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Depuis leur formation au mois d'août dernier, l'Association des Fils de la Liberté convoque une assemblée à tous les premiers lundis de chaque mois. " ...les Fils de la Liberté devaient se rendre en corps à la Place d'Armes pour y planter l'arbre de la liberté...(Fauteux, 1950 : 34) " Celle du 6 novembre 1837, par contre, a attiré davantage l'attention. Depuis son annonce le vendredi précédent, la rumeur dit qu'il faut s'attendre à un deuxième 21 mai 1832. D'ailleurs, à l'aube de ce 6 novembre, la ville de Montréal (qui est l'hôte de l'assemblée) est tapissée d'affiches disant " Que les Loyaux habitants de Montréal se rendent à midi et demi sur la Place d'Armes, aujourd'hui 6 novembre 1837, pour étouffer la rébellion au berceau (A. Papineau, 1998 : 73) ". Effectivement, des groupes s'opposent à la tenue de cette assemblée, et principalement le Doric Club qui a menacé qu'il y aurait un affront avec ceux qui iront à l'assemblée. Jesse Lloyd, l'envoyé de Mackenzie, est en ville et L.-J. Papineau ne souhaite aucun conflit durant cette période. " ...il déconseillera la parade des Fils de la Liberté projetée à Montréal pour le 6 novembre 1837. (Groulx, 1960 : 163) "Le mot d'ordre des Fils de la Liberté est de se rendre à l'assemblée sans attirer l'attention, deux par deux pour respecter les lois, sans musique pour ne pas trop faire de bruit et sans drapeau pour ne pas trop s'afficher. Par contre, selon A. Papineau, ils étaient tous armés de fusils ou de poignards sous leurs manteaux. La rencontre a lieu dans la cour de l'auberge appartenant à É.-E. Rodier, coin Notre-Dame et Saint-Jacques (rue du sang). " Il y avait à cette assemblée environ 1500 personnes (A. Papineau, 1998 : 73) ". Mais d'après M. O'Sullivan, il n'y en avait que 350. Les principaux orateurs de cette assemblée sont André Ouimet, le président des Fils de la Liberté, A. Girod, T-S Brown, E O'Callaghan, député du Parti patriote, et surtout E-E Rodier qui fit un discours particulièrement violent, lui aussi député du Parti patriote. L.-J. Papineau n'y a pas été. Vers trois heures, un groupe de 20 à 30 jeunes lance des cailloux et des insultes en direction de l'assemblée. Pendant ce temps, les Fils de la Liberté adoptent 12 résolutions dont une qui abolit les assemblées qui ont lieu à tous les premiers lundis de chaque mois, jusqu'au mois de mai. À quatre heures, la réunion est terminée et la majorité des Fils de la Liberté rentrent chez eux par la rue Notre-Dame. Les autres se dirigent vers ceux qui les agressent en criant leur devise : " En avant, en avant (Senior, 1985 : 72) ". En réalité, ce ne sont pas des membres du Doric Club qui sont là, mais de simples curieux. Le petit groupe recula jusqu'à la maison du Dr William Robertson, un des meurtriers du 21 mai 1832, et s'enfuirent car les Fils de la Liberté se sont arrêtés pour saccager la maison de ce dernier. D'autres vont attaquer une boutique de la rue Notre-Dame où plusieurs fuyards se cachaient. Un magistrat s'empresse d'aller avertir les soldats de sortir de la caserne de la Porte de Québec. Les rebelles réussissent à vider les rues et commencent tranquillement à rentrer chacun chez eux. T.-S. Brown est tabassé à grands coups de gourdin en rentrant chez lui. C'est au coin de la rue Saint-Jacques et Saint-François-Xavier qu'il est attaqué, mais un de ses amis constitutionnels l'aide à le ramener à son domicile. Il perdit l'usage d'un œil. Ouimet aussi est blessé à un genou. Certains rebelles sont avertis que les troupes militaires arrivent. Jugeant qu'ils ne sont pas assez pour se défendre, les Fils de la Liberté rentrent tous dans leur maison. Le Doric Club arrive, mais les affrontements sont terminés. Lors d'un petit escarmouche avec quelques Fils de la Liberté, De Lorimier est touché par une balle. Le groupe défile sur la rue Dorchester et s'en prend à la maison du Dr Gauvin et vole des choses comme des fusils et des sabres. Ils lancent des pierres sur la maison du second de T.-S. Brown, Joshua Bell. Ce dernier riposte en tirant de la carabine du haut de sa fenêtre, mais ses deux coups ratent. Ensuite, ils se sont dirigés vers la maison à L.-J. Papineau, et ont commencé à crier des insultes et à lancer des pierres. Papineau se trouvait à l'intérieur avec sa femme et ses enfants, dont Amédée, qui était rentré de l'émeute. Ce sont les soldats qui les ont repoussés. D'autres sont allés saccager le journal Vindicator sur la rue Sainte-Thérèse. Ils ont forcé la porte de fer et jeté à la rue les presses, papiers et caractères. Des soldats se trouvaient à proximité, mais ils n'ont rien fait. Plus tard, ils se sont défendus en disant qu'ils voulaient axer davantage sur la défense de la maison de Papineau. Ils ont finalement fait un peu de grabuge au domicile du Dr Robert Nelson, puis sont rentrés chez eux. Il est étrange que le Doric Club a surtout attaqué les individus de souche anglophone comme : Brown, Bell, Nelson et O'Callaghan qui était le rédacteur en chef du Vindicators. Ils n'ont même pas touché au bureau de La Minerve. C'est à partir de ce moment que les autorités se sont rendu compte que les Fils de la Liberté et le Doric Club étaient sérieux, et surtout que les volontaires étaient capables d'étouffer la rébellion sans l'aide des soldats. D'ailleurs, c'est suite à cette première intervention militaire des troubles, qu'ont été émis les mandats d'arrestation qui déclencheront les autres combats. "..il n'y a plus désormais la moindre chance de coalition entre les Patriotes et les Constitutionnels (Senior, 1985 : 77) ". Sébastien Perron FAUTEUX, Aegidius, Les patriotes de 1837-1838, Montréal, Édition des Dix, 1950, 433 p.; GROULX, Lionel, Histoire du Canada français Tome 2, Montréal, Fides, 1960, 408p.; PAPINEAU, Amédée, Journal d'un Fils de la Liberté 1838-1855, Montréal, Septentrion, 1998, 957 p. ; SENIOR, Elinor Kyte, Habits rouges et Patriotes, Montréal, VLB éditeur, 1985, 218 p. Montréal: La cour à Bonacina et la Place d'Armes. Par la suite à travers les rues de la ville - Affrontement entre les Fils de la Liberté et les membres du Doric Club - 4 novembre 1837Les Fils de la Liberté avaient prévu un rassemblement sur la Place d'Armes. Les membres du Doric Club furent convoqués au même endroit "pour écraser la rébellion dans l'oeuf". Les Fils de la Liberté étaient paisiblement réunis lorsqu'ils furent assaillis par une pluie de pierres les forçant à sortir. Ils repoussèrent le Doric Club et se retirèrent. Ils furent rejoints parle gros des forces loyalistes. Devant le nombre, ils eurent plusieurs blessés dans le combat de rue, dont DeLorimier et Thomas Storrow Brown. Plusieurs coups de feu retentirent. Selon Senior, ce n'était pas le Doric qui les harcela, mais une simple foule. Le Doric ne serait arrivé que plus tard. Des troupes de volontaires mirent fin à l'affrontement sous l'oeil bienveillant de la troupe, les Doric continuèrent en soirée à arpenter les rues et à mener du chahut notamment devant la maison de Louis-Joseph Papineau.
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