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Le Rebelle, petite nouvelle de 38 pages, fut publiée pour la première fois en quatre parties dans un journal américain, le Courrier des États-Unis en décembre 1841. Elle fut rééditée en 1842 par Napoléon Aubin chez Aubin et Rowen.Le Rebelle met en scène Laurent de Hautegarde, un jeune leader patriote de St-Charles. Il s'agit d'une œuvre typiquement romantique, basée sur les thèmes de l'amour impossible, du déchirement entre sentiments et raison et du noble héros, luttant pour son peuple. Laurent est donc épris d'amour pour Alice MacDaniel, fille d'un Irlandais loyal de St-Charles. L'action débute à L'Assemblée des Six-Comtés du 23 Octobre et suit le déroulement des évènements de 1837. Le roman est très simpliste : il illustre une histoire d'amour dans le cadre déchirant des rébellions de 1387-38. Au fil du récit, Laurent de Hautegarde tente de concilier ses idéaux politiques et son amour pour Alice qui le supplie de ne pas participer aux troubles. Entre aussi en scène Durand, l'étranger mystérieux venu de France pour se battre aux côtés des rebelles et régler des comptes personnels avec le conseiller Barterèze, ennemi important des rebelles. Les deux héros, Durand et de Hautegarde, tendent ensemble une embuscade pour libérer deux patriotes prisonniers, qu'un groupe de loyaux conduisent vers Montréal. Il s'agit certainement d'une mise en scène des évènements de Longueuil du 10 novembre 1837. Dans la mêlée, de Hautegarde tue le frère d'Alice, Denis MacDaniel. Lorsque celle-ci apprend la nouvelle, elle est atteinte d'une attaque cérébrale dont elle mourra quelques mois plus tard. Le roman se termine sur la mort d'Alice MacDaniel, le même jour que plusieurs patriotes, dont le mystérieux Durand, sont pendus à Montréal. On ne peut pas dire que le roman possède une très grande originalité. On le dit même " [...] un piètre exemple des excès du bas romantisme français. Mal conçu et mal combiné [...] " (HAYNE, 1980 : 624). En fait, le seul véritable intérêt que présente Le Rebelle, est qu'il s'agisse du premier roman écrit sur les Rébellions. Malgré sa piètre qualité littéraire, Le Rebelle sera réédité à quatre reprises au Québec. En 1842, par Aubin et Rowen, en 1860 dans Le littérateur canadien, en 1882 dans Les Nouvelles Soirées canadiennes, puis par Réédition-Québec en 1968. L'auteur, Philippe-Régis-Denis de Keredern, Baron de Trobriand, est né en France, près de Tours en 1816. Son père avait été soldat dans l'armée napoléonienne, Trobriand est donc baigné des idées révolutionnaires dès son jeune âge. Il étudie le droit entre 1834 et 1837, mais s'intéresse d'avantage à la littérature. Il travaille ensuite au Ministère de l'Intérieur. Il doit démissionner suite à la parution de son premier roman, Les gentilshommes de l'Ouest, qui porte sur l'insurrection vendéenne et qui déclenche de vives réactions au sein du gouvernement français. Il se rend ensuite aux États-Unis où il s'installe et devient éditeur du Courrier des États-Unis. À l'été 1841, il fait un voyage au Bas-Canada où il est surpris par la résistance des Canadiens français face aux Britanniques. Il écrit sur ce sujet Le Rebelle à son retour aux États-Unis et le fait paraître pour la première fois en décembre de la même année. Selon lui son œuvre n'a rien de particulier, il ne s'agit que de simples notes de voyage. (HAMEL, 1989 : 1307). Trobriand termine ses jours aux États-Unis après avoir servi dans un corps de volontaires durant la guerre de sécession, puis dans l'armée régulière à titre de brigadier général. Il meurt à Bayport (Long Island) en 1897. Vis-à-vis de ses véritables intentions face au Rebelle, on dit en fait que Trobriand n'avaient pas une très grande considération pour les Canadiens; il les considère comme des crédules qui ont refusé de s'associer à la glorieuse révolution américaine. (HAYNE, 1980 : 624). Il est aussi l'auteur de Rachel en Amérique, Quatre ans de campagnes à l'armée du Potomac et Vie militaire dans le Dakota. Notes et souvenirs (1867-1869). Lorsque Le Rebelle paraît chez Aubin et Rowen en janvier 1842, les déchirures laissées par les troubles sont encore très présentes au Bas-Canada. Suite à cette publication, le libraire Louis Perreault est condamné à six mois de détention pour l'avoir mis en vente. Trobriand réagit fortement à l'accusation portée à Perreault par une lettre qu'il publie dans le Courrier des États-Unis le 2 avril 1842. Il y affirme que de mettre son roman à l'index, c'est le rendre plus important qu'il ne l'est véritablement. (HAMEL, 1989 : 1307). Enfin, dans les années 1930, une erreur eut lieu sur l'identité de l'auteur. Lawrence A. Bisson dans un ouvrage publié en 1933, Le romantisme littéraire au Canada-français, prétend que ce serait Napoléon Aubin lui-même qui aurait écrit Le Rebelle sous un pseudonyme. Il soutient cette idée en justifiant que le nom de Régis de Trobriand n'apparaît dans aucun guide de littérature canadienne ; il aurait en fait été trompé par une gravure de Aubin qu'on retrouve en couverture de l'édition de 1842. (DROLET, 1842 : 6). MAXIME GOHIER HAMEL, Réginald., et autres, " TROBRIAND, RÉGIS DE (1816-1897) ", Dictionnaire des auteurs de langue française en Amérique du Nord, Montréal, Fides, 1989, 26 : 1307-1308.; HAYNE, David M., " Le Rebelle ", Dictionnaire des œuvres liuttéraires du Québec, sous la dir. de Maurice Lemire, Montréal, fides, 1980, tome I :622-624.DE TROBRIAND, Le Baron Régis., Le Rebelle, Histoire canadienne, Montréal, Réédition-Québec, 1964, 38p.; DROLET, Antonio., " Régis de Trobriand, auteur du Rebelle (Québec, 1842) ", Bulletin des recherches historiques, Lévis, 1958, vol. 64, no 1 : 5-6.
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