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Anciennement le comté de Leinster, le comté de Lachenaie est créé lors de la réforme électorale de 1829. Il est situé au nord-est de Montréal, à 35 km du centre-ville actuel, en face de la jonction de la rivière des Milles-Iles et de la rivière des Prairies. Le comté se situe donc en partie dans les Basses-Terres du Saint-Laurent, région dont les terres sont très fertiles et dans le Bouclier canadien, zone plus rocailleuse. De plus, le comté est bien pourvu en cours d'eau qui irriguent les champs. Bien que leur débit soit trop faible pour permettre la navigation, plusieurs d'entre-eux servent au transport de billots de bois, comme les rivières l'Assomption, Achigan ou de la petite-Mascouche sur lesquelles on retrouve plusieurs moulins à farine et à scie (Bouchette; 1815). Au niveau de la végétation, on retrouve de l'érable, du bouleau, du hêtre et des conifères tels le pin et l'épinette. (Martel, 1983 : 22-24).
Le comté de Lachenaie est presqu'entièrement découpé en seigneuries mais contient quelques cantons comme Rawdon, Kilkenny ou Kildare. Les seigneuries les plus importantes selon Bouchette sont celles de Saint-Sulpice, Lachenaie, de Repentigny et de l'Assomption (Bouchette; 1815).
Depuis les premières élections en 1792, le comté de Leinster n'a élu qu'un seul député avec un nom à consonance anglophone, soit George McBeath. Tous les autres sont francophones et semblent appartenir au Parti canadien. Notons simplement les noms de Joseph et Denis-Benjamin Viger (comté de Leinster) et de Ludger Duvernay (comté de Lachenaie) comme députés les plus connus de nos jours et élus par la population de ce comté. De plus, alors que le comté de Lachenaie disparaît en 1841 à la suite de l'Union en faveur du comté de Leinster, Jacob DeWitt et Louis-Michel Viger y sont élus députés (Martel; 1983 : 328-329). La principale concentration d'activités patriotes se situent dans le nord de la seigneurie de l'Assomption, entre la seigneurie de Lachenaie et celle de Saint-Sulpice, dans le village de Saint-Roch-de-l'Achigan. Plusieurs assemblées y sont convoquées entre 1834 et 1837 pour lesquelles nous avons peu de détails.
Bien que les habitants du comté de Lachenaie soient ouverts aux idées réformistes des Patriotes, peu d'entre-eux semblent enclins à se joindre au mouvement armé. En fait, seuls quatre noms de Patriotes ayant été impliqués dans les troubles de 1837-1838 sont connus à ce jour grâce à la liste de Jean-Paul Bernard (1983 : 309-310), dont un député, Charles Courteau (Martel, 1983 : 329). Pourtant, 84 noms de patriotes ayant participé à plus de quatre activités patriotes sont recensés (Patriote; 2000). Cependant, il semble que les interventions du seigneur de Lachenaie, John Pangman et du capitaine de milice, Étienne Mathieu aient été assez influentes pour étouffer ces manifestations (Martel; 1994 : 27-28). Parallèlement, aucune activité loyale n'est signalée dans ce comté (Patriote; 2000).
Après l'union du Haut et du Bas-Canada, les électeurs du comté de Lachenaie se tournent vers les réformistes jusqu'à ce que l'Acte de l'Amérique du Nord Britannique soit adopté en 1867 alors que le Canada est créé. On peut alors constater les penchants des électeurs pour des députés conservateurs.
Philippe Cliche
BERNARD, Jean-Paul, Les rébellions de 1837-1838, Montréal, Boréal, 1983 :309-310; BOUCHETTE, Joseph, Topographical description of the province of Lower Canada, réédition, Québec, 1977 (1815), 654 p.; MARTEL, Claude, Lachenaie 300 ans d'histoire à découvrir 1683-1983, Lachenaie, La Corporation du Tricentenaire de Lachenaie, Ltée, 1983, 408 p.; MARTEL, Claude, Lachenaie : Du fort à la ville, 1994, Terrebonne, coll. Histoire des municipalités, région de Lanaudière, no1 :28-29.
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