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Ignace Bourget est né dans la paroisse Saint-Joseph (à Lauzon, Québec), le 30 octobre 1799. Il décèdera le 8 juin 1885 à Sault-au-Récollet (Montréal-Nord). Il provient d'une famille de cultivateurs et est le onzième enfant d'une famille de treize. À l'âge de douze ans, il entre dans la classe préparatoire du petit séminaire de Québec. Le jeune Bourget est tonsuré le 11 août 1818 dans la cathédrale de Québec. Un mois plus tard, il enseigne au séminaire de Nicolet tout en continuant ses études en théologie. Le 21 mai 1821, Bourget devient secrétaire particulier de Mgr Jean-Jacques Lartigue, évêque auxiliaire à Montréal. Il se rend à Montréal pour assurer son nouveau poste et se voit attribué le diaconat le 22 décembre 1821. Ce n'est qu'un an plus tard, soit le 30 novembre 1822, qu'il sera ordonné prêtre catholique à l'Hôtel-Dieu de Montréal. Les fonctions qui lui sont confiées sont à la mesure de la confiance absolue que l'évêque voue à son secrétaire. Le jeune prêtre s'avère lui-même un disciple inconditionnel de Mgr Lartigue. Sa pensée évolue dans les mêmes directions que celle de l'évêque de Montréal en s'inspirant des thèses ultramontaines. En conséquence, il exigera la soumission et l'obéissance autant de son clergé que de ses fidèles, spécialement durant les troubles de 1837-1838 (LANGLOIS, 1984 :26).C'est parce que Bourget se révèle l'héritier de Mgr Lartigue et qu'il entre de plus en plus dans ses vues sur le gouvernement de l'Église que l'évêque décide de le proposer comme son successeur sur le siège épiscopal où il a été intronisé le 8 septembre 1836 (SYLVAIN, 1966 :103). Les sulpiciens sont d'avis que Bourget manque des compétences réquises, surtout dans un milieu où les protestants sont nombreux, pour assumer le rôle avec brillance. Malgré cela, Bourget est nommé, par un bref apostolique de Grégoire XVI, daté du 10 mars 1837, évêque de Telmesse in partibus infidelium et coadjuteur de l'évêque de Montréal avec droit de succession. Pendant ce temps, les troubles au Bas-Canada, opposant les nationalistes aux Britanniques prennent énormément d'ampleur. Mgr Lartigue voit en son devoir d'évêque d'intervenir. Ses premières interventions sont extrêmement prudentes. Durant l'été 1837, pendant que se développait avec ferveur le mouvement de contestation politique, l'évêque indique privément à différents membres du clergé, la conduite qu'il leur enjoignait de suivre à l'égard des patriotes. Il incite ses prêtres à demeurer prudents en chaire et à refuser de prendre parti dans les discussions politiques : " Il ne faut point parler en chaire d'affaires politiques ni par conséquent d'assemblées, mais bien contre ceux qui perdent la messe d'obligation (du dimanche) pour de pareilles causes. " (LARTIGUE, 1837 :419) Mgr Lartigue profita également d'une circonstance favorable pour proposer à tout le clergé du diocèse de Montréal des consignes précises face aux exagérations des patriotes. En effet, lors du sacre de son coadjuteur, Mgr Bourget, le 25 juillet 1837 en la cathédrale Saint-Jacques, il prit la parole pour faire savoir : " que les pasteurs devraient faire tous les efforts pour rétablir la charité et l'union parmi leurs ouailles; qu'il n'est jamais permis de se révolter contre l'autorité légitime, ni de transgresser les lois du pays; que les prêtres ne devraient pas absoudre ceux qui enseignaient, ou pire mettaient en œuvre de tels principes. " (LANGLOIs, 1984 :27). Dans un mandement daté du 24 octobre 1837, l'évêque rappelait que d'après l'écriture sainte et certains textes pontificaux de l'époque, l'autorité civile tient sa puissance de Dieu même et que si une personne la défie, c'est en fait Dieu qu'il défie. Rapidement, la santé déclinante de Mgr Lartigue oblige Mgr Bourget à s'impliquer de plus en plus dans la communauté et à prendre l'administration du diocèse en main. Alors que Mgr Bourget voit la situation sous un angle pessimiste, l'évêque en titre se montre plus conciliant. Alors que les patriotes récoltaient désormais les fruits amers de leur désobéissance civile, Mgr Lartigue multiplie ses démarches en faveur de chacun. Il demande donc à Mgr Bourget de visiter les prisonniers politiques et tenter de soulager la misère des familles éprouvées. Malgré tout, il refuse aux insurgés morts sur le champ de bataille, les armes à la main, le droit à la sépulture ecclésiastique (LANGLOIS, 1984 :30). Mgr Bourget visite tout de même régulièrement les patriotes prisonniers. Il prie les curés des détenus à venir les rencontrer et de les réconforter. À la suite des premières condamnations à mort, il fait intervenir le clergé de Montréal en faveur de ces malheureux : " Le clergé exerçant un ministère de miséricorde, nous allons nous adresser à Son Excellence pour la supplier d'user d'indulgence, dans l'espérance que cet Acte de Clémence, tout en sauvant des malheureux conciliera l'affection publique envers un Gouvernement vraiment paternel. " (LANGLOIS, 1984 :32). Mgr Bourget tente à tout le moins d'assainir le climat de la prison de Montréal, qui avait un besoin urgent de réformes. ISABELLE MILOT
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