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Les Patriotes de 1837@1838 - 3 JUILLET 1838 - Huit chefs Patriotes sont exilés aux Bermudes en échange de la libération de 107 détenus.
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3 JUILLET 1838 - Huit chefs Patriotes sont exilés aux Bermudes en échange de la libération de 107 détenus.
Article diffusé depuis le 01 août 2000
 




En mai 1838, Lord Durham - le Gouverneur général nommé par le gouvernement britannique - débarque à Montréal pour faire enquête sur les causes de l'insurrection. Il veut s'attirer les éloges de la couronne, museler ses ennemis à la chambre des Lords, particulièrement Brougham et Ellenborough, et s'assurer la loyauté des fonctionnaires fanatiques. Ses premières actions visent un règlement rapide du sort des patriotes qui croupissent en prison et excitent la ferveur populaire.

Durham qui ne peut pas faire parader les insurgés devant une cour militaire, veut à tout prix éviter un procès politique qui ne ferait qu'attiser encore plus le feu des passions. Il ébauche un plan qui consiste à en amener quelques-uns à s'avouer coupables de haute trahison. Il pourrait ainsi sévir contre les principaux agitateurs et amnistier les autres. Le colonel Simpson qui est membre de l'état major des forces armées, est un intermédiaire particulièrement habile; il rencontre Nelson, Bouchette et Girouard considérés comme les principaux chefs, et malgré la mise en garde de ce dernier, les amène à signer une lettre d'aveux.

Dès les premiers jours de l'été, après que Durham eut rejeté un premier plaidoyer qu'il juge trop vague, huit prisonniers signent une deuxième lettre dans laquelle ils reconnaissent que leur conduite a eu pour effet de les mettre sous le coup d'une accusation de haute trahison.

" VOTRE EXCELLENCE, nous avons lieu de craindre que les expressions dont nous nous sommes servis dans une lettre que nous avons adressée, le l8 courant, peuvent vous avoir paru trop vagues et ambiguës.

Notre intention, Votre Excellence, était d'avouer formellement, qu'en poursuivant des fins chères à la grande masse de la population, notre conduite a eu pour effet de nous mettre sous le coup d'une accusation de haute trahison.

Nous avons manifesté la volonté de plaider "coupables" pour éviter la nécessité d'un procès, et rendre par là, autant que c'est en notre pouvoir, la paix à notre pays; mais, tout en voulant contribuer au bonheur des autres, nous ne pouvions pas condescendre à nous mettre à l'abri des dispositions d'une ordonnance passée par le ci-devant Conseil Spécial de la province.

Permettez-nous alors, Milord, d'accomplir cet important devoir, pour manifester notre entière confiance en Votre Excellence et nous mettre à votre discrétion sans nous prévaloir de dispositions qui nous dégraderaient à nos propres yeux, et indiqueraient de la défiance de part et d'autre.

Avec cette explication de nos sentiments, nous nous mettons de nouveau à votre discrétion, et prions que la paix du pays ne soit pas mise en danger par des procès.

Nous avons l'honneur d'être, Milord, avec le plus profond respect, les très humbles serviteurs de Votre Excellence. ".....

La simple formalité qui, selon le colonel Simpson, devait sauver leurs compatriotes emprisonnés et réduire de beaucoup les peines qui pourraient être infligées aux signataires, fournit au vice-roi les munitions qu'il a besoin pour procéder. Grâce à cette supercherie, il évite un procès politique. Il se sert du plaidoyer de culpabilité pour proclamer, dès le 28 juin, la déportation des signataires; il interdit le retour au pays, sous peine de condamnation à mort, de Papineau et des autres qui se sont réfugiés en territoire américain avant même que les troubles n'aient éclatés; et se montre magnanime et amnistie tous les autres qui ont pris part à l'insurrection, mais garde en claustration ceux qui sont accusés d'avoir assassiné le lieutenant Weir à Saint-Denis.

Les signataires comprennent vite le traquenard dans lequel ils sont tombés. Malgré des protestations contre la machination et la condamnation illégale dont ils sont l'objet, ils reçoivent l'ordre de se tenir prêts à partir. Trois jours après la proclamation, Wolfred Nelson et Luc Hyacinthe Masson médecins; Henri Alphonse Gauvin étudiant en médecine; Robert Shores Milnes Bouchette avocat; Toussaint Goddu et Bonaventure Viger fermiers; Siméon Marchessault huissier; et Rodolphe des Rivières commis à la banque du peuple, sont informés qu'ils seront envoyés à Québec dès le lendemain, d'où ils partiront pour les Bermudes.

Ils sont autorisés à faire leurs adieux aux membres de leurs familles. Des adieux qui, pour certains, se font sous le signe du courage et de la résignation, alors que pour d'autres, les larmes et le désespoir les déchirent. La dernière nuit est pénible et on entend les sanglots s'échapper de quelques-uns des lugubres cachots. Leur embarquement doit servir d'exemple et les autorités assurent une mise en scène pour frapper l'imagination populaire. Ils doivent quitter la prison les fers aux mains et aux pieds. Mais malgré l'insulte des chaînes, ils n'éprouvent aucune honte et lèvent les bras en signe de triomphe. Leurs amis qui se pressent en foule autour de la prison, tout comme leurs adversaires, ne peuvent s'empêcher d'admirer leur contenance fière et digne. Un détachement du 7e régiment de hussards escorte la voiture des prisonniers pour contrer toutes tentatives de libération, et les soustraire aux sarcasmes de leurs opposants. Au Pied-du-courant, ils montent à bord du vapeur "Canada" qui les attend pour les amener à Québec d'où ils partiront pour l'exil.

A Québec, le transbordement des Patriotes à bord du HMS Vestal, une frégate racée de la marine britannique qui met les voiles vers les Bermudes, se fait avec discrétion. Perchée sur les bords du Cap Diamant, la "clique du château" observe la scène avec satisfaction; alors que les Patriotes de Québec qui ont combattu par la plume et non par les armes sont rassemblés sur les quais. Ils sont tristes et, seuls les oiseaux marins brisent le silence pesant de l'aube rouge. Le vaisseau lève l'ancre, et le petit groupe entonne le chant des Patriotes jusqu'à la disparition des voiles derrière l'île d'Orléans. Québec est insultée, humiliée; Québec est à genou. Le jour et la nuit durant, des lampes brûlent dans les maisons et des feux sont allumés sur les rives du fleuve pour saluer le passage de ces hommes qui ont commis le crime de combattre l'oppression, d'avoir tenté de reprendre le pouvoir usurpé et défendu les libertés attaquées.

Mais à peine a-t-elle contourné l'île, que la frégate jette l'ancre. Le départ de Montréal s'est fait avec précipitation et les autorités qui doivent compléter les derniers détails de l'exil veulent le faire loin des yeux de la population de Québec. Pendant deux jours, des représentants des autorités politiques et quelques parents d'exilés triés sur le volet, montent à bord pour finaliser les derniers détails ou pour apporter des argents et les effets personnels que les exilés ont demandés. Pendant ce temps, dans la ville de Québec, une démonstration de plusieurs milliers de personnes est organisée pour tenter de sauver les prisonniers de l'exil.

Le commandant qui préfère s'éloigner, laisse porter la Vestal par la marée et mouille à nouveau à la hauteur du Trou-Saint-Patrice à neuf milles en bas de Québec. A cet endroit, deux autres amis des exilés sont admis à bord. Deux amis qui pourront par la suite témoigner des efforts de Durham pour édulcorer l'exécution de la déportation, et réparer l'injure faite lors du départ de Montréal. Après quelques heures, Charles Drolet, député à l'assemblée législative et son collègue Hunter, quittent le navire, porteurs de nombreuses lettres d'adieu.

C'est à l'île aux Grues que la Vestal rejoint l'Andromanche, son navire d'escorte, une autre frégate de 28 canons avec à son bord deux cents hommes d'équipage. Le pilote de la Vestal qui refuse de continuer en raison des forts vents, oblige le convoi à passer la nuit près des côtes. Le commandant de bord, le capitaine Carter, est inquiet. En quittant Québec, la rumeur s'est répandue que le pilote Saint-Armand est patriote et qu'il va tenter d'échouer la Vestal pour permettre aux exilés de fouler à nouveau le sol de la patrie. Mais rien de tel ne se produit. Les exilés ont fait connaître leur volonté de se soumettre fièrement à leur destin. Comme au moment où ils étaient sous la garde des geôliers dans leur prison de Montréal, ils rejettent toujours l'idée d'évasion. Pour ces nobles hommes, la fuite représente l'échange d'une aventure aux émotions passagères contre un péril noble.

Les huit jeunes hommes sont en route vers l'inconnu et l'isolement. Ils quittent leurs amis et laissent derrière, mères, pères, femmes et enfants rongés par la peine et la douleur. Pour certains, c'est la perte du gagne-pain familial et la mendicité qui s'annonce. Sur le fleuve, dans l'estuaire et dans le golfe, ils restent sur le pont et chaque mouvement du navire leur chavire le coeur. Ils ont tout ce qu'ils ont besoin pour la traversée, Durham a fait mettre à bord toutes sortes de provisions et les meilleurs vins. Ils sont libres de se déplacer, sous la promesse de ne pas tenter de s'évader.

Le pilote doit quitter le navire à l'île Verte. Mais une mer d'huile dangereuse le contraint à rester à bord. C'est au Bic que les exilés voient la chaloupe de Saint-Armand s'éloigner. Ils comprennent alors que le dernier lien est rompu entre eux et ce pays pour lequel ils étaient prêts à offrir leur vie.

Pendant la traversée qui dure trois semaines, les exilés établissent des liens étroits avec les membres de l'équipage. La connivence est telle, que les officiers invitent quelques Patriotes à dresser la liste des principaux griefs, des principales récriminations du peuple canadien-français à l'endroit de la couronne britannique. Ils les invitent aussi à leur faire le récit des événements dans lesquels ils furent eux-mêmes impliqués. De temps en temps, les relations entre les compagnons d'infortune se corsent, surtout lorsque le bouillant Viger pointe et accuse les Patriotes de Québec de n'avoir mené la lutte que par le discours et l'écrit; ou encore quand Nelson qui ne pardonne pas à Papineau d'avoir fuit vers les États-Unis, promet de lui faire payer sa lâcheté. Le reste du temps, ils le passent à lire, à fumer et à parler du pays.

La Vestal jette l'ancre dans le port Hamilton aux Bermudes le 24 juillet. Son commandant, le capitaine Thomas Wren Carter, se met à la disposition des autorités de l'île pour y recevoir ses ordres. Le Gouverneur, Sir Stephen Chapman, qui a pris connaissance du décret dans la "Bermuda Royal Gazette", fulmine. De quelle autorité, s'insurge-t-il, le maudit Durham s'est-il investit pour décréter que les Bermudes deviennent la terre d'exil pour les rejets de sa colonie? La population est en colère. Elle ne veut pas que leur île devienne un asile pour prisonniers politiques, même si leurs prisons hébergent déjà des forçats Canadiens de droit commun.

Pendant que le Gouverneur et ses conseillers discutent, les exilés qui sont gardés à bord du navire trépignent d'impatience. L'humidité et la chaleur suffocante les épuisent, et la réalité de l'exil les rejoint. Pour les autorités bermudiennes, les huit canadiens-français ne peuvent être mis aux travaux forcés car ils ne sont pas des prisonniers de droit commun. Elles craignent surtout que leur libre circulation sur l'île les amène à découvrir et dévoiler les secrets militaires aux ennemis de la Couronne. Ils pourraient facilement voler une barque pour s'évader et rejoindre les côtes américaines. Une lettre personnelle de Durham, fait tomber les dernières résistances de Sir Chapman. Il convainc ce dernier qu'il y va de l'intérêt des exilés de bien se comporter s'ils espèrent retourner un jour au Canada.

Le 28 juillet, après une éternité qui a duré quatre jours, et après avoir donné leur parole d'honneur de ne pas tenter de s'évader et de respecter le périmètre qui limite leurs déplacements, les exilés sont admis sur l'île comme prisonniers de guerre. " The Weekly Gazette " qui commente leur arrivée, conclut:

" Nous croyons que ces personnes exilées aux Bermudes doivent, dans un premier temps, être reconnaissantes pour la légèreté de la peine qui leur est imposée, en comparaison avec la gravité de l'offense; et en second lieu, pour les restrictions légères qui briment à peine leur liberté, alors que le Gouverneur en Conseil sur la foi de leur parole d'honneur, ne fait que les confiner aux limites de l'île. "

Avant de quitter le navire, Nelson encaisse une note de change, argents ramassés par des parents et amis, pour assurer leur subsistance en exil. Leur première préoccupation en mettant le pied à terre est de trouver une place pour passer la nuit. Pour ne pas effrayer la population, ils conviennent de prospecter par petits groupes. Les affinités qui se sont développées pendant les trois semaines en mer, composent facilement les équipes. Après avoir partagé leur avoir collectif, ils partent à la recherche d'abris permanents. Ils longent les murs et la population qui est effrayée, les évitent comme la peste. Le coût de la vie est très cher et ils ne sont pas autorisés à travailler pour gagner leur croûte. Mais ils ont assez d'argent pour convaincre les plus intrépides Bermudiens à leur faire confiance et trouvent tous à se loger convenablement. Pour réduire les frais, Viger, Masson, Goddu et Marchessault s'unissent pour partager les frais d'un cottage à l'orée de la ville; Bouchette et Nelson s'établissent dans une vallée tranquille près du mont Langton, alors que Gauvins et DesRivières logent au petit hôtel Hamilton au coeur même de la ville.

Le premier dimanche aux Bermudes, ils posent un geste qui relève à la fois de la haute diplomatie et de la plus grande des témérités. Tous ensemble, ils se rendent à l'église au moment où les membres de la communauté religieuse de la "Old Devonshire Church" commencent leur célébration dominicale. Pensant voir arriver une bande de miteux, ils accueillent de magnifiques jeunes hommes, polis, beaux et élégants. Ils sont stupéfaits et l'inquiétude cède le pas à la hardiesse. Le maître-chantre les reçoit avec courtoisie et leur assigne même le banc d'oeuvre pour la durée de la célébration. Après la messe, il pousse la courtoisie jusqu'à inviter les exilés pour prendre le thé.

Williams est marié et est le père de cinq belles et magnifiques jeunes filles. Une solide amitié naît entre les membres de la famille et les exilés. Ils se fréquentent souvent et la musique est omniprésente. Les filles sont d'excellentes musiciennes et les Canadiens ont des voix d'or. Pendant des soirées entières les filles alternent au piano et les garçons chantent en jouant du violon et de la flûte. Il n'est pas rare de voir les passants ralentir le pas devant la maison pour s'offrir un concert gratuit. Le maître-chantre rapporte même les propos que lui a tenus Charles Heseltine, un officiel gouvernemental qui habitait juste en face de chez lui:

" J'ai fermé ma porte aux rebelles, mais je ne peux fermer ma fenêtre à leurs mélodies et à leurs voix célestes. "

Les filles Williams sont fières de côtoyer les exilés et elles font en sorte de garder les autres jeunes filles à distance. Seule la fille du professeur Griset est admise dans le cercle. Elle est l'une des trois personnes de l'île à parler français et peut faire la conversation à Siméon Marchessault qui ne parle pas la langue anglaise.

Malgré la grande amitié que les exilés entretiennent avec les membres de la famille Williams, ces hommes d'action sont rongés par l'ennui. L'interdit qu'ils ont de travailler les pousse vers la mendicité, et ils doivent chasser à la fois pour se nourrir et se distraire. Heureusement, Gauvin, Masson et Nelson pratiquent la médecine, ce qui permet de les rapprocher de la population et d'augmenter le pécule collectif. Les relations entre eux deviennent parfois tendues et les humeurs changent au gré du courrier et des argents reçus pour subvenir à leur subsistance. L'exil est vécu de façon différente par chacun d'eux. Leur statut matrimonial et social, le patrimoine familial, et la profondeur de leur engagement politique, sont autant de facteurs qui rendent l'exil tourmenté ou serein.

Au fil des jours et des semaines, Bouchette retrouve la paix intérieure qu'il avait perdue à la mort de sa femme d'origine britannique après seulement quatre mois de mariage. Il profite même de la visite de son père malade à la fin du mois d'août, pour rétablir le dialogue rompu en raison des tendances pro-britanniques de ce dernier. Viger, comme il l'avait été en prison, est le joyeux luron du groupe qui rêve du jour où il reprendra les armes. Nelson est plus acrimonieux. Il écrit abondamment et se prépare pour réaliser son ardent désir d'entrer un jour à l'assemblée législative pour régler ses comptes politiques. Marchessault vit un exil plus difficile. Il se plaint constamment du manque d'argent, de son incapacité de communiquer en anglais, et de l'ennui de sa famille. Masson travaille beaucoup comme médecin, et son service est apprécié de la population. Gauvin dont la santé est chancelante lit beaucoup, alors que Goddu est le rapporteur, celui qui raconte et sait détendre les autres. DesRivières qui se fait très discret, se perd dans ses lectures et pratique beaucoup la chasse.

Le 25 octobre, un message de liberté leur parvient par l'intermédiaire du Gouverneur Chapman. Le Parlement anglais a annulé la proclamation qui viole les lois les plus élémentaires de la justice, et ils sont libres. Ils demandent leur rapatriement immédiat à bord d'un vaisseau de guerre. Le Vice-amiral Paget qui est commandant en chef des forces navales britanniques en Amérique du Nord et dans les Antilles, ce même Paget qui avait conseillé Durham, rejette la demande. Ils doivent donc se rapatrier à leur frais et dépens, mais la mise en commun des fonds ne permet pas le départ à bord d'un paquebot en partance pour le Canada. Incapables de rester plus longtemps dans l'exil, alors qu'ils sont libres, ils travaillent jour et nuit pour amasser l'argent manquant, aidés en cela par une foule d'amis qu'ils se sont fait. La Providence leur vient en aide et ils affrètent la goélette Perseverance dont le commandant accepte de les déposer en territoire américain.

Le matin du 3 novembre 1838, la population se presse sur les quais pour leur faire des adieux touchants. Les insulaires qui ont inondé le pont de la goélette, de fleurs, de vêtements et de nourriture, s'agite sur le quai. Pendant que la goélette lâche ses amarres, la foule bigarrée, composée de Noirs et de Blancs agitent des mouchoirs, et plusieurs versent des larmes. Les cinq filles Williams sont inconsolables. Au moment où le capitaine Davis ordonne de hisser les voiles, Masson se met à chanter et plusieurs Bermudiens fredonnent avec lui les dernières paroles de la chanson:

" Nous nous éloignons de cette terre hospitalière en y laissant l'écho de la douce chanson Canadienne: lève ton pied légère bergère, lève ton pied légèrement. "

Après une traversée longue et périlleuse, l'orage et la tempête menaçant d'engloutir la goélette et ses passagers, ils sont déposés, le 9 novembre au fort Monroe sur la côte de la Virginie.

Ils remontent rapidement vers le nord et élisent domicile dans des états américains près des frontières du Québec. C'est alors qu'ils apprennent comment le refus de Paget de les rapatrier à bord d'un navire de la flotte britannique, leur a évité une nouvelle déportation. Les troubles n'ont pas cessé et le Bas-Canada connaît une nouvelle flambée de violence. Des patriotes par centaines sont jetés en prison. Un navire britannique les aurait obligatoirement débarqué en terre canadienne ce qui leur aurait valu une nouvelle incarcération.

Son amour-propre écorché, Durham qui a demandé et obtenu son rappel en Angleterre, a laissé le pouvoir entre les mains du commandant des forces, le despote Colborne qui règle le sort des patriotes par la pendaison. C'est l'opinion publique anglaise qui force le gouvernement du vicomte Melbourne à arrêter le bras vengeur de Colborne dans son oeuvre de répression et de vengeance. Les pendaisons font place à l'exil et en septembre 1839, 58 patriotes du Bas-Canada, et quelques patriotes anglophones du Haut-Canada qui ont aussi des griefs contre la Couronne, sont exilés pour plusieurs années en Australie.

Quelques années plus tard, après le prononcé de l'amnistie générale, plusieurs rentrent au pays. Luc Hyacinthe Masson qui s'était remis à la pratique de la médecine dans l'état de New-York, se fait élire député du compté de Soulange; Wolfred Nelson se remet aussi à la pratique de la médecine. Il se fait lui aussi élire à l'assemblée législative, et tient la promesse, faite à bord de la Vestal, de confronter Papineau pour avoir fuit la pays avant même que n'éclate l'insurrection; Robert Shores Milnes Bouchette s'était remarié pendant son séjour en terre américaine. A son retour au Canada il est embauché par le bureau du solliciteur général. Par la suite, il devient commissaire des douanes du Canada; Henri Alphonse Gauvin, d'une santé fragile meurt en 1841, peu de temps après la fin des troubles; Toussaint Goddu se retire sur sa ferme, où il exploite ses talents de raconteur des nombreux événements auxquels il a pris part; Bonaventure Viger avait d'abord repris les armes le long des frontières. Soupçonné d'avoir tué lors d'une mission en sol canadien, il avait été relâché par un jury qui ne pu faire l'unanimité sur sa culpabilité. Puis il rentre dans l'ombre. Il se marie et devient père de famille, et se lance dans la fabrication de fromages qui deviennent aussi célèbres que lui; Siméon Marchessault s'établit avec sa famille à Saint-Hyacinthe et reprend ses anciennes fonctions de huissier; Rodolphe des Rivières rentre dans l'anonymat le plus complet.

Renald Dion

 


Recherche parmi 16 491 individus impliqués dans les rébellions de 1837-1838.

 



Consulté 8116 fois depuis le 01 août 200
 Renald Dion  (15 août 2009)
Le prénom de l'auteur est Renald Dion, Québec, et non Ronald Dion.
 A Beaudoin  (14 février 2007)
Papineau a fui les combats èa st-Denis sous prétexte d`aller chercher de l`aide
 Votre nom  (20 août 2006)

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