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Au cours de l'histoire canadienne, plusieurs marchands ont émis des billets. De George King en 1772 à Canadian Tire de nos jours, toutes les époques verront de tel bons. Des motifs publicitaires ou utilitaires créeront ces pièces dont la circulation débordera quelque fois l'établissement d'émission.
S'il y a eu des bons de marchands tout au long de l'histoire, c'est la crise de 1837 qui sera la période la plus prolifique en la matière avec de nombreux billets émis sur une période de quelques mois au Bas-Canada. Cette crise économique en Angleterre en 1837 eut des répercussions jusqu'au Canada et aux États-Unis. Plusieurs banques américaines ont fait faillite durant cette préiode alors que d'autres durent suspendre les paiements de leur papier-monnaie avec comme résultat que la monnaie d'argent disparut rapidement. Comme dans toutes les situations difficiles, les gens cherchent des refuges pour leurs avoirs et les métaux précieux sont un abri classique. Cette crise fut telle que même la monnaie de cuivre faisait défaut. Les jetons coloniaux, que cette chronique présente régulièrement, furent une solution pour la menue monnaie, les bons de marchands seront celle pour les pièces d'or et d'argent.
Pour permettre les opérations quotidiennes et soulager le manque de numéraire, plusieurs commerces firent produire des bons qu'ils utilisaient pour rendre la monnaie ou pour faire leurs achats. Imprimés sur du papier de qualité inférieur au papier-monnaie bancaire, ces bons n'ont pas le niveau graphique des billets de banques, mais ils ont quand même une allure respectable. Ils n'avaient aucun statut légal et leur seule valeur était la solidité financière des émetteurs, une caractéristique variable suivant les entreprises.
Les bons ont certaines caractéristiques communes. D'abord leur forme est celle d'une reconnaissance de dette. L'émetteur s'engage à payer, au porteur, la somme indiqué sur le bon sans toutefois y mettre une contre-valeur telle une hypothèque comme avait eu les assignats de la révolution français (ce qui n'avait pas empêché leur perte de valeur). Par ailleurs, la valeur y est souvent indiquée en plusieurs devises courantes à l'époque : sous, pence, chenils, shillings, écus, etc... Toutes ces devises provenaientdes différentes pièces étrangères qui avaient fait leur chemin jusqu'ici. Pour aider la portion importante de la population qui ne savait pas lire, on imprimait un dessin d'une pièce de monnaie sur le billet. Il devenait donc facile pour les gens de reconnaître la valeur d'un billet en y voyant une pièce familière.
Si plusieurs émetteurs ne sont connus que par ces billets, d'autres ont une renommé qui a atteint notre époque. Les plus célèbres sont sûrement les frères Thomas et William Molson qui ont émis des billets de 10, 15, 20 et 30 sous ainsi que des billets de 3 francs en 1837, en plus d'émettre le jeton Molson. Leur nom est toujours connu aujourd'hui par la brasserie qui porte leur nom et cette famille a marqué le Québec de bien des façons au cours de l'histoire. Une banque familiale privée allait débuter durant l'automne 1837 pour créer une entreprise qui sera absorbée par la Banque de Montréal en 1925.
La Distillerie St-Denis n'a pas connu la même histoire que la Brasserie Molson. Néanmoins, sa courte histoire est assez intéressante. En fait, c'est plutôt son propriétaire, le Dr Wolfred Nelson qui est connu, surtout pour sa participation à la Rébellion des Patriotes. Lui et son frère Robert Nelson, le président de la République du Bas-Canada, ont participé à ce soulèvement armé qui échouât. Les billets avaient été imprimés pour l'été et utilisé pour acheter le grain nécessaire aux opérations d'une distillerie. Plusieurs dénominations sont connues et il s'agit d'une des séries la plus commune.
Bien d'autres marchands firent de même, principalement dans la région de Montréal et des environs. Bistodeau, Brunet, Cadieux, Clément, Cloutier, Cuvillier, Dumouchelle, la liste est longue et se poursuit jusqu'à Whipple! Quelques marchands de l'extérieur ont aussi fait de même comme Pratte de Trois-Rivières, Brooks de Sherbrooke ou Mathe de Ste-Anne-de-la-Pérade.
La plupart de ces billets commandent, hélas, un bon prix, mais le plus grand problème est de se procurer des billets, même si on a les moyens de se payer ! Bref peu de billets, une demande moyenne, mais un prix qui monte façon régulière.
Sources:
The Charlton Standard Catalogue of Canadian Paper Money, 1ere édition
Torex, Catalogues d'encan de Jeffrey Hoare






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