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Louis-Joseph-Amédée Papineau (1819-1903) Reproduction d’un daguerréotype (vers 1840) sur plaque de verre Studio Notman & Son, Montréal Vers 1920 P266,S1,SS1,P18
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Louis-Joseph Amédée Papineau naît le 26 juillet 1819, rue Bonsecours à Montréal. Il est le fils aîné de Louis-Joseph Papineau et de Julie Bruneau. En 1903 il tombe malade et meurt au manoir Montebello le 23 novembre dans des circonstances étranges qui laissent croire à un possible empoisonnement (AUBIN, 1998: 5).
Au moment de sa naissance, son père, Louis-Joseph, est déjà orateur de la Chambre d'assemblée. Il grandit donc dans un milieu privilégié et baigne dans la politique dès l'enfance. Il fait ses études élémentaires auprès du révérend Ession, pasteur presbytérien, entre au Séminaire des Sulpiciens, qu'il quitte sur un coup de tête (comme son père l'avait fait) et va finir sa Philosophie au Collège de St-Hyacinthe (AUBIN, 1998:5). Personnage original, intellectuel, libre-penseur, féru d'histoire, de lecture, de théâtre et d'opéra, Amédée Papineau a marqué l'histoire des Patriotes par ses idées et surtout par son vibrant témoignage de diariste (LES PATRIOTES, 2000). Son Journal, qui comprend sept livres est une chronique engagée des rébellions de 1837-38.
Dès 1834, année du dépôt des Quatre-vingt-douze Résolutions, il affirme sa solidarité inconditionnelle envers son père en demeurant auprès de lui pour faire face aux agitateurs qui attaquent la maison de la rue Bonsecours. Aussitôt après ces événements, pour concentrer les forces, il met sur pied une organisation, Les Sociétés littéraires. C'est le début de l'Association des Fils de la Liberté, qui voit le jour officiellement en 1837 avec quelques 2000 membres (AUBIN, 1998:6). Amédée Papineau s'inspire des Sons of liberty de l'Indépendance américaine pour trouver le nom de l'association, dont le principe est d'éduquer les jeunes aux mœurs politiques; mais elle devient vite une société à la fois civile et militaire, ouvrant des écoles politiques et des chambres de lecture et organisant des drills et des assemblées régulières (PAPINEAU, 1972:49-52).
Amédée Papineau est présent à l'assemblée de St-Charles le 23 octobre 1837, ainsi qu'à la bataille contre le Doric Club à Montréal le 6 novembre (PAPINEAU, 1972: 52-67). Le 16 novembre il part se cacher à St-Hyacinthe chez sa tante Dessaulles, où il est tapi au fond d'une cave pendant le massacre du 25 novembre à St-Charles. La peur d'être arrêté le pousse à fuir vers la frontière américaine, à Stanstead-Derby, qu'il réussit à traverser sans être arrêté. Aux États-Unis il est accueilli avec son père par la famille Porter à Saratoga, près d'Albany, où Madame Papineau vient les rejoindre avec les autres enfants (PAPINEAU, 1972:102). Amédée veut participer à la seconde insurrection mais en est dissuadé par ses parents qui le forcent à poursuivre ses études de droit à Saratoga. Il débute la rédaction de son journal pendant son exil aux États-unis en 1838, à partir de quelques notes qu'il avait prises l'année précédente (AUBIN, 1998:7). En 1843, il débute une longue carrière de protonotaire à la cour du District de Montréal. C'est en 1846 qu'il revient à Saratoga pour épouser une jeune et riche américaine, Mary Westcott, avec qui il aura trois enfants: Ella, Louis-Joseph et Marie-Louise. A son retour à Montréal, il fonde la Société des Amis qui devient l'Institut Canadien de Montréal, organisme qui se veut à la fine pointe des développements scientifiques et littéraires, et qui regroupe la plupart des intellectuels montréalais. Leur objectif est d'ériger un monument aux victimes de 1837-38.
Louis-Joseph Papineau meurt en 1871 et c'est Amédée, très proche de lui, qui prend en main ses derniers moments et veille à ce que ses ultimes volontés soient respectées, dont son refus de la religion (AUBIN, 1998:257). Co-héritier du manoir de Montebello, il prend sa retraite en 1875, voyage longuement en Europe et est de retour au manoir en 1881, où il amorce la rédaction de ses mémoires dans lesquelles il prend fermement position pour l'annexion du Canada aux États-unis. Parallèlement, il publie des articles dans le journal La Presse, entre autres pour dénoncer la pendaison de Riel. Sa femme Mary meurt à l'automne 1890. L'année suivante il prononce un discours à la Saint-Jean Baptiste au cimetière de la Côte-des-Neiges, où on dépose en terre les cendres du héros Chénier, affirmant que les Patriotes n'étaient pas des rebelles, mais que c'est l'oligarchie qui était en révolte (AUBIN, 1998: 301). En 1893 il abjure le catholicisme, n'ayant jamais pardonné au clergé de Montréal d'avoir refusé la scépulture ecclésiastique aux patriotes morts au combat, et est admis dans l'Église huguenote à Montréal. En 1898, à l'âge de 78 ans, il épouse Martha Jane Curren, âgée d'à peine 25 ans, qui lui donne deux enfants, Lafayette et Angelita.
Les sept livres du journal d'Amédée Papineau sont déposés vers 1980 aux Archives nationales du Canada à Ottawa (cote MG 24, B 2, Vol. 31 à 36). Les trois premiers livres sont publiés en partie dans le journal La Presse (texte non-intégral). Le premier livre est édité une première fois en 1972 à Réédition-Québec, le second en 1978 aux Éditions de l'Etincelle. La version intégrale de son journal et de ses mémoires est publiée par Georges Aubin aux Éditions du Septentrion en 1998.
Claude Julie Bourque
AUBIN, Georges, Amédée Papineau, Journal d'un Fils de la Liberté, 1838-1855, Septentrion, 1998, 957 pages; PAPINEAU, Amédée, Journal d'un Fils de la Liberté réfugié aux États-Unis par suite de l'insurrection canadienne, en 1837, Réédition Québec, Volume I, 1972, 111 pages.
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