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Les Patriotes de 1837@1838 - <i>Félix Poutré.</i> Analyse de la pièce de Louis Fréchette
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Félix Poutré. Analyse de la pièce de Louis Fréchette
Article diffusé depuis le 20 mai 2000
 




Parue en 1871 aux éditions maison Beauchemin, cette pièce de Louis Fréchette a été présentée pour la première fois à la Salle de musique de Québec le 22 novembre 1862 avec Pierre Dumas dans le rôle titre (Lanctot,1948 :206). Ce drame, mettant en scène l'action d'un patriote cherchant à échapper à la répression suite à l'insurrection de 1838, connut un grand succès populaire puisqu'elle est reprise plusieurs fois dans diverses localités, notamment à St-Léonard d'Aston en 1922 et à Montréal à la fin septembre 1929 (Filion, 1974 :28). Il s'agit d'ailleurs de la première pièce à être écrite sur cet épisode historique (Bélanger, 1982: 247).

Félix Poutré est l'une des premières oeuvres de Louis Fréchette qui deviendra par la suite un pilier de la littérature du XIXe siècle. Reconnu pour sa poésie et ses contes, Fréchette sera le premier Canadien français à recevoir le prix de l'Académie française pour Légende d'un peuple (1880). Alors étudiant en droit à l'Université Laval, il s'empare de la popularité de la brochure Échappé de la potence, souvenirs d'un prisonnier d'État en 1838, parue en 1862, par un Frère chasseur du nom de Félix Poutré. Dans ce récit autobiographique, Poutré relate différents exploits dont il est l'auteur. Fréchette reprendra pratiquement mot à mot ce récit, modifiant au passage quelques phrases afin d'accommoder le jeu théâtral. Ce procédé, bien que discuté par des critiques (Bélanger, 1982 : 247), était pratique courante à l'époque (Filion, 1974 : 15). Louis Fréchette contribua sans aucun doute au succès populaire du rebelle. Félix Poutré lui-même fera publier cette pièce en 1871 et ce, sans l'accord de l'auteur (Bélanger, 1982 : 248; Lanctot, 1950: 208). Poutré ira jusqu'à enregistrer cette pièce à son nom (Bélanger, 1882 : 248).

D'abord composée d'un prologue et de trois actes lorsque présentée en 1862, la pièce sera publiée en quatre actes neuf ans plus tard (Bélanger, 1982: 247). Le prologue, seule implication originale de Fréchette, constitue désormais le premier acte. La pièce met en scène Félix Poutré un jeune homme de 21 ans qui est chargé par les chefs des Frères chasseurs d'organiser la résistance à Napierville, d'amasser des fonds et d'assermenter des recrues. Suite à sa participation à la bataille d'Odelltown, il se rend à Lacolle afin d'y prendre des armes. Trompé par le docteur Côté, il revient bredouille chez son père à Saint-Jean. À son retour, il apprend qu'un nommé Camel cherche à l'arrêter afin de le livrer à la justice. Poutré se cache, mais entendant qu'on menace d'incendier la ferme de son père, il se livre à la police. Incarcéré à Montréal, il craint de subir le même sort que ses compatriotes Cardinal et Duquette qui sont condamnés à mort. Au cours des "quelques mois" que dure l'emprisonnement, Félix Poutré élabore un plan dans lequel il feint la folie afin d'échapper à la potence. Poutré multiplie alors les démonstrations de folie, ce qui lui permet de tromper tant ses compagnons de cellule que ses geôliers. Son subterfuge portera d'ailleurs fruit puisqu'il sera acquitté. De retour chez son père, il est encore une fois menacé par Camel qui, au courant de sa ruse, tente de le faire arrêter de nouveau. Ce sera cependant Camel qui sera jugé pour ce qu'il est : un traître et un délateur. Poutré, sain et sauf, saluera la bravoure des Patriotes, morts pour leur patrie.

Si Fréchette a étoffé la personnalité de quelques personnages, le contenu de la pièce reste fidèle à l'autobiographie de Poutré. C'est pourquoi, lorsqu'une controverse éclate en 1913 suite à une révélation de Gustave Lanctot, selon laquelle Félix Poutré était un espion à la charge du gouvernement britannique, l'éditeur, la maison Beauchemin, interdira la réédition de la pièce à partir de 1913 (Lanctot, 1959; 212). Selon Lanctot, Poutré a certainement pu être un véritable patriote en 1838 (Lanctot, 1948: 214), cependant, le nombre d'incongruités dans ce récit et les mensonges racontés, remettent en question tant le contenu historique des Souvenirs, que celui de l'œuvre de Fréchette. À titre d'exemple, les documents d'archives démontrent que Poutré n'a passé que treize jours en prison, c'est donc trop peu de temps pour pouvoir échafauder le plan rusé dont il parle dans ses Souvenirs et qui est repris dans la pièce de Fréchette. On peut donc supposer que ce n'est pas en feignant la folie que Poutré a pu échapper à la mort, mais plutôt en devenant un collaborateur de la police.

Les qualités littéraires de cette comédie sont remises en question par divers critiques (Godin, 1970 :38), d'autres cependant, y voient plusieurs particularités intéressantes (Filion, 1974 :24 ). Il n'en demeure pas moins que cette pièce du XIXe siècle contribua de façon importante à la popularité naissante du théâtre.

Françoise Dubuc

BÉLANGER, Reine, " Félix Poutré ", Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, Montréal, Éditions Fides, 1982.; FRECHETTE, Louis, Félix Poutré, préface de Pierre Filion, Montréal, Leméac, 1974 (1871), 139 p.; GODIN, Jean-Cléo et Laurent Mailhot, Théâtre Québécois 1 et 2, Montréal, Éditions BQ, 1988 (Hurtubise HMH, 1970), 732 p.; LANCTOT, Gustave, Faussaires et faussetés en histoire canadienne, Montréal, Édition Variétés, 1948 : 201-224.

 




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