Fils de l'honorable John Molson père qui est le fondateur de la brasserie Molson, il est mieux connu sous le nom de John Molson junior. Il fait partie de ce qu'on appelle la bourgeoisie des grands marchands de Montréal. En effet, il privilégie les mêmes valeurs que prône celle-ci: le grand commerce impérial, les valeurs du protestantisme, de la monarchie et le contrôle des institutions politiques étaient les buts qu'ils poursuivaient (DUBUC, 1967: 21). Molson fait aussi partie de l'aristocratie puisque la famille Molson, originaire d'Angleterre, y est très prestigieuse. Molson s'est impliqué dans le conflit opposant les États-Unis à la Grande-Bretagne. Les États-Unis ne pouvant s'attaquer directement à la Grande-Bretagne, ils ordonnent l'invasion d'une des colonies peu peuplée de la couronne : Le Canada. Bien que l'idée n'ait pas beaucoup d'adhérents chez les Américains, la défense s'organise au Canada et John Molson junior s'enrôle comme cornette dans la Royal Montreal Troop of Cavalry (WOODS, 1983: 76). Il offre même de lever une troupe de cavalerie de quarante hommes à ses propres frais si nécessaire.
Durant les troubles de 1837-1838 John Molson junior est le seul de sa famille qui s'implique réellement dans le conflit. Suite aux élections de 1834 où les représentants du Parti patriote remportent la plupart des sièges de l'Assemblée, John Molson Junior réagit. Les Anglais se trouvaient privés d'une voix à l'Assemblée. le 20 novembre, en tant que président du comité constitutionnel de Montréal, écrit une lettre ouverte aux " hommes de descendances britannique ou irlandaise " en Amérique du Nord britannique. Le but essentiel de cette lettre était d'enrôler des partisans pour appuyer les Anglais du Bas-Canada, mais c'était également une réplique aux Quatre-vingt-douze Résolutions. (WOODS, 1983: 128).
En janvier 1835, les comités constitutionnels du Québec se réunissent à Montréal et on décide alors de former un comité permanent. Le groupe change son nom en Association constitutionnelle (WOODS, 1983,p.129). John Molson est élu président pour y défendre les droits de la communauté anglaise. Molson, participe aussi à l'assemblée loyale à Montréal du 6 juillet 1837 où l'on adopte quatre résolutions (Jean-paul BERNARD, 1988: 133). La première résolution concerne le droit de rassemblement des sujets britanniques, c'est celle-ci que John Molson " seconde ". La deuxième traite des agissements de la Chambre d'Assemblée qu'ils désapprouvent grandement. La troisième touche les assemblées patriotiques qu'ils considèrent nuisibles pour le pays. Et finalement la quatrième, qui est proposée par Peter McGill, est un appel à l'aide à la Couronne britannique.
Molson participe au rassemblement de la Place-d'Armes le 23 octobre 1837. Ce rassemblement bruyant, dirigé par l'honorable Peter McGill, a lieu devant la Banque de Montréal (WOODS, 1983:137). Molson est un loyaliste actif et en lien avec Peter McGill pour la défense des droits anglais. Ces deux hommes se fréquentent aussi au travail puisque Molson est administrateur de la Banque de Montréal depuis 1836 (jusqu'en 1853) et McGill en est, déjà à cette époque, le président (jusqu'en 1860; DENISON, vol II, 1967: 419 et 421).
Au début du mois de novembre 1837, une certaine insatisfaction règne chez les loyalistes quant au gouverneur général en place : M. Molson se plaint du manque de soutien que lui témoigne Lord Gosford, de même qu'aux autres magistrats. Il affirme qu'ils pourraient aisément venir à bout de toute la perturbation qui règne dans la ville s'ils étaient sûrs que l'Éxécutif les soutient dans l'exercice de leurs fonctions, mais, en attendant, ils ne savent pas jusqu'où au juste ils peuvent " légalement " aller. (SENIOR, 1997: 63). Gosford doit à ce moment réagir afin de satisfaire les bureaucrates qui constituent ses alliés les plus puissants face aux Patriotes.
Lord Gosford émet donc des mandats d'arrestation contre les dirigeants patriotes au début du mois de novembre. La Royal Montreal Cavalry (dont fait partie Molson) réussit à arrêter deux dissidents de St-Jean, mais elle est attaquée par des troupes patriotes qui libèrent les prisonniers entre Montréal et St-Jean. Le 16 novembre, Colborne envoie un détachement de 18 hommes aider les huissiers procéder aux arrestations à St-Jean (Elinor Skyte SENIOR, 1997: 84). Le 17 novembre, Royal Montreal Cavalry est pris en embuscade par 200 patriotes à Longueuil. trois membres des troupes loyales sont blessées et Molson échappe de justesse à la mort lorsqu'une balle lui frôle le crâne emportant sa casquette (SENIOR, 1997: 84).
Le 16 novembre 1837, Gosford, sous la pression de Peter McGill, autorise l'organisation de 1000 miliciens volontaires à Montréal. (Elinor Skyte SENIOR, 1997: Quatre-vingt-douze). Molson participe activement à cette organisation étant lui-même lieutenant-colonel du bataillon des faubourgs Québec et Saint-Louis et quartier est. Molson fait également partie de la communauté anglaise de la St. George's Society aux côtés de Georges Moffatt, Henry Griffin et du Dr Thomas Walter Jones. Cette communauté est grandement impliquée dans l'Association constitutionnelle.
Lorsque lord Gosford démissionne de son poste de gouverneur général, Colborne met en place un Conseil spécial qui est composé de 11 Anglais et de 11 Canadiens. Molson en fait partie. La session dure du 18 avril au 5 mai 1838; 26 ordonnances furent adoptées. La plus importante était sans contredit celle qui suspendait l'Habeas Corpus jusqu'au 24 août suivant dans le but de tenir en prison les détenus politiques, car la loi martiale prend fin le 27 avril 1838 (FILTEAU, 1980: 386).
Durant l'hiver précédent, les troupes loyalistes étaient très motivées à combattre pour leur patrie. En 1838, dès l'automne, on peut cependant sentir un mécontentement dans les rangs loyalistes. C'est pour cette raison que Colborne convoque une réunion à laquelle Molson participe Le 26 octobre 1838. Colborne convoque une réunion des commandants des forces volontaires de la ville à la résidence du gouverneur pour prévenir que celles-ci pourraient être mobilisées de nouveau (SENIOR, 1997: 225).
John Molson junior est donc un membre loyal actif durant les troubles. Il ne faut pas oublier qu'il a plusieurs intérêts commerciaux à défendre, ce qui peut expliquer son engagement. Pendant les troubles il continue de s'occuper des distilleries Molson, des bateaux à vapeur, des chemins de fer, de ses activités commerciales d'importation et d'exportation, etc. Il est aussi un homme très impliqué dans la vie montréalaise que ce soit au niveau commercial, social ou politique.
Karine Massé
BERNARD, Jean-Paul(dir.), Assemblées publiques ; résolutions et déclarations de 1837-1838, Montréal, VLB éditeurs, 1988, 304 p.; DENISON, Merrill, Histoire de la banque de Montréal, Montréal, Banque de Montréal, 1967, Vol. II,453p.; DUBUC, Alfred, Les classes sociales au Canada de 1760 à 1840, Montréal, La librairie es presses de l'université de Montréal, 1967, 37p.; FILTEAU, Gérard, Histoire des Patriotes, Montréal, Les Éditions Univers Inc., 1980, 492p.; SENIOR E. K., Les habits rouges et les Patriotes, Montréal, VLB éditeur, 1997, 310p.; WOODS JR, Shirley E., La saga des Molson ;1763-1983, Montréal, Les éditions de l'homme, 1983, 447p.
John Molson jr. est né le 3 octobre 1787 à Montréal de John Molson l'ancien et de Sarah Insley Vaughan et il est décédé le 12 juillet 1860 à Montréal. Il fut homme d'affaires, fonctionnaire, juge de paix et politicien.
John Molson débute dans le monde des affaires au sein de la brasserie de son père où il étudie les principes de la vapeur. Du fait de ces acquisitions, il participe au cours de sa vie à plusieurs entreprises de navigation, entre autres au cours de la guerre de 1812. Cette guerre lui permet de s'initier à des activités commerciales telles les quais, les entrepôts, les hôtels, l'importation et l'exportation et la réglementation de la circulation maritime.
Il est aussi impliqué dans le secteur financier. Il n'occupe que pendant un mois le poste de président de la Banque de Montréal, mais il siège longtemps au sein de la direction. Il participe de plus à la fondation de la Banque de la Cité à Montréal. D'ailleurs, il est un grand détenteur d'obligations à Montréal, ce qui lui permet de s'intéresser pendant un cours laps de temps à l'éclairage au gaz de la ville, d'être un des fondateurs du chemin à lisses et du chemin de fer qui va jusqu'aux Etats-Unis. D'autre part, il hérite par son père de la St. Mary Foundry où l'on fabrique des moteurs à vapeur pour des navires, pour des scieries, pour la distillerie et pour un aqueduc. Il abandonne ce secteur en 1852, probablement à cause de démêlés judiciaires à propos d'un brevet. Il est aussi un propriétaire terrien. Il a beaucoup d'associés, dont les membres de sa famille. Il fonde ainsi la Banque Molson avec son frère William.
En tant que membre de l'Association constitutionnelle, il est celui qui préside l'assemblée qui condamna le conseil municipal, car ce conseil appuie les 92 résolutions des Patriotes. Dans d'autres circonstances, Il promeut l'union du Haut et du Bas-Canada. Durant les rébellions de 1837, il est colonel de milice. Il participe donc à la répression militaire et est même blessé sur le chemin de Chambly
En 1838, il obtient une commission de juge de paix et est admis au Conseil Spécial lors de sa création. Donc il participe à la suspension de l'Habeas Corpus et de la liberté de presse et il attribue de l'argent aux dépenses civiles. Toutefois, la Grande Bretagne lui retire sa commission de juge et de colonel de milice lorsqu'il signe le manifeste annexionniste en 1849.