|
Né à Montréal en août 1793, fils de William Nelson et de Jane Dies, Robert Nelson pratique la médecine à partir de 1814. Il s'engage dans l'armée britannique où il y reçoit le titre de chirurgien attitré du 7e bataillon du corps de Deschambault. Il est muté quelques mois plus tard, le 26 juillet 1814, au corps des guerriers indiens. Victime d'une épidémie de lithiasie, ces derniers reçoivent l'aide médicale du Dr. Nelson; il conservera un attachement particulier pour les Amérindiens (DBC, 1972 : 597). À la fin des hostilités entre le Canada et les États-Unis, il pratique la médecine bénévolement auprès de plusieurs réserves autochtones telles Oka et Caughnawaga. Il installe son cabinet à Montréal et enseigne à plusieurs étudiants. Il obtient une réputation remarquable grâce à l'exécution de glorieuses opérations. Il est le premier à faire l'opération de la pierre (lithotriti; DBC, 1972 : 597). Suite aux troubles de 1838, Nelson poursuit son métier aux États-Unis. Il ouvre un cabinet à New-York et exerce sa profession en société avec son fils Eugène jusqu'à sa mort, le 1er mars 1873.
En 1827, son frère Wolfed l'invite à se joindre à la politique bas-canadienne. Il est élu député de Montréal-Ouest le 25 août de la même année. Il quitte son poste en 1830 en prétextant que ses devoirs politiques ne concordent pas avec sa profession. Avant de retourner à la politique en 1834, il canalise son dévouement professionnel vers les immigrants de Pointe-St-Charles (DBC, 1972: 597).
De retour comme député en 1834, Nelson assume son mandat dans le Parti patriote jusqu'en 1838. Il ne prit pas part aux troubles politiques de 1837; il est toutefois arrêté comme suspect le 24 novembre 1837. Les liens que tissent Wolfed et Robert sont probablement la source de son arrestation. Robert est relâché par manque de preuve. Il décide de quitter pour les État-Unis en conservant l'amertume de son incarcération.
Suite à sa remise en liberté, Robert Nelson tente de développer une stratégie afin de reprendre le Bas-Canada de la main des colonisateurs britanniques. Nelson et O'Callaghan se mettent à organiser une série de conférences servant à recueillir l'appui de la population. Le premier janvier 1838, les chefs patriotes se rencontrent à Middleburg lors d'une assemblée consultative. Les radicaux (Nelson, Côté et Rodier) font face aux modérés (Papineau et O'Callaghan). Les deux camps ne s'entendent guère sur les moyens d'actions et les revendications à privilégier (Rochon, 1988: 25). Les moyens d'actions préconisés par les radicaux prennent toutefois le dessus. À ce moment précis, Nelson commence à prendre une importance particulière au sein du mouvement patriote.
Une première invasion du Bas-Canada est tentée le 28 février 1838. Les six ou sept cents rebelles, commandés par les Dr. Côté et Nelson, quittent le Vermont dans le but de traverser la frontière. Ils s'engagent sur le lac Champlain avec 250 fusils volés à l'arsenal d'Élizabethtown. Arrivés au lieu de campement, situé à un mille de la frontière, les rebelles proclament Robert Nelson président de la République bas-canadienne. Les journaux rapportent que Nelson lit sa Déclaration d'indépendance de la république du Bas-Canada (Rochon, 1988: 38) qui pose des revendications très progressistes pour l'époque de sa rédaction. Nelson explique qu'un gouvernement républicain doit être mis en place au Bas-Canada. Ce gouvernement doit entre autres: instaurer des droits légaux pour tous (y compris les Amérindiens), se détâcher des liens les unissant à l'Église, abolir la tenure seigneuriale, instaurer l'éducation publique et générale et élargir le droit de vote à tous les hommes âgés de 21 ans et plus (Nelson, 1999: 27-30). Leurs aspirations restent néanmoins éphémères. Nelson et Côté sont reflués à la frontière et arrêtés pour violation de la neutralité (Rochon, 1988: 38) Ils sont amenés en cour puis relâchés.
Suite à cette tentative d'invasion manquée, Côté et Nelson forment une organisation militaire du nom des Frères chasseurs. Nelson met aussi sur pieds un plan d'action qui doit aboutir à la grande insurrection prévue pour le 3 novembre 1838. Le plan d'action s'articule autour de différents camps qui doivent approvisionner les troupes en armes, rechercher un appui des États-Unis et développer des liens avec les rebelles du Haut-Canada. Le 3 novembre, les Chasseurs doivent emprunter le Richelieu, prendre possession de St-Jean et se diriger vers Montréal (DBC, 1972: 599).
Nelson se met donc en route le soir du 3 novembre afin de regagner le Bas-Canada, les 250 fusils qu'il parvient à se procurer dans ses bagages. Il gagne Napierville le 4 novembre vers les neuf heures du matin. Il est l'accueilli par le docteur Côté qui le présente aux troupes comme chef de la République. Nelson s'adresse alors aux 800 ou 900 rebelles. Son discours se compose d'une re-lecture de la Déclaration d'indépendance ainsi que de quelques mots affirmant l'espoir d'un soulèvement réussi (Filteau, 1980: 411). Un second texte s'adresse au peuple du Canada. La Proclamation promet la sécurité et la protection aux individus qui ne tenteront pas de nuire à l'action des rebelles (Rochon, 1988: 39). Nelson nomme P. Touvrey et Charles Hindenlang chefs de l'armée de rebelles.
Le 7 novembre, Côté envoie des hommes à Rouse's Point afin qu'ils rencontrent des recrues américaines et, du même coup, récupèrent les armes cachées près du quai Vitman. Lorsque les Frères chasseurs arrivent à la frontière, toutes les munitions et armes ont disparu. De retour à Napierville, les mandatés font face à l'armée du capitaine Marsh. Certains chasseurs parviennent à fuir vers Napierville tandis que d'autres préfèrent quitter pour les États-Unis. Au même moment, Nelson apprend que Colborne prépare une armée de sept ou huit mille hommes dont la mission est d'écraser les insurgés de Napierville. Suite à cette nouvelle, l'armée de Nelson diminue de moitié.
Le 8 novembre, Nelson choisit de quitter pour Odelltown avec une armée composée de 1200 hommes. Les chasseurs décident de faire une halte à Lacolle afin de voler des armes aux volontaires loyaux de cette région. Une fois sur les lieux, un petit groupe de chasseurs décide de faire prisonnier Nelson, le soupçonnant de vouloir fuir les lieux de la bataille. Ils ligotent également Trépanier et Nicholas et les envoient tous trois au camp de Lacolle. Ils les libèrent cependant après que ces derniers les aient convaincus de leur fidélité envers le mouvement d'insurrection (Morin, 1949: 494).
Le 9 novembre, les Chasseurs arrivent à Odelltown et se mettent à attaquer la milice. Ils résistent du mieux qu'ils peuvent mais des renforts viennent à bout de l'armée de Chasseurs. Nelson fuit le lieu du soulèvement avant la fin de la bataille. Selon le Docteur François-Joseph Davignon, la fuite de Nelson s'explique par sa crainte d'être assassiné par ses propres soldats (Morin,1949: 501). Au moment même où se livre la bataille d'Odeltown, l'armée de Colborne quitte Laprairie en direction de Napierville. Arrivé sur les lieux, Colborne ne retrouve plus de Patriotes, qui ont cru bon de quitter les lieux.
Nelson ne sait guère diriger fermement ses troupes, ce qui occasionne quelques détachements qui décident à agir isolément. Il semble que le chaos règne le plus souvent au sein des troupes où plusieurs désirent accomplir leur propre dessein. Suite aux rébellions de 1838, Robert Nelson quitte la politique et se concentre sur son métier de médecin. Avant de s'installer définitivement à New York, il demeure peu de temps en Californie. À compter de 1866, il rédige plusieurs œuvres médicales, en particulier sur le choléra. Il ne remet plus jamais les pieds au Canada.
Mélissa Blais et Benoit Marsan.
Dictionnaire général du Canada, tome 2, Canada, université d'Ottawa, 1931, 827 p.; FILTEAU, Gérard, Histoire des Patriotes, Montréal, éd. Univers, 1980, 492 p.LA TERREUR, Marc, dir., DBC, Québec, Presse de l'université Laval, vol.x, 1972, 893 p.; MORIN, Victor, La République canadienne de 1838, RHAF, vol. 11, no. 4, mars 1949, p. 483- 512.; NELSON, Robert, Déclaration d'indépendance et autres écrits (1832-1848), traduit de l'anglais par Michel de Lormiers et Renée Andrewes, Montréal, Comeau et Nadeau, 1999, 90 p.; ROCHON, Paul, l'histoire oubliée des Patriotes, Montréal, Éd. Du Taureau, 1988, 287 p.
Frère cadet de Wolfred Nelson
Il déclara la République du Bas-Canada, mais mourra en exil
Medecin et député
Dès le début de la Rébellion de 1837, Robert Nelson doit se réfugier aux États-Unis. Décidé à poursuivre le combat armé, il fait une brève apparition au Canada en février 1838 pour se proclamer, à Clarenceville, président de la République du Bas-Canada. Sa déclaration propose des idées très avancées pour l'époque, comme l'égalité du français et de l'anglais comme langues officielles et la reconnaissance de droits égaux pour les autochtones (DOCUMENT).
De son exil Nelson tente alors d'organiser des groupements armés secrets connus sous le nom de Frères chasseurs(Hunter's Lodges). Au début de novembre 1838, des rassemblements ont lieu en divers endroits au sud de Montréal. Les forces d'invasion commandées par Nelson sont cependant rapidement dispersées lors de deux affrontements désastreux à Lacolle, le 7 novembre, puis à Odelltown le 9 novembre. Découragé, Nelson abandonne la partie et se réfugie définitivement aux États-Unis où il pratiquera la médecine jusqu'à son décès.
Fils de William Nelson et de Jane Dies
- Né à Montréal en janvier 1794
- Décédé à Gilford, Staten Island, N.Y. le 1er mars 1873 ( à l'âge de 79 ans )
- Médecin et député
- Patriote et commandant des insurgés de 1838
Dès l'âge de 20 ans, Robert Nelson pratique la médecine. 1814 étant une année de guerre, il s'engage dans l'armée et est nommé chirurgien attitré du 7e bataillon (le corps de Deschambault). Quelques mois plus tard, il est muté au corps des Guerriers indiens, où sévit une grave épidémie de lithiasie. Cette mutation lui permet de garder un certain attachement pour les Indiens, et il oeuvre dans plusieurs causes pour améliorer leur condition. Par la suite, établi à Montréal, il se dote d'une importante clientèle et d'une réputation très avantageuse dans son domaine. Il apprend même le métier à plusieurs étudiants, et sera reconnu comme le médecin des cas difficiles, des grandes opérations.
Étonnament, Nelson oriente sa profession dans un tout autre domaine. En effet, son frère Wolfred l'amène dans une carrière politique en 1827. Il est dès lors élu à la chambre d'Assemblée dans le comté de Montréal-Ouest avec nul autre que Louis-Joseph Papineau. Cependant, constatant que ses devoirs ne concordent pas avec sa profession, Nelson se retire de la politique en 1830. Pour des raisons inconnues, Nelson remet en question sa position et revient à la politique comme député de Montréal-Ouest. Il se joint alors aux membres du parti patriote qui, à cette période, font chanter le gouvernement en refusant de lui accorder des subsides tant que ce dernier ne satisfera pas à leurs demandes. Bien qu'il fut un prestigieux orateur dans les assemblées et qu'il fut un des membres les plus actifs du Comité central et permanent à Montréal, Nelson ne prend pas part à l'insurrection de 1837. Malgré cela, il est arrêté comme suspect (sans doute à cause des liens qu'il entretient avec son frère Wolfred) et relâché, faute de preuves. Outré et très en colère, Nelson se dirige vers les États-Unis en 1837.
Son action durant les Rébellions de 1837-1838 se situe beaucoup dans le courant radical des Patriotes. En février 1838, il se proclame Président de la République du Bas-Canada. De plus, Nelson organise plusieurs invasions, dont la plupart se soldent par un échec. C'est avec le groupe secret qu'il a fondé, les Frères-Chasseurs, qu'il prépare ces invasions. Les nombreux échecs subis s'expliquent surtout par le manque de leadership de Nelson. N'étant pas très ferme avec ses hommes, le groupe manque de discipline et plusieurs détachements décident d'agir isolément plutôt que de suivre le plan de Nelson.
Julie Nolet