|
Andrew Learmont Spedon (1831-1884) fût un auteur et un journaliste qui est né à Edinburgh en Écosse le 21 août 1831. Il immigre au Canada avec ses parents quand il n'est qu'un enfant. Pendant plusieurs années, il enseigne dans la région de Châteauguay. Tout au long de sa vie, il publia six oeuvres: The woodland warbler (Montréal, 1857) Tales of the canadian forest (Montréal, 1861) Rambles among the Blue Noses (Montréal, 1863) Canadian summer evening tales (Montréal, 1867) Sketches of a tour from Canada to Paris by way of the Brithish Isles (Montréal, 1868) et The Canadian minstrel (Montréal, 1870). Vers la fin de ses jours sa santé se dégradant; il décide d'aller vivre aux Bermudes où il meurt au mois de septembre 1884 (Wallace, 1940: 52). L'auteur écrivit ses romans à une époque où la littérature canadienne anglaise n'était encore qu'à ses débuts et où l'imprimeur Lovell tentait de faire connaître des écrivains canadiens anglais (Klinck, 1970 :229). Dans ce contexte, Spedon n'avait que la modeste intention d'écrire pour son plaisir, sans quête de gloire, car il ne se qualifiait pas de littéraire. (Spedon, 1861: préface). Ce fût dans cette perspective qu'il écrivit: Tales of the canadian forest, l'oeuvre qui nous intéresse. Ce roman de 221 pages contient treize histoires courtes dont Reminiscences of the French Canadian Rebellion qui sera l'objet du présent article. En vingt pages, l'écrivain nous raconte, à travers les yeux d'un enfant, la crainte qu'ont vécue des habitants de la forêt canadienne au temps des rébellions de 1837-1838. Dans son premier chapitre, il présente ses personnages et leurs environnements. Le narrateur, qui n'a pas de nom, est un enfant immigré récemment dans la colonie. Il décrit les péripéties de la vie quotidienne des nouveaux colons venus peupler les forêts canadiennes en mettant l'accent sur le dur labeur que cela exigeait. Dans son second chapitre, l'auteur nous place au cœur de l'action des rébellions. Il commence par rappeler que le soulèvement de 1837, qui était une menace à la loyauté canadienne, fut écrasé. Ensuite, il transporte à l'automne 1838 où les familles présentées dans le premier chapitre entrent en action. Fervents loyalistes, les hommes vont s'enrôler dans la milice en laissant femmes, enfants, et vieillards derrière eux. Ces derniers vont vivre dans la crainte de se faire attaquer par les rebelles. Ils se cacheront donc dans la forêt en attendant que les hommes reviennent. Leur périple se termine quand ils voient des soldats anglais passer avec des prisonniers rebelles. C'est à ce moment qu'ils cessent d'avoir peur car la mère patrie a su protéger ses loyaux colons. Ce récit présente un schéma actantiel très simple. Il y a le sujet qui est représenté par les familles habitant la forêt; ces familles auront pour objet le retour à la paix dans la colonie. Elles auront comme adjuvants les pères de famille qui s'enrôleront dans la milice et l'armée anglaise et, comme opposants, les rebelles et un traître qui feindra la folie pour ne pas défendre son roi. Ce rôle de traître, important dans le courant romantique de l'époque, se retrouve beaucoup sous la forme de délateur dans la littérature canadienne française. Si on regarde cette histoire d'un point de vue historique, on constate que l'auteur s'appuie sur des faits historiques. Il prend les événements de 1837-1838, qui sont réellement survenus et crée un univers fictif autour de positions vraisemblables. Par exemple, la mise en situation de la robustesse de l'adaptation et l'apprivoisement de l'environnement est véridique. J'en veux pour preuve que "Pour ceux qui sont venus s'installer dans les colonies, le simple fait d'occuper un lieu sauvage et de le défricher prend des proportions épiques. Les sociétés coloniales s'édifient à travers une lutte pour leur survivance dans un milieu nouveau" (Brown,dir., 1990: 258). Pour ce qui est des rébellions, il est difficile de parler de rigueur historique car les éléments présentés par l'auteur sont trop vagues. Des Loyaux se sont bien enrôlés dans la milice pour écraser la révolution, cependant il n'y a pas de lieux précis ou de noms associés aux insurrections. Voyons, maintenant, comment l'auteur valorise un point de vue loyaliste. Tout d'abord, il le fait par le choix de ses mots: il utilise le mot rebelle pour patriote, il précise que la révolution est une menace à la loyauté canadienne et il s'empresse de dire que les Loyaux se sont engagés dans la milice pour combattre aux côtés de l'angleterre. Enfin, il raconte l'angoisse que les Canadiens français ont fait vivre aux familles loyales. Reminiscences of the French Canadian Rebellion demeure un texte mineur passé inaperçu car la littérature canadienne anglaise n'était qu'embryonnaire au moment de sa publication. Son auteur compte en fait parmi les noms oubliés (Klinck, 1970: 229). Linda Marcotte BROWN, Graig dir., Histoire générale du Canada, Montréal, Boréal,1990, 694p.; KLINCK, Carl F. dir., Histoire littéraire du Canada: littérature canadienne anglaise, Québec, La presse de l'Université Laval, 1970, 1005p.; SPEDON, Andrem L. Tales of the canadian forest, Montréal, Lovell, 1861, 221p. p.1-20; WALLACE, Stewart W., The encyclopedia of Canada, Volume VI, Toronto, University Associates of Canada, 1940, ?p.
| |