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Il s'agit d'une association de Loyaux mise sur pied par Adam Thom sous la forme de club social et de société armée qui tentent de faire valoir des droits et des privilèges face à la menace de "french domination". Les membres se retrouvent habituellement dans le marché aux chevaux du Tattersall sur la rue Saint-Jacques, tout près de l'endroit où leur bande rivale des l'Association des Fils de la Liberté se rencontre. C'est par la parution de plusieurs articles dans le Herald que Thom fait appel aux anciens membres du British Rifle Corp. Le British Rifle Corp était un corps militaire de volontaires qui a été dissout en janvier 1836 par le gouverneur Gosford. Ce sont en majorité des jeunes très militants et parmi les plus radicaux issus du parti anglais qui forment le nouveau club (SENIOR: 32). Malgré cette ardente volonté de regroupement, Gosford affirme que les sujets britanniques ne sont pas en danger, qu'il est donc inutile de s'organiser en groupes de volontaires armés et que les citoyens sont protégés de façon adéquate par l'armée. Plus tard, "le Doric Club deviendra la faction armée et clandestine des Constitutionnels et sera organisé et présidé par John Shay, un jeune comptable anglophone montréalais [...]" (SENIOR, 1997: 32). Le gouverneur Gosford évalue le nombre de membres à près de 2000, qu'il qualifie de regroupement de fauteurs de troubles (SENIOR, 1997: 56).Deux mois après la dissolution du British Rifle Corp, "le 16 mars 1836 les jeunes loyalistes publient leur manifeste de création" (PATRIOTES, 2000). Le groupe sera largement toléré par le général en chef John Colborne, tout comme de nombreux autres regroupements armés de Loyaux et ce, malgré l'opposition du gouverneur Gosford. Le manifeste publié par le Doric Club rend compte du mécontentement des membres face à la position du gouvernement, à la trop grande tolérance de ce dernier pour les Canadiens français : "If we are deserted by the British government and the British people, rather than submit to the degradation of being subject of a French-Canadian republic, we are determined by our own right arms to work out our deliverance..., we are ready... to pledge to each other our lives, our fortunes and our sacred honor" (PATRIOTES, 2000). Le manifeste est signé par une seule personne, soit par le Dr Thomas Walter Jones. Celui-ci est le descendant "du premier britannique d'origine [montréalais] et d'une noble famille canadienne française" (SENIOR, 1997: 32). Ces faits peuvent nous laisser croire que les organisations loyales résultent d'une lutte de niveau national; qu'elle oppose des Canadiens francophones à des sujets britanniques et ce, sur un territoire colonial dépendant de la mère Patrie. Outre cette constatation, l'historien Gérard Filteau émet l'hypothèse que ce regroupement armé, ainsi que d'autres, telle la légion Bretonne, servent d'outil de machination; les bureaucrates utiliseraient et canaliseraient donc le mécontentement des Loyaux afin de servir leurs propres intérêts. Personne du côté loyal n'aurait contredit ces accusations de conspiration contre les bureaucrates (FILTEAU, 1980: 292-293). L'extrême divergence d'opinion et les tensions montantes entre les Loyaux et les tenants du Parti patriote, nous mène finalement à l'affrontement dans les rues de Montréal qui suivit l'assemblée du 6 novembre entre les membres du Doric Club et de l'association des Fils de la Liberté. Nicolas Beaudette FILTEAU, Gérard, Histoire des Patriotes, Les éditions Univers, 1980, 493 p.; LACOURSIÈRE, Jacques et Denis VAUGEOIS, Les troubles de 1837-38, Fides, Montréal; PARKS, H., Les rébellions de 1837; SENIOR, Elinor Kyte, Les habits rouges et les Patriotes, vlb éditeur, 1997, 312p.; WADE, Mason, Les Canadiens français de 1760 à nos jours, L'Encyclopédie du Canada français; Tome I, Le cercle du livre de France Montréal, 1963, 685p.
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