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Les Patriotes de 1837@1838 - Les États-Unis et les Rébellions au Canada
 ANALYSE 
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Les États-Unis et les Rébellions au Canada
Article diffusé depuis le 15 octobre 2000
 




Les États-Unis ont beaucoup changé depuis leur accession officielle à l'indépendance en 1783 à la suite de la signature du traité de Paris entre l'Angleterre et les États-Unis. Aux treize colonies initiales se sont ajoutés treize autres États entre 1791 et 1837 (Kaspi, 86 : 147). Il existe à cette époque vingt-six États dans l'Union américaine, treize sont esclavagistes et treize sont anti-esclavagistes. L'implication d'une nouvelle annexion entraînerait un avantage d'un coté ou l'autre. Ce dilemme se pose dès l'accession à la présidence de Martin Van Buren alors que se pose la question de l'annexion de la Floride, un État esclavagiste. La Constitution américaine permet la nomination par les législatures des États de deux sénateurs. Les Nordistes, quant à eux, désirent annexer le Canada pour contrer les Sudistes qui veulent l'annexion de la Floride pour conserver l'égalité au Sénat (Kaspi, 86 : 124).

Durant les troubles dans les deux Canadas, les rebelles du Haut et du Bas-Canada ont tenté à plusieurs reprises d'entraîner le gouvernement américain à déclarer la guerre à la Grande-Bretagne. Cependant, les États-Unis ont une politique de neutralité proclamée par le premier président de l'histoire américaine, Georges Washington, le 22 avril 1793. Celle-ci, enjoint tous les citoyens américains à entretenir une amitié cordiale et impartiale, et de prévenir tout acte hostile envers des puissances belligérantes. Cette proclamation sera confirmée par la loi de neutralité votée en 1794 (Bemis, 55 :96-99).

Des Américains prennent cependant part aux combats aux côtés des rebelles lors des insurrections. Ce cas n'est pas le premier où des citoyens américains prennent les armes contre des pays belligérants en infraction aux lois de neutralité américaine. Cette loi de neutralité est renforcée le 17 mars 1818 et le 20 avril 1819 à la suite de rébellions dans les colonies hispaniques en Amérique du Nord :

Chaque personne, qui, en juridiction avec les lois des États-Unis, débutant, ou participant, ou prévenant, ou préparant, une expédition militaire, ou une entreprise contre un territoire, ou un domaine, d'un prince, ou état étranger, ou colonie, district ou personne, avec lesquels les États-Unis sont en paix, seront passibles de peines de trois mil dollars et un emprisonnement d'un maximum de trois ans (Bemis, 55 :199).

Cependant, la loi ne peut prévenir l'émigration de citoyens américains, ni le service militaire pour une personne ou prince hors des frontières américaines. C'est ainsi que plusieurs Américains joignirent les rangs du Texas contre le Mexique en 1836. Lorsque l'insurrection éclate dans les Canadas, plusieurs efforts sont faits de la part des Patriotes pour que la notion de belligérant leur soit accordée à la suite des premiers combats au Canada. Le président Van Buren fit une allocution spéciale devant le Congrès déclarant que les lois existantes sont inadéquates, les événements à la frontière canadienne et ceux de l'année précédant au Sud, l'illustrent bien (Bemis, 55 : 223). Le Congrès adopte presque immédiatement l'acte du 10 mars 1838, qui permet aux autorités américaines de saisir les vaisseaux préparant une attaque hostile contre un État étranger et tous vaisseaux suspects, véhicules, armes ou munitions destinés à mener une guerre. Cet acte est cependant limité pour une durée de deux ans (Bemis, 55 :223).

Les lois votées resteront sans effet important. Les habitants de l'État du Vermont et de New York veulent éliminer du continent américain toute souveraineté européenne et souhaitent l'indépendance du Canada pour ainsi les voir se joindre à eux sous la bannière étoilée (Bemis, 55 : 299). Les meneurs du mouvement canadien qui se réfugient aux États-Unis sont reçus avec enthousiasme. Il y eut même l'enrôlement d'Américains pour attaquer les armées britanniques dans le Haut-Canada.

Bien que le Président Van Buren ne veuille pas une expansion de l'esclavage, il ne peut déclarer la guerre à la Grande-Bretagne sans l'approbation du Sénat dominé par les démocrates. Une déclaration de guerre dénoncerait implicitement les privilèges de la classe aristocratique. Ces privilèges que possèdent les riches planteurs du Sud sont garantis par la Constitution. Une guerre contre la Grande-Bretagne pourrait déclencher une guerre civile dans l'Union. Donc, ce gouvernement pro-sudiste, dirigé principalement par cette aristocratie, s'empresse alors de renforcer les lois de neutralité. De plus, ce serait en quelque sorte se tirer dans le pied que d'accepter l'indépendance des Canadas, qui intégrerait par la suite l'Union comme État libre. Il faut bien comprendre que les insurrections dans les Canadas ont des enjeux beaucoup plus importants que la simple indépendance de colonies britanniques. Ces insurrections s'insèrent à l'intérieur du contexte historique qui empoisonne la politique américaine et qui va aboutir à la guerre civile en 1861.

Les États du Nord sont beaucoup plus libéraux et ouverts en particulier au courant Whig; ils sont donc favorables à la libération du peuple canadien de l'oppression britannique. Les gens du Vermont et de l'État de New York vont à plusieurs reprises porter main-forte aux insurgés canadiens. De nombreux meetings sont tenus dans les grands villages du Nord de ces deux États qui arboreront l'étendard de la révolte en récoltant des fonds et en approvisionnant les insurgés (Bemis, 55 :299) L'incident du Caroline à la frontière américano-canadienne est sans doute le plus important. Des rebelles du Haut-Canada se réfugièrent sur l'île Navy où des Américains anglophobes leur prêtèrent main-forte en les ravitaillant à l'aide du vapeur Caroline. Des Loyaux voulant en découdre, décident d'aborder la rive américaine et d'incendier ce bateau et d'en détacher les amarres le 29 décembre 1837 (Bemis, 1955 :259). Cet acte créa un incident diplomatique entre les États-Unis et la Grande-Bretagne parce que l'attaque contre le Caroline s'était déroulé en eaux territoriales américaines. De plus, un citoyen américain avait été tué cette nuit-là, aggravant la situation. Des rumeurs de guerre circulèrent des deux côtés et chaque parti renforça ses défenses frontalières (Degler, 1980 : 171).

Les États du Vermont et de New York jouèrent un rôle important lors des rébellions, en plus d'être un lieu de refuge, ils permettront aux rebelles de poursuivre leurs activités aux frontières avec la publication de deux journaux en faveur de l'indépendance des Canadas; le North American, publié à Swanton du 19 avril 1939 à août 1840, et Le Patriote canadien publié à Burlington du 7 août 1939 à février 1840 (Bernard, 90 :261).

Patrick Gauthier

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BEMIS, Samuel Flagg, A Diplomatic History of the United States, 4e édit. New York, Holt, Rinehart and Winston, 1955, 1018p.; BERNARD, Jean-Paul., " Vermonters and the Lower Canandian rebellions of 1837-1838 ". Vermont history, 58,4( automne 1990): 250-263; BRUCE, David K. Les Présidents des U.S.A. de Georges Washington à Abraham Lincoln (1789-1865), trad. de l'américain par Pierre Singer, Paris, Gallimard, 1954, 462p.; DEGLER Carl N., Histoire des États-Unis, Paris, Économica, 1980, 680p.; KASPI, André, Les Américains I. naissance et essor des États-Unis 1607-1945, Éditions du Seuil, 1986, 339p.

 


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