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Les Patriotes de 1837@1838 - La classe seigneuriale
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La classe seigneuriale
Article diffusé depuis le 20 mai 2000
 




Le seigneur est un personnage central de la société rural où il est le premier partout, dans l'économie, à l'église et même au cimetière! Après la conquête de 1760, les Britanniques ont aboli les droits juridiques des seigneurs (désormais confiés à des juges de paix), mais ont reconnu les droits de propriétaire à cette centaine d'aristocrates qui tiennent feu et lieu dans la seigneurie. C'est que les Britanniques, attirés par les récoltes alors abondantes et par le prestige aristocratique, achètent eux-mêmes des seigneuries et bénéficient de ce système. Les Edward Ellice ou William Christie, une fois enrichis par le commerce colonial, s'emparent de la moitié des seigneuries au tournant du XIXe siècle et entendent profiter des rentes élevées que payent les paysans. Ces étrangers ne sont pas forcément mal vus par les habitants qui les associent plutôt à de riches investisseurs en mesure de créer des emplois dans la localité.

Les Anglais comptent aussi sur la coopération des seigneurs pour maintenir leur pouvoir au Canada. Jusqu'en 1810 environ, les officiers de l'armée britannique, composée de membres de la petite noblesse anglaise, développent des liens avec la classe seigneuriale canadienne et forment, avec l'Église et des hauts-fonctionnaires anglais, une alliance conservatrice fidèle à l'Angleterre. Les portes de l'armée, des magistratures et des Conseils sont donc ouvertes aux seigneurs qui, à leur tour, marient leurs enfants à ceux de l'élite anglaise. Évoquons par exemple Charles-Michel de Salaberry (1778-1829), un seigneur canadien qui fait pourtant carrière dans l'armée britannique. Il sert en Irlande et en Jamaïque avant de se distinguer lors de la Bataille de Châteauguay en octobre 1813 et devenir Compagnon de l'Ordre du Bain en 1817. Pour Salaberry, la solidarité à son rang, à sa classe et à son roi dépasse l'appartenance nationale ou culturelle. Ce pacte aristocratique implique donc des francophones et des anglophones, mais conjointement et solidairement attachés à leurs privilèges de classe.

Le prestige et le pouvoir économique des seigneurs est en revanche en constant déclin depuis 1780 alors que le peuple leur reproche d'être vendus aux intérêts anglais et que les marchands les accusent de retarder le progrès par la tenure seigneuriale: cet édifice vermoulu du moyen âge [qui] n'a pas de fondement solide en Amérique. A mesure que s'installe la crise agricole vers 1815 et que le commerce du bois supplante l'agriculture dans l'économie, les seigneurs voient de plus diminuer les revenus tirés de la rente seigneuriale et tentent de l'augmenter. Les censitaires réclament alors l'abolition de ce régime puisque les charges qu'on leur impose sont intolérables, et que si la Législature ne vient à leur secours, une ruine inévitable les attend (1843). Ce régime est aboli en 1854 par le parti conservateur dominé par la grande bourgeoisie d'affaires. Les seigneurs francophones gardent bien un prestige local, mais ils se confondent vite avec les professions libérales en devennant avocats ou médecins. Fort peu se lancent en affaires.

 




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