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L'Australie est, au moment des troubles dans le Bas-Canada, une colonie britannique. À cette époque, les Européens sont concentrés dans la partie sud, la Nouvelle-Galle du Sud. Des aborigènes peuplent déjà l'immense île et les Anglais cherchent à y établir des Blancs. Pour ce faire, l'Australie devient une colonie pénitentiaire. " Celle-ci, peuplée en 1788 de 1500 hommes dont 800 forçats ( repris de justice, opposants irlandais), fut suivie de plusieurs autres jusqu'en 1840. " (Robert 2, 1999, 150). Comme tout est encore à bâtir, l'activité économique se centre sur l'aménagement du territoire par d'immenses chantiers. Il y a beaucoup de coupe de bois, d'exploitation de carrières ainsi que de construction de route ou travaillent les détenus sous la responsabilité de commerçants anglais. Les activités portuaires occupent aussi un rôle important à Sydney. Les religions catholiques et anglicanes sont présentes dans l'île.Du 28 novembre 1838 au 1er mai 1839, 14 procès ont eu lieu dans le Bas-Canada en lien avec les Rébellions. Le gouverneur de l'époque, Colborne a traité en justice 108 accusés. De ce nombre, 9 furent acquittés et 99 condamnés à mort. Par la suite, 12 ont été pendus, 2 bannis du pays, 27 libérés sous caution et 58 ont été déportés. Ces derniers sont emprisonnés et le 25 septembre 1839, ils reçoivent la nouvelle qu'ils devront s'exiler en Australie. Les adieux à la famille et aux amis sont très brefs puisqu'ils quittent le pays le 28 du même mois. Du voyage, on retrouve aussi 83 prisonniers politiques du Haut-Canada. Le trajet, qui dure plus de cinq mois sans escale, se fait dans des conditions exécrables. " On devait garder le silence le plus absolu pendant la nuit. Il était défendu de communiquer, en aucun temps, les uns avec les autres, d'un côté à l'autre des logements, et nul ne pouvait aller aux lieux d'aisance,..., sans la permission du sentinelle. " (Prieur, 1838, 150). Du nombre, un seul, venant du Haut-Canada, meurt durant le voyage. Le 16 février 1840, les prisonniers du Haut-Canada débarquent à Hobart et le 25 février, le reste des occupants arrivent devant Sydney. Ils font la rencontre de Monseigneur Polding qui leur permet de s'installer à Longbottom. Ils s'installent donc dans le camp sous la direction de Baddely. Ils ont au départ la tâche de construire la route de Sydney à Parramatta. Par la suite, ils connaissent plus de liberté et les exilés peuvent travailler pour les habitants qui les logent, les nourrissent et leur versent une petite rémunération. À partir de février 1842, les prisonniers sont libres et peuvent obtenir la citoyenneté du pays. La majorité respecte les lois imposées et certains possèdent même de petits commerces. " En avril 1844, 5 Canadiens ont reçu leur pardon complet. Le 24 juin de la même année tous les autres exilés avaient reçu les documents les déclarant hommes libres. " (Bergevin, 1991, 27). Pour retourner au Canada, ils doivent payer leur voyage jusqu'à Londres. Donc, le 8 juillet 1844, 38 patriotes peuvent quitter l'Australie. Les autres infortunés le feront plus tard. De Londres, ils se dirigent vers New York où ils débarquent le 13 janvier 1845. Les frais de cette partie du voyage ont été défrayés par l'Association de la Délivrance de Montréal. Des 58 exilés du départ, un s'y établit définitivement (Marceau) et deux sont morts (Gabriel Ignace Chèvrefils et Louis Dumouchel) " ils ne relevèrent pas de leurs maladies; tous deux sont morts sur la terre étrangère. " (Prieur, 1884, 159). Les patriotes déportés ont laissé leur trace en Australie puisqu'on retrouve dans le région de Longbottom et de Sydney, Marceau road. De plus, les baies de la région portent des noms comme France Bay, Exile Bay et Canada Bay et un monument est érigé en leur honneur. Ce dernier fut érigé en 1970 par le Premier ministre du Canada de l'époque soit Pierre-Elliot Trudeau. Finalement, les déportés canadiens ont inspiré divers ouvrages australiens. TINA RIOUX Ouvrages cités BERGEVIN, Henri, Les patriotes exilés en Australie en 1839, Joliette, La société de généalogie de Lanaudière, 1991, 52 p.; LE PETIT ROBERT, Australie, Paris, Dictionnaires le Robert, 1999, 2259 p.; PRIEUR, François-Xavier, Notes d'un condamné à mort, 1884, Librairie St-Joseph, 1884, 240 p..
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