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Les Patriotes de 1837@1838 - Duquet, Joseph (1817-1838)
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Duquet, Joseph (1817-1838)
Article diffusé depuis le 20 mai 2000
 




Né à Châteauguay le 18 septembre 1815 de Joseph Duquet et de Louise Dandurand, Joseph Duquet commence des études classiques au Petit Séminaire de Montréal en 1829 et les termine en 1835 au Collège de Chambly. À sa sortie de l'école, il entreprend un stage de clerc chez le notaire Joseph-Narcisse Cardinal, patriote au coté duquel il sera plus tard pendu, puis, l'année suivante, il entame son cours de droit chez Chevalier de Lorimier, autre patriote. David décrit Duquet comme un être doux, délicat, aimant et dévoué; qui chérit ardemment sa famille et sa patrie.

En octobre 1837, il entreprend son apprentissage auprès de son oncle, Pierre-Paul Demaray, notaire de St-Jean et patriote. Le 17 novembre, il assiste à l'arrestation, par les autorités anglaises, de Demaray accusé de haute-trahison. Duquet voyant qu'il est impossible de résister, décide de se diriger vers Montréal afin d'avertir les Patriotes des événements qui venaient de se produire et de trouver du renfort. Il ne pourra y arriver, les voies de communications étant rompues à son arrivée à Laprairie. Il se dirige donc à Longueuil et apprend avec enthousiasme l'exploit de Bonaventure Viger et d'une vingtaine d'autres patriotes qui ont délivré des prisonniers sur le chemin de Chambly. En apprenant le but du voyage de Duquet, ce dernier est grandement félicité et ovationné. (David, 1884: 208) Par contre, on arrive rapidement à la conclusion qu'il faut fuir, puisque les autorités ne tarderont pas à revenir. Demaray et son neveu quittent vers les États-Unis. Duquet se joint aux troupes qui se préparent à Swanton, sous les ordre de Julien Gagnon, "la terreur de la paroisse". (Filteau, 1942: 51). On préparait une diversion dans le sud du Bas-Canada afin de favoriser le soulèvement dans le nord, plus exactement dans Deux-Montagnes. Le 6 décembre 1837, le groupe se dirige vers St-Jean, mais il est arrêté en chemin par un groupe de volontaires à Moore's Corner. Duquet se retrouve au premier rang, le drapeau de l'indépendance à la main. Il se conduit bravement et s'avère l'un des derniers à quitter le terrain malgré l'échec imminente (Rumilly, 1977: 545). Il repart donc vers Swanton en compagnie des autres et y reste jusqu'au jour où l'amnistie de Durham est proclamée. Il revient alors auprès de sa famille, à St-Jean.

L'amnistie accordée par Lord Durham permet à Duquet de rentrer au Canada à la mi-juillet 1838. Il s'enrôle dans le mouvement des Frères chasseurs, organisation dont l'objectif est d'unir étroitement tous ceux qui voulaient contribuer à la lutte pour l'indépendance canadienne. Il devient l'un des membres les plus actifs, étant constamment sur les chemins afin de transmettre des instructions et des nouvelles aux autres membres. Devant sa motivation, on le nombre Aigle, ou chef de division (David, 1884: 209). Il faut comprendre qu'il est épris d'un esprit de vengeance, ayant trouvé la maison de sa mère brûlée par les volontaires à son retour des États-Unis. Dès son arrivée, il s'adonne au recrutement pour les Frères chasseurs, groupe de patriotes qui préparent un troisième soulèvement. Le 4 novembre 1838, Duquet et François-Maurice Lapailleur entament des pourparlers avec les Amérindiens de Caughnawaga (Kahnawake) dans le but de leur emprunter des armes. Les amérindiens, de toute apparence sympathisants à leur cause, invitent tous les patriotes du groupe à se joindre aux discussions. Pourtant, dès que ceux-ci ont pénétré la réserve, ils se trouvent encerclés par les guerriers qui font 64 prisonniers qu'ils accompagnent à la prison de Montréal.

Le procès débute le 28 novembre 1838 et le 14 décembre tous les accusés sont trouvés coupables. Maintes délibérations sont occasionnées par le spectaculaire plaidoyer de Lewis Thomas Drummond qui plaide que le châtiment par la mort est excessif. Le procureur général ainsi que le solliciteur général ne voyant aucune autre voie possible, la peine de mort est prononcée. Au lendemain du verdict, le général Colborne, instituteur de Conseil de Guerre, demande au Conseil exécutif d'étudier le cas des condamnés. La pendaison est retenue dans les cas de Joseph Duquet et Joseph-Narcisse Cardinal, récidivistes; les autres accusés sont déportés.

Au matin du 21 décembre 1838, Duquet monte à l'échafaud mais la corde, mal placée, glisse jusque sous son nez. Il est projeté sur le coté et heurte avec violence la charpente ferrée du gibet. La figure meurtrie et saignante, Duquet reste conscient et râle bruyamment. La foule demande la grâce mais sans résultat: le bourreau installe une autre corde. Joseph Duquet est enterré dans l'ancien cimetière de Montréal d'où il est exhumé en 1858 et transféré au cimetière Notre-Dame-des-Neiges sous un monument dédié aux patriotes.

C'est ainsi que dans la nuit du 4 novembre 1838, Duquet se retrouve en compagnie de Joseph-Narcisse Cardinal et de François-Maurice Lepailleur à la tête de centaines d'hommes. Ils se dirigent vers Caughnawaga pour prendre possession des armes des sauvages pendant que ceux-ci assisteront à la messe du dimanche. Alors que le groupe se dissimule dans les buissons aux approches de la réserve, Duquet, Cardinal, Lepailleur et quelques autres pénètrent dans le village pour parlementer. Toutefois, les iroquois avaient eu vent des hommes qui se dissimulaient dans le bois grâce à une indienne qui était à la recherche de sa vache. Elle avait alors averti les hommes du village. C'est ainsi que des Indiens, embusqués à leur tour de part et d'autre de la route, surgissent soudain en brandissant leurs armes et en poussant leur cri de guerre. (Rumilly, 1977: 57) Contrairement aux vieilles traditions indiennes, les prisonniers ne sont pas torturés, mais plutôt rendu aux autorités à Lachine. Ils seront par la suite emmenés à la prison de Montréal.

Les têtes dirigeantes de cette manœuvre subissent leur procès du 28 novembre au 14 décembre. Tous les accusés sont alors condamnés à mort. Au lendemain du verdict, le gouverneur demande de réétudier le cas des condamnés. La pendaison est retenue dans le cas de Cardinal et de Duquet, étant tout deux des récidivistes. Les autres accusés seront déportés. Duquet fait preuve d'une grande tristesse durant ce séjour en prison. Il se révolte à l'idée de mourir si jeune. Il n'arrive pas à croire qu'on le ferait mourir sur l'échafaud pour avoir trop aimé son pays. (David, 1884: 212); et Malgré les efforts de l'abbé Labelle, curé de Châteauguay, Duquet est inconsolable.

La veille de son exécution, les efforts sont nombreux pour demander grâce au gouverneur. Sa mère lui écrit une lettre tandis que l'avocat Lewis Thomas Drummond déclare dans sa lettre au gouverneur que les accusés ont été "mis en jugement par une loi promulguée après la perpétration de l'offense." (Lacoursière, 1996: 408). Il le menace également en lui faisant remarquer que si la sentence était exécutée, "les présumés coupables seraient élevés dans la position des martyrs d'un odieuse persécution." (Filteau. 1942: 202) Mais la plus curieuse des requêtes vient des indiens qui ont fait arrêter Duquet et Cardinal. Ceux-ci soulignent au gouverneur qu'ils ne leur ont fait aucun mal, qu'ils n'ont pas trempé leurs mains dans le sang. Et surtout, qu'il y en a d'autres que ces malheureux qui sont milles fois plus coupables qu'eux. (David, 1884: 216).

Malgré ces efforts, le 21 décembre 1839, Cardinal, puis Duquet, montent sur l'échafaud afin de consomme leur sentence. Après avoir monté la première marche, ses forces l'abandonnent et il doit se faire soutenir par les aides du bourreau. Le spectacle de sa mort est horrible. Lorsque la trappe s'ouvre, la corde mal ajustée glisse jusque sous son nez et son corps se met à balancer, heurtant avec violence la charpente. Duquet se meurt et saigne en abondance. Devant la foule insistante qui demande grâce, le bourreau accroche une seconde corde, l'ajuste avec précision cette fois puis coupe la première. Le corps de Duquet tombe à nouveau et la mort vient terminer de ses souffrances. (Rumilly, 1977: 98) Il est enterré au cimetière de Montréal d'où il est exhumé en 1858 afin d'être enterré au pied d'un monument dédié aux patriotes morts sur l'échafaud.

Jean-François Pelletier et Mélanie Drouin

DAVID L.O., Les patriotes, Librairie Beauchemin ltée, Montréal, 1884, 297p.; FILTEAU Gérard, La prise d'armes et la victoire du nationalisme, Éditions modèles, Montréal, 1942, 286p.; LACOURSIÈRE Jacques, Histoire populaire du Québec Tome 2, Les éditions du Septentrion, Sillery, 1996, 446p.; RUMILLY Robert, Papineau et son temps, Tome 1, Éditions Fides, Montréal, 1977, 643p.; RUMILLY Robert, Papineau et son temps, Tome 2, Éditions Fides, Montréal, 1977, 594p.; F.-X. Prieur,Notes d'un condamné politique de 1838, Montréal 1839; réimprimé 1974.; L. J. Burpee,The Oxford encyclopoedia of Canadian history, Toronto et Londres 1926, p.173.; J.-A. Mousseau,Lecture publique sur Cardinal et Duquet, victimes de 37-38, Montréal, 1860.

 




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