Les Résolutions Russell de 1837 sont le coup de canon qui partit le bal des assemblées au Bas-Canada. Non seulement, ces résolutions rejetent les demandes de l'Assemblée du Bas-Canada, mais en plus elles permettent au Gouverneur de passer outre le consentement de l'Assemblée pour régler les sommes à payer pour les dépenses établies et usuelles de l'administration de la justice et du gouvernement civil. Le Canadien reconnaît dans cet acte celui d'une agression qui rompt le contrat social et qui rend sainte toute résistance, même physique (BERNARD, 1988: 14.). À partir de mai 1837, de grandes assemblées de protestation ont lieu, dont la première se tient à St-Ours. Les résolutions prises durant cette assemblée sont surtout contre les Résolutions Russell et les autres assemblées qui suivirent furent quelque peu calquées sur celle de St-Ours. Le 15 juin, une proclamation du gouverneur Gosford interdit les grandes assemblées publiques et commande aux officiers de milice de s'opposer aux projets insidieux dont il est parlé dans cette proclamation (BERNARD, 1988: 17.). Pour les Canadiens français, cette proclamation est une atteinte à leurs libertés; ils en empêchent donc la lecture de toutes manières possibles et continuèrent leurs assemblées, qu'on appelle alors des " assemblées anticoercitives". L'Assemblée de Yamachiche en est l'une des nombreuses qui se tiennent après le 15 juin. Elle eut lieu le 26 juillet 1837 dans le comté de Saint-Maurice, au lendemain de celle tenue par les Loyaux à Trois-Rivières. Alors qu'à cette assemblée, les Loyaux accusent la Chambre d'assemblée d'être la cause de tous les tords qui sévissent dans le Bas-Canada en refusant de faire les appropriations nécessaires demandées par le gouverneur, l'assemblée à Yamachiche accuse la Couronne d'aller à l'encontre de l'acte constitutionnel et approuvait les agissements de la Chambre d'assemblée.Durant cette grande assemblée, qui se déroule au centre du village de Yamachiche, neuf résolutions sont votées. Plusieurs personnes importantes du comté sont présentes dont: le Dr R.J. Kimber, le major B.Rivard, le capitaine P. Fortier, l'avocat E.L. Pacaud et plusieurs autres personnes issues des professions libérales. Le déroulement de l'assemblée est le même que dans les autres: une personne propose un " résolu " qui est secondé et ensuite voté par le reste de l'assemblée. Les " résolus " importants sont les sept premiers, le huitième étant pour ajouter un certain nombre de personnes à un comité et le neuvième visant à remercier le président, le vice-président, les secrétaires et le Dr Kimber pour leur travail durant l'assemblée.
Le résolu 1 est apporté pour que tous les sujets anglais naissants au Bas-Canada soient aussi reconnu par les lois de restrictions que la mère patrie impose aux Canadiens-Français. On veut s'assurer d'une égalité entre les deux ethnies.
Le résolu 2 accuse la chambre du parlement du Royaume-Uni d'avoir violé les droits et privilèges des sujets de sa majesté se trouvant au Bas-Canada, car les lois votées lors des Résolutions Russell sont prisent sans aucun représentent du Bas-Canada.
Le résolu 3 porte sur un des points des Résolutions Russell qui accorde au Gouverneur provincial de s'approprier les deniers publics perçut par la Province. L'assemblée accuse le parlement du Royaume-Uni de tenir une application inconstitutionnelle et que cela est " un attentat atroce du plus fort contre les droit du plus faible. "
Le résolu 4 soutient que si le parlement impérial change la constitution du Canada à chaque demande de ses ministres cela est aussi valable et dangereux pour toutes les autres colonies anglaises ainsi que pour leurs sujets.
Le résolu 5 va à l'encontre des mesures coercitives employées par les autorités britanniques et on ajoute qu'il est du devoir du peuple de se réunir pour s'informer de la politique du pays, de résister contre les actes anticonstitutionnels et finalement de s'assembler pour discuter des moyens à prendre pour protéger ses droits constitutionnels.
Le résolu 6 approuve la Chambre d'assemblée de ne pas voter les subsides jusqu'à ce que cessent les abus du gouvernement métropolitain et surtout parce que c'est, jusqu'ici, le seul moyen que la Chambre d'assemblée a d'éviter que le gouvernement dépense à sa guise l'argent des contribuables.
Le résolu 7 porte sur la composition d'un comité permanent dans le comté Saint-Maurice pour se tenir au courant des questions politiques et aussi pour faire part aux autres comtés des recommandations votées ici. On dresse une liste de nom de personnes pour faire part du comité et le résolu 8 est une autre liste de gens à rajouter dans le comité.
Selon les dires de La Minerve du 31 juillet 1837, l'assemblée de Yamachiche fut l'une des plus nombreuses jusqu'ici, attirant près de 800 personnes, durant laquelle la plupart des gens sont en accord avec tous les points abordés.
Christian Desjardins
BERNARD, Jean-Paul ; Assemblées publiques, résolutions et déclarations de 1837-1838; Édition VLB Éditeur, 1988; La Minerve, 31 juillet 1837; Le Populaire, 28 juillet 1837.
