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Les Patriotes de 1837@1838 - La milice canadienne à l'époque des Rébellions
 ANALYSE 
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La milice canadienne à l'époque des Rébellions
Article diffusé depuis le 20 mai 2000
 




La milice possède un rôle important dans l'histoire militaire canadienne. Structure militaire étroitement associée à l'époque coloniale du Québec, en particulier à celle de la Nouvelle-France, elle tend à ses débuts à être une organisation défensive à l'échelle locale dans le but de compenser le manque de soldats " professionnels " attendus de France. Le contexte colonial le suggérant à cause de la menace amérindienne bien réelle (Dion, 2000 : p.108). Par conséquent, la milice est devenue une institution militaire parallèle à l'armée française puis à l'armée britannique suite à la Conquête de 1760, mais largement demeurée fidèle au pouvoir politique en place. La milice devient un instrument favorisant la cohésion du tissu social du peuple canadien-français (Chartrand, 1993 : p.156).

Cette institution est aussi une structure hiérarchisée où le capitaine de milice possède un rôle stratégique dans la chaîne de commandement. Dans une perspective grossière, les capitaines doivent répondre aux exigences de l'état-major qui, lui, comprend les postes d'officiers supérieurs, tels que major, lieutenant-colonel et colonel qui, à son tour, doit obéir aux prescriptions de l'intendant et du gouverneur général, contribuant ainsi à soutenir l'administration centrale. C'est non seulement un chef de guerre, en cas d'urgence et durant les appels, mais aussi, dans des foules d'autres circonstances, le lien entre les habitants et le gouvernement. Le capitaine voit à faire appliquer les règlements municipaux en vigueur et à venir, ainsi qu'à voir au bon déroulement des travaux publics, c'est-à-dire les corvées (Chartrand, 1993 : p.155). Le grade de capitaine de milice est convoité à cause des nombreux avantages qui s'y rattachent ainsi que le prestige et l'influence exercée sur la communauté. Par exemple, à l'église, le capitaine de milice possède sa place juste derrière le seigneur et reçoit le pain bénit après celui-ci. Il n'a pas à payer la taxes royales comme le doivent les seigneurs et les clercs (Chartrand, 1993 : p.155). Exempté de l'obligation de loger des soldats à sa résidence, il détient par contre l'obligation d'émettre et de distribuer les billets de logement indiquant à chaque soldat dans quelle famille il devra camper. Il ne faut pas négliger que l'homme qui accède à ce poste jouit déjà d'une certaine popularité, il sait lire et écrire et possède une relative aisance financière car le poste n'est pas rémunéré (Chartrand, 1993 : p.154). Ce poste requiert tout de même une certaine compétence militaire puisque le capitaine doit faire l'appel des miliciens, mener les manœuvres militaires dont l'entraînement physique, la " drill ", etc. Pour sa part, le milicien doit consacrer l'équivalent d'une semaine et plus par an à son capitaine pour les mesures décrites ci-dessus, en plus de participer aux rassemblements locaux et d'envergure régionale. De manière générale, le capitaine de milice est rattaché de près ou de loin à tout ce qui à trait aux affaires municipales et du gouvernement local. On s'attend donc à ce qu'il soit un agent efficace du pouvoir central.

En ce qui concerne le rôle soutenu par la milice et ses capitaines lors des troubles de 1837-1838, il n'y a guère de manifestation de sa part. Cela laisse perplexe quand on sait l'ampleur de son action à l'occasion de la Révolution américaine par exemple. Selon Dion et Legault, la milice ne jouit pas d'une forte présence durant les Rébellions car elle est l'objet de la convoitise des acteurs sociaux et politiques qui l'ont transformé en un terrain d'affrontement avant même que n'éclate la violence en 1837. Dès 1826, jusqu'au début des années 1830, une volonté de réforme est mise en branle, mais cette période d'instabilité politique empêche une direction claire. L'Acte de 1830 est bien un exemple de consensus social et politique, mais le fait est que lors des deux années de la rébellion au Bas-Canada, les troupes de Volunteers, très actives, profiteront d'un appui inconditionnel de l'administration et de l'argent de la caisse militaire pour ainsi faire échec à la milice en tant que force militaire (Dion, 2000 : p.116). Dès 1832-33, des Loyaux jugeant la situation bas-canadienne de plus en plus complexe, prennent l'initiative de former des " Clubs " dans le but de discuter et de réagir, avec la force si la contrainte les y obliges, à la dynamique instaurée par l'Assemblée législative et le Parti patriote. D'où l'origine du concept de Volunteers évoqué plus haut. De plus près, il y a quand même la démission massive des juges de paix, toutefois remplacés par les capitaines de milice. Par exemple, le 1er octobre 1837, à Deux-Montagnes, le juge de paix est remplacé par le capitaine de milice. Le phénomène se répand à cause du symbolisme de l'acte: le juge de paix représente les institutions britanniques où la corruption n'est plus à prouver, tandis que le capitaine de milice incarne la notion de justice populaire qui est bien développée dans la mentalité canadienne-française.

Éric Fortin

CHARTRAND, René, Le patrimoine militaire canadien ; D'hier à aujourd'hui ; Tome1 (1000-1754), Montréal, Art Global, 1993, pp.154-162.; DION, Dominique et LEGAULT, Roch, " L'organisation de la milice de la région montréalaise de 1792 à 1837 : de la paroisse au comté ", Bulletin d'histoire politique; vol. 8, nos.2-3, 2000, pp.108-117.; OUELLET, Fernand, Éléments d'histoire sociale du Bas-Canada, Montréal, Hurtubise HMH, 1972, pp.351-378..

 




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