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Les Patriotes de 1837@1838 - L'état de la langue française au Québec sous le régime anglais (1760-1867)
 ANALYSE 
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L'état de la langue française au Québec sous le régime anglais (1760-1867)
Article diffusé depuis le 01 août 2000
 




Dans le domaine de la langue elle-même, il y a peu à dire sinon qu'après la Conquête le français du Canada ne subit plus de dirigisme de la part de ses élites puisque celles-ci avaient regagné la France.

Le français d'Amérique commença alors à évoluer dans un sens différent de celui d'Europe. Certains particularismes phonétiques et lexicaux, apportés par les colons des XVIIe et XVIIIe siècles, et qui avaient tout de même survécu malgré l'implantation du français commun, réapparurent, libres désormais de toute entrave.

C'est alors que la langue des Canadiens français s'imprégna de fortes influences normandes et poitevines, en raison de l'important apport démographique de ces deux provinces de France; parallèlement, son caractère populaire s'accentua alors que les emprunts à l'anglais commencèrent à l'envahir. Par ailleurs, les Canadiens ne purent connaître les nombreuses transformations linguistiques qui ont lieu en France après la révolution de 1789; on sait que celle-ci entraîna la montée de nouvelles classes sociales, qui introduisirent peu à peu leurs normes. Les francophones ne se plièrent pas aux nouveaux usages parce qu'ils ne les connaissaient pas.

Un français différencié

Aussi, il n'est pas surprenant de constater que, avant la fin du XVIIIe siècle, les différences entre le français de France et celui du Canada étaient déjà assez prononcées. Lorsqu'on lit les témoignages relatifs à l'époque du régime britannique, il n'est plus question de "pureté" de la langue chez les Canadiens français. Les appréciations devinrent de plus en plus négatives après la Conquête et, au début du XIXe siècle, les opinions changèrent de tout au tout.

En 1803, C.-F. de Volney, un voyageur français venu au Canada, écrivait: "Le langage des Canadiens de ces endroits n'est pas un patois comme on me l'avait dit, mais un français passable, mêlé de beaucoup de locutions de soldats." Quelques hommes de lettres canadiens se mirent à rédiger des glossaires sur les mots "vulgaires" ou "bizarres", les "locutions vicieuses" et les anglicismes employés par les gens du peuple. À titre d'exemple, en 1810, le premier maire de Montréal, Jacques Viger, un nationaliste engagé auprès de Louis-Joseph Papineau, entreprit la rédaction d'une œuvre qu'il ne publia jamais, mais dont le titre en est très significatif: Néologie canadienne ou Dictionnaire des mots créés en Canada et maintenant en vogue, des mots dont la prononciation et l'orthographe sont différents de la prononciation et orthographe française, quoique employés dans une acceptation semblable ou contraire, et des mots étrangers qui se sont glissés dans notre langue.

Un français déjà anglicisé

Voyageant en Amérique, le Français Alexis de Tocqueville (1805-1859) vint passer quelques jours au Bas-Canada en août 1831. Il fut particulièrement frappé par l'influence de l'anglais dans la vie des Canadiens. Après avoir lu le seul journal francophone, Le Canadien, il écrivit: "En général le style de ce journal est commun, mêlé d'anglicismes et de tournures étrangères." Ayant assisté à une plaidoirie dans un tribunal de Québec, il fit cet étrange commentaire:

"Les avocats que je vis là et qu'on dit les meilleurs au Québec ne firent preuve de talent ni dans le fond des choses ni dans la manière de dire. Ils manquent particulièrement de distinction, parlent français avec l'accent normand des classes moyennes. Leur style est vulgaire et mêlé d'étrangetés et de locutions anglaises. [...]

L'ensemble du tableau a quelque chose de bizarre, d'incohérent, de burlesque même. Le fond de l'impression qu'il faisait naître était cependant triste. Je n'ai jamais été plus convaincu qu'en sortant de là que le plus grand et plus irrémédiable malheur pour un peuple c'est d'être conquis."

Il remarqua également que les Anglais et les Canadiens formaient deux sociétés distinctes au Canada:

Le fond de la population et l'immense majorité est partout française. Mais il est facile de voir que les Français sont le peuple vaincu. Les classes riches appartiennent pour la plupart à la race anglaise. Bien que le français soit la langue presque universellement parlée, la plupart des journaux, les affiches, et jusqu'aux enseignes de marchands français sont en anglais. Les entreprises commerciales sont presque toutes en leurs mains. C'est véritablement la classe dirigeante au Canada.

Malgré la sympathie qu'il affichait à l'endroit des Canadiens, de Tocqueville croyait qu'ils étaient voués inéluctablement à devenir minoritaires dans une Amérique du Nord massivement anglaise. "Ce sera une goutte d'eau dans l'océan", prédisait-il au sujet des Canadiens français.

Bref, près d'une décennie avant Lord Durham, de Tocqueville (1805-1859) était convaincu de la disparition prochaine des Canadiens français. Néanmoins, contre toute attente, les Canadiens du Bas-Canada survécurent. Ce fut l'histoire du siècle et demi suivant.

Histoire du français au Québec

http://www.ciral.ulaval.ca/alx/amlxmonde/francophonie/histfrnqc.htm

 


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