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Les Patriotes de 1837@1838 - L`affrontement de Moore`s Corner, 6 décembre 1837
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L`affrontement de Moore`s Corner, 6 décembre 1837
Article diffusé depuis le 19-mai-01
 




À la fin de 1837, les troupes britanniques et leurs alliés loyaux sont sur le pied de guerre. Après la victoire de l`armée anglaise à Saint-Charles, une succession d`événements crée un climat de grande activité au sein des deux camps opposés : échauffourée du 28 novembre à Saint-Mathias, raid sur Oka le 30 , avis de récompense pour la capture de chefs patriotes le 1erdécembre, retour de Gore à Saint-Denis, incendié, le 2, proclamation de la loi martiale le 5 (Fortin, 1988 : 42). Plus au sud (Cantons de l`Est), les townships voisins du Vermont connaissent une certaine agitation (Kesteman, 1998 : 215) ce qui amène des groupes de loyaux à offrir leurs services au gouverneur en cas de besoin. Dès la mi-novembre, à la demande du colonel Robert Jones, qui commande le bataillon du comté de Missisquoi, les capitaines de milice Hurlbut, Jones et Squires (Sutton), Baker, Thomas et Kemp (Saint-Armand) et Hitchcock (Stanbridge) sont fin prêts à étouffer la rébellion (Beaugrand-Champagne, 1990 : 105-106). Ils n`ont pas longtemps à attendre puisque leurs services sont requis le 6 décembre 1837 à Moore`s Corner.

Dans les jours qui précèdent, la population loyale est alertée par les manœuvres peu discrètes de Julien Gagnon qui circule dans la région afin de recruter des hommes et de trouver des armes en vue d`un coup d`éclat que les patriotes réfugiés aux États-Unis souhaitent réaliser. Craignant une attaque imminente, on garde les détachements de volontaires sur le qui-vive et on organise des contrôles et des patrouilles le long de la frontière (Fortin, 1988 : 261; Lacoursière, 1996 : 366 et Senior, 1997 : 154). Au matin du 6 décembre, les habitants de Philipsburgh sont réveillés par le vacarme des hommes de Gagnon qui chahutent pendant près d`une heure. Ralph Taylor, député loyal de Missisquoi va à leur rencontre et leur demande de se disperser. Après une altercation entre Taylor et Gagnon, celui-ci menace de revenir le soir même pour brûler le village (Fortin, 1988 : 42-43, 266). Il n`en faut pas plus pour que les loyaux se préparent à la défense.

À Philipsburgh même, on poste des gardes sur les routes et on envoie des messages dans les villages voisins pour demander des renforts. On interdit même aux hommes de quitter le village, à la fois pour préserver les effectifs et éviter le passage d`espions. Pendant ce temps, les capitaines O. J. Kemp et Henry Baker, ignorant les événements du matin à Philipsburgh, quittent Frelighsburgh avec 50 volontaires pour rejoindre un convoi d`armes escorté par 200 soldats de l`Île-aux-Noix et leur étant destiné. À l`approche de Philipsburgh, il a vent des derniers événements et se précipite à la rencontre du convoi, craignant pour sa sécurité, alors que les renforts de volontaires arrivent de Pigeon Hill, de Frelighsburgh, de Stanbridge et de Bedford. À 16 h 30, ils sont 300, et quand enfin arrive le convoi, les armes sont transportées près de l`église méthodiste du village et distribuées; les surplus sont placés en sécurité dans l`église barricadée (Fortin, 1988 : 267 et Senior, 1997 : 154).

Les rebelles, partis de Swanton au Vermont, apprennent quant à eux qu`ils sont attendus de pied ferme à Philipsburgh; ils décident donc plutôt de passer par la route de l`Est et de franchir la frontière à Highgate, sur le chemin de Saint-Armand, à environ 3 km de Philipsburgh (Fournier, 1978 : 57). Vers 20 h, un éclaireur apprend aux volontaires l`arrivée des rebelles par cette nouvelle voie. Un groupe de miliciens reste en poste à Philipsburgh, mais le gros des volontaires loyalistes de Missisquoi, commandés par O. J. Kemp, est promptement dirigé vers Moore`s Corner et posté sur un promontoire d`où les troupes peuvent observer la maison de Hiram Moore et la route qui y conduit (Fortin, 1988 : 268-269 et Senior, 1997 : 154).

Vers 21 h, les deux groupes se font face. Les loyaux bénéficient à la fois de l`avantage du nombre (300 par rapport à environ 80 rebelles - Bouchette, Mémoires) et de la position. Sans crier gare, la fusillade débute quand un volontaire fait feu sans que l`ordre en ait été donné. L`échange se poursuit pendant une quinzaine de minutes, jusqu`à ce que les rebelles retraitent, laissant derrières eux leurs armes (Fortin, 1988 : 269-270 et Senior, 1997 : 154). Les troupes de volontaires se dirigent alors chez Hiram Moore où des patriotes blessés n`étant pas parvenus à rejoindre la frontière se sont réfugiés. Quand elles donnent l`assaut, elles trouvent dans la maison Hubert Patenaude, mort, et Robert Bouchette, blessé au talon. Le capitaine James Botham, des Missisquoi Borderers, accompagné de Ralph Taylor, interrogent Bouchette, qui leur dit alors se nommer Bartlett; ils n`apprendront la supercherie que le lendemain (ANQ, no545 et Fortin, 1988 : 271-272). En attendant un médecin, Bouchette aurait été soigné par MmeHiram Moore elle-même (Senior, 1997 : 154). Au moins cinq autres patriotes sont faits prisonniers dans les environs immédiats de la maison de Moore (Fortin, 1988 : 271-272).

Une fois la poussière retombée, Ralph Taylor demande à O. J. Kemp de rediriger ses troupes vers Philipsburgh, car il craint une nouvelle attaque, qui toutefois ne viendra pas. Le lendemain, les prisonniers sont escortés à la prison de l`Île-aux-Noix, où on les garde pendant 10 jours, avant d`être amenés jusqu`à Pointe-à-la-Mule le 17 décembre, puis conduits jusqu`à Saint-Jean à destination de Montréal (Fortin, 1988 : 272-273).

Dès l`annonce des événements, Colborne envoie un détachement de 600 soldats à Saint-Armand, geste inutile puisque les volontaires de Missisquoi ont déjà repoussé l`attaque (Senior, 1997 : 154). Dans son rapport, Kemp justifie la fusillade par l`impétuosité et l`indiscipline de ses hommes recrutés au pied levé, mais Colborne n`en a cure : les contingents de miliciens ont fait le travail sans même que les troupes régulières aient à intervenir. Déjà, le 7 décembre, confiant que les patriotes ont été mâtés dans cette région, il entame sans les préparatifs d`une expédition contre Saint-Eustache. Dans une lettre à Gosford datée du 10 décembre, il écrit : " Le courage des gens de Missisquoi nous permettra de ramener une partie des troupes [...] à Saint-Jean et de diriger notre attention vers Saint-Eustache " (Senior, 1997 : 154-155, 179).

La bataille de Moore`s Corner marque la fin des troubles dans le sud de la province pour 1837 (Lacoursière, 1996 : 367). Les volontaires de Missisquoi ont su garder l`initiative tout au long des événements, et leur rôle révèle une efficacité des plus satisfaisantes aux yeux du commandement de l`armée britannique, qui sait désormais pouvoir compter sur l`apport de telles troupes en l`absence des corps militaires réguliers (Bernard, 1996 : 9-10 et Senior, 1997 : 179). À Moore`s Corner, aujourd`hui Saint-Armand, et aux alentours, des plaques commémorent la bataille devant l`hôtel de ville, le bureau de poste (ancienne maison Hiram Moore) et l`église méthodiste de Philipsburgh (Patriotes, 2001; Fournier, 1978 : 57).

Nathalie Mailhot

 




Recherche parmi 16 491 individus impliqués dans les rébellions de 1837-1838.

 



Consulté 4451 fois depuis le 19-mai-01
 Claude Lamoureux  (15 janvier 2006)
Je sais que Robert Jones a habité à Christieville (Iberville)..En quelle année ? Serait-il possible d`avoir plus de renseignements sur son implication contre les Patriotes... Merci

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