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Les Patriotes de 1837@1838 - <i>Les grands soleils</i>, la pièce de Jacques Ferron sur les patriotes
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Les grands soleils, la pièce de Jacques Ferron sur les patriotes
Article diffusé depuis le 16 août 2010
 




À la fois illustre et méconnu, le docteur Jacques Ferron est surtout réputé pour ses contes où il revisite un genre autrefois très populaire mais dans une facture moderne.  L'auteur de L'amélanchier s'est aussi intéressé aux patriotes, notamment dans une pièce remarquable, au titre énigmatique : Les grands soleils, écrite en 1964.  À notre connaissance la pièce fut montée à très peu d'occasions et jamais à l'endroit où elle était pourtant censée être jouée : au pied du monument de Jean-Olivier Chénier, dans le parc Viger de Montréal. 

Le 24 mai 2010, à l'occasion de la huitième journée nationale des patriotes, huit étudiants du cégep du Vieux Montréal ont donc relevé le défi de produire la pièce en plein air.  La production fut également présentée au cégep du Vieux Montréal quelques jours auparavant, ainsi que devant quelques centaines de personnes, au carré Saint-Louis cette fois, au terme de la marche commémorative des Jeunes patriotes.

Pour des raisons pratiques, la production a pris la forme d'une lecture jouée et, le texte, d'une durée approximative d'une heure trente, ramené à un montage de 20 minutes environ.  C'est cette version que nous vous proposons.  Elle permet selon nous de conserver à la pièce toute sa densité et sa pertinence. La pièce telle que réarrangée se prête particulièrement bien à une lecture publique et les intéressés sont invités à la reprendre dans leur milieu afin de rendre hommage aux patriotes, ainsi qu'à l'oeuvre de Jacques Ferron.

 

 

 

** Synopsis **

L’action se déroule à la fois dans la région de Saint-Eustache au temps de la Rébellion de 1837 et de nos jours, au carré Viger, à Montréal.

Au premier acte, en octobre 1837, entre un accouchement fait et un accouchement à faire, le docteur Jean-Olivier Chénier révèle qu'un mandat d'arrestation vient d'être lancé contre Louis-Joseph Papineau, le chef de la rébellion des patriotes, pour lequel il marque son admiration, rappelant l'idéal démocratique qui les animait, se réjouissant de ce mandat car, si l'on arrête le chef de la rébellion, le peuple se révoltera. La lutte armée apparaît inévitable ! « Au service de Chénier » mais n’ayant « rien d'une servante », Élisabeth a vu en rêve l'église de Saint-Eustache en flammes et Chénier sautant par une fenêtre, un fusil à la main. En même temps, l'«habitant » (paysan) Félix Poutré vient quérir les services du docteur Chénier pour l'accouchement de son dix-septième enfant, et le ministère du curé qui devra, le lendemain, le baptiser. En route, il rencontre et reconnaît son fils, François, qui s'apprête comme tant d'autres Canadiens à s'exiler. Il l'incite à rester à la maison et à porter le ruban blanc des Patriotes, car son autre fils, Michel, porte déjà le ruban indigo du parti des Chouayens, les collaborateurs des Anglais : l'habitant croit ainsi assurer ses intérêts pour l'avenir, quelle que soit la faction victorieuse.

De nos jours aussi c'est l'automne : au parc Viger, le « robineux » Mithridate (qui mène le jeu) et l’Amérindien Sauvageau ont allumé un petit feu de feuilles mortes ; « la moisson est engrangée ; il ne reste au jardin que des citrouilles ». Ils s’interrogent sur la signification, dans le décor, du monument Chénier : honneur ou désastre? Mithridate proclame : « Le désastre eût été qu’au-dessus de nous il n’y eût pas de monument. » Ce conditionnel passé instaure ia problématique de la pièce : que vaut l'échec héroïque de Chénier?

Le deuxième acte commence par un retour en arrière sur la vie d'Élisabeth qui, orpheline issue de parents britanniques, fut recueillie à trois ou quatre ans par les ursulines et élevée par leurs soins. Sa conversation avec le curé amorce vraiment la thématique fondamentale de la pièce : quelle sorte de peuple sont les Canadiens français? Et les répliques apportent des éléments de réponse : «un peuple d'habitants », tenu en enfance par le clergé et par les religieuses qui, enseignant l'amour de Dieu, connaissent mal «la réalité de tous les jours, le Pays tel qu'il est ». L'idéologie régnante a mis l'accent sur la famille, sur la paroisse, sur le Ciel. «Nous n'en sommes pas encore à la Patrie », avoue le curé qui se définit comme nationaliste modéré, mais aussi comme loyal au roi dont l'autorité vient de Dieu. Chénier lui-même a rompu avec cette résignation prêchée par le clergé et qui facilite sa domination sur le peuple : «Il faut que les autres peuples sachent que nous sommes leurs égaux. »

Puis sont racontées la bataille de Longueuil, le 16 novembre, bel exploit du « beau Viger » qui « eut le pouce coupé au-dessus de l'ongle », et la victoire des Patriotes à Saint-Denis, le 22 novembre 1837, qui entraînent des réactions différentes selon les personnages : enthousiasme de Chénier, scepticisme du curé et revirement de Poutré qui, devant cette victoire, fait mine de se ranger du côté des Patriotes.

Dans la dernière scène, les deux époques et les deux lieux de l'action se mêlent. Chénier demande à Mithridate s'il ne vaudrait pas mieux «être un médecin, un simple médecin » traversant la vie avec son petit portuna à la main. En apercevant son monument, il obtient du coup sa réponse : l'Histoire reconnaîtra son action héroïque et ainsi la Patrie sera sauvée. Il peut donc trinquer et boire un coup de « robine » (alcool frelaté) avec Mithridate.

Au troisième et dernier acte, en cette date mémorable du 14 décembre 1837, va avoir lieu la décisive bataille de Saint-Eustache. Chénier met Élisabeth sous la protection du curé. On évalue les forces militaires en présence : le général anglais Colborne s'approche avec deux mille hommes, accompagnés de canons. Chénier dispose de deux cents hommes mal armés. Papineau est déjà en exil et Nelson, en prison. Chénier conserve un optimisme de commande : il attend la victoire et le jour où les feux s'allumeront partout sur les collines, à travers le pays ; mais il demande à Élisabeth de mettre une robe noire, et pressent avec tristesse ce qu’il adviendra de lui. Conscient qu'il va effectuer «le saut de la mort », il maudit les Chouayens.

Une scène burlesque montre le fils Poutré punissant parodiquement son père qui n'est pas patriote.

Les soldats anglais arrivent dans le village. S'ensuit le récit détaillé de la bataille, fait par Mithridate. Les scènes suivantes constituent un retour sur la mort héroïque de Chénier et font l'interprétation de son geste, de la portée historique de son dévouement. Mithridate transforme en victoire la défaite du révolutionnaire vaincu. On envisage un hiver qui sera peut-être long, réellement et symboliquement.

Tout à la fin de la pièce, une jonction s'opère entre Élisabeth et François qui prennent le sac de Sauvageau, présage de leur fécondité. Elle ne reconnaît ni Mithridate, ni Sauvageau, elle ignore même le nom de Chénier. Mais, lorsqu'enfin elle se souvient, elle revient auprès du « sauvage » et du « robineux », une fleur de tournesol à la main qu’elle vient de trouver au milieu de la rue, en ville, demande : « L'hiver est-il fini? », car, un grand soleil : « C'est l'étonnante patrie qui renaît quand on s'y attend le moins.»
 

 

 




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