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Joseph Duquet est né le 18 septembre 1815 à Châteauguay de Joseph Duquet, aubergiste, et de Louise Dandurand. Joseph Duquet entreprend un cours classique au petit séminaire de Montréal en 1829 et le termine au collège de Chambly six ans plus tard. Son intérêt pour le notariat le conduit auprès de Joseph-Narcisse Cardinal puis de Chevalier de Lorimier, à Montréal (Filteau, 1972 : 286). Avec de tels professeurs, son patriotisme ardent était tout à fait prévisible. En 1837, il termine sa formation sous la tutelle de son oncle, le notaire Pierre-Paul Démaray de Dorchester.Son premier contact avec les troubles de 1837-1838 survient alors qu'il se trouve chez son oncle. Dans la nuit du 16 au 17 novembre 1837, Démaray est arrêté pour haute trahison par les autorités anglaises. Impuissant devant l'arrestation, Duquet part à cheval pour avertir des amis de Montréal de ce qui s'était passé. Incapable de se rendre à destination en raison de la rupture des communications entre Laprairie et Montréal, il bifurque vers Longueuil. À son arrivée dans le village, il apprend que son oncle a été délivré sur le chemin de Chambly par Bonaventure Viger et une vingtaine d'hommes (David, 1884 : 208). Par contre, la liberté reste précaire pour Démaray, il lui faut donc s'exiler aux États-Unis et son neveu l'accompagne dans son périple. Le 6 décembre, Duquet est de retour au Bas-Canada pour participer aux événements de Moore's Corner sous la direction de Julien Gagnon. Après la défaite, il retourne aussitôt se réfugier à Swanton, au Vermont. Le 28 février 1838, il prend part à la tentative d'invasion du Bas-Canada que dirige Robert Nelson (Filteau, 1972 : 286). Après l'amnistie de lord Durham, il rentre au Bas-Canada et en profite pour revoir sa famille. Ses rêves d'indépendance l'incitent à s'impliquer dans l'organisation du mouvement clandestin des Frères Chasseurs. Il en est l'un des principaux recruteurs et est nommé Aigle ou chef de division (David, 1884 : 209). Le 4 novembre, Joseph-Narcisse Cardinal et Joseph Duquet partent à la tête d'une centaine d'hommes pour s'emparer les armes des Amérindiens de Kahnawake. Selon la version du Montreal Herald, ils se seraient fait repérer par une amérindienne qui cherchait sa vache dans les bois du village (Lacoursière, 1996 : 401). David parle plutôt d'une trahison de la part des Amérindiens qui étaient supposés les aider (David, 1884 : 209). Néanmoins, ils sont fait prisonniers par les Autochtones puis livrésaux autorités. Le 28 novembre, Duquet est appelé à comparaître devant la cour martiale établie par le gouverneur Colborne. Malgré les efforts de leurs avocats, Lewis Thomas Drummond, Pierre Moreau et Aaron Philip Hart, dix des douze accusés sont condamnés à la peine capitale(Boyer, 1966 : 92). Le Conseil exécutif revient sur cette décision et demande l'abrogation de la peine de mort pour tous les accusés à l'exception de Cardinal et Duquet qui sont considérer comme étant des récidivistes. Leur pendaison est prévue pour le 21 décembre 1838. Attristée par la nouvelle, la mère de Duquet se rend à Québec pour implorer la clémence du gouverneur Colborne. L'avocat Drummond envoie lui aussi une lettre à Colborne dans laquelle il dénonce l'illégalité du procès. Même les Amérindiens de Kahnawake réagissent devant la cruauté de l'administrateur et lui adressent une pétition où ils lui demandent d'épargner la vie de deux hommes qui ne leur ont rien fait et qui n'ont pas trempé leurs mains dans le sang de leurs frères (David, 1884 : 216). Rien n'y fait, Colborne ne reviendra plus sur sa décision. L'heure de la pendaison venue, Duquet est quelque peu chancelant à son arrivée sur l'échafaud. Lorsque la trappe s'ouvre, la corde est mal ajustée et remonte jusque sous le nez du condamné. Il est projeté contre les parois de l'échafaud, le visage est ensanglanté, mais il vit toujours. La foule implore le bourreau de lui laisser la vie sauve. Impassible, le tortionnaire remonte le condamné par la corde et recommence l'opération (David, 1884 : 214-215). Le corps de Duquet est inhumé dans la même fosse que celui de Cardinal à l'ancien cimetière de Montréal. Plus tard, en 1858, ils sont transportés au cimetière Notre-Dame-des-neiges où ils sont ensevelis au pied du monument à l'honneur des patriotes (Filteau, 1972 : 287). Sebastien Tessier
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