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Navy Island, ou Île de Navy, est située en amont de la rivière Niagara, près de Niagara Falls. Cette rivière est une frontière naturelle séparant le Canada des États-Unis. L'importante ville américaine de Buffalo, est sise à proximité. Appelée Île de la Marina pendant le régime français, cette île fut d'abord un chantier de construction navale, d'abord sous la domination française, puis sous le régime britannique. Les bateaux construits à cet emplacement servaient à naviguer sur les Grands-Lacs. Pendant la guerre de 1812, les Anglais y établirent une garnison. Aujourd'hui Navy Island est un parc national canadien rattaché au site des Chutes Niagara.L'histoire de Navy Island est principalement reliée aux troubles de 1837-1838. Après la dispersion de ses troupes à Toronto, William Lyon Mackenzie, qui dirige la rébellion dans le Haut-Canada, atteint Buffalo le 11 décembre 1837. A cet endroit, il trouve le support nécessaire pour s'emparer de l'île Navy avec quelques 200 patriotes (Info Niagara; Read, 1982 : 115 ), dont Silas Fletcher et Jesse Lloyd. Ces trois hommes sont les principaux porte-parole du gouvernement provisoire qu'ils décident d'instaurer lors de la prise de Navy Island, le 13 décembre 1837. La journée même, une déclaration est lue par Mackenzie, appelant tous les Canadiens à joindre la cause des rebelles, à se libérer de l'oppression gouvernementale et à former un gouvernement provisoire. (Read, 1982 : 115). " Levez-vous, Canadiens! Levons-nous comme un seul homme, et le glorieux objet de nos désirs sera accompli! " (Keilty, 1974 : 189). Le gouvernement provisoire promet même une récompense de 500$ pour la capture du gouverneur haut-canadien, Francis Bond Head, et des terres pour les volontaires qui joindrait la cause révolutionnaire (Keilty, 1974 : 189). Même si la troupe de Mackenzie est réduite en nombre, le problème est considérable : la population américaine sur la frontière peut fort bien se joindre à l'aventure révolutionnaire. En effet, les marchands américains acceptent l'idée de la rébellion après que Fletcher eut fait le tour des villes frontalières afin de s'assurer de leur support. Dans la ville de Sackett's Harbour, Fletcher est accueilli par une procession, aux cris de " Dieu vienne en aide aux Patriotes " (Keilty, 1974 : 189). L'affaire est doublement aggravée par le fait que les troupes britanniques, habituellement postées dans cette région, avaient été envoyées au Bas-Canada pour réprimer la révolte qui y régnait (Read, 1982, : 115). À la fin de décembre, il y a environ 600 patriotes sur l'île, dont la moitié était d'origine américaine, et ils possédent 24 canons (Keilty, 1974 : 189-190). Sur le côté opposé de Navy Island, à Chippewa, de nombreux Loyalistes s'y sont établis, mais ils n'attaquent pas le camp rebelle. Il y avait toutefois une troupe de miliciens, commandée par Allan MacNab, envoyée pour combattre les rebelles. Ces derniers, commandés par l'Américain Rensaeller Van Rensaeller, font face aux miliciens de MacNab qui sont postés à la frontière (Read, 1988 : 20). Navy Island est approvisionnée par un bateau américain, le Caroline. Le 29 décembre, la troupe d'une soixantaine de loyalistes dirigés par MacNab assiègent l'embarcation qui transporte 33 rebelles. (Keilty, 1974 : 190). Le bateau prend feu et sombre quelques temps après. En fait, ce saccage est un affront fait aux Américains eux-mêmes, et la cause patriotique de Mackenzie grimpe en popularité aux États-Unis. Plusieurs volontaires américains joignent alors les rangs rebelles. Le gouvernement anglais s'excuse pour cet outrage, mais sacre MacNab chevalier peu de temps après. Malgré le support qu'ils reçoivent, les révolutionnaires restent toutefois en nombre insuffisant pour venir à bout de la milice. Les hommes de Mackenzie évacuent graduellement l'île jusqu'au 14 janvier 1838 et le gouvernement provisoire s'éteint de même. Toutefois, la destruction du Caroline avait ravivé le sentiment patriotique et avait créé un froid considérable dans les relations entre le Canada, la Grande-Bretagne, et les États-Unis (Read, 1988 : 20-21). Après le camp de Navy Island, plusieurs patriotes allèrent combattre dans l'ouest du Haut-Canada. Dans les années suivantes, de nombreux squatters établirent leur résidence à Navy Island. Mis à part les événements de décembre 1837 et de janvier 1838, Navy Island ne connut pas d'autres perturbations et retrouva son climat paisible. Joëlle Morin KEILTY, Greg, 1837 : Revolution in the Canadas, NC Press Limited, Toronto, 1974, 236p.; READ, Colin F., La rébellion de 1837 dans le Haut-Canada, Société historique du Canada, Ottawa, 1988, 30p., Brochure historique No.46; READ, Colin F., The Rising in Western Upper Canada,UTP, Toronto, 1982, 327p.; Info Niagara; history of Navy Island; http://www.infoniagara.com/d-history-navy.html.
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