèrent de balles et y mirent le feu. Heureusement pour M. Bouc, Pangman les forca à éteindre les flammes avant qu'elles n'eurent causé trop de dégâts. Naturellement, ces événements eurent tôt fait d'exaspérer les Patriotes de Terrebonne, l'agitation s'installa rapidement dans le village, avec de grands progrès, surtout parmi les habitants du haut de la côte. Le 7 novembre, alors qu'un certain nombre de bureaucrates tentaient vainement de désarmer les habitants de la Côte, une cinquantaine de Patriotes se rendaient au village, s'emparaient du pont, et plaçaient partout des sentinelles. Pendant ce temps, M. Masson et ses amis, MM. Turgeon, MacKenzie, Pangman et Fraser, effrayés de la tournure des événements, résolurent d'avoir recours à des méthodes plus douces. M. Masson, qui était bien vu parmi les insurgés, fut chargé d'aller négocier un arrangement avec les patriotes. Une convention intervint par laquelle les patriotes consentirent à mettre bas aux armes si et seulement si M. Masson et ses amis s'engageaient, de leur coté, à ne pas témoigner contre eux. Cette convention eut pour effet de rétablir la paix et l'ordre dans le comté de Terrebonne. Toutefois, elle n'empêcha pas, deux mois plus tard, MM. Bouc, Rochon, Leclaire, Gravelle, Roussin et Saint-Louis d'être arrêtés. Les autorités les ont poursuivis en cour martiale. Ils subirent un procès où ils ont tout été condamnés à être pendus. La peine fut cependant comuée en un exil en Australie.
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