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Wolfred Nelson Écrits d’un Patriote, édition préparée par Georges Aubin,
Comeau & Nadeau, Montréal, 1998, 177 pages.
La vie et l’œuvre de ce Nelson (1791-1863), frère de Robert (1793-1873),
celui-là même qui est à la source de la déclaration d’indépendance du Bas-Canada,
Wolfred de son côté, fut un médecin éminent, un homme politique, qui siégea
comme député patriote à l’assemblée législative du Bas-Canada et qui fut aussi
plus tard maire de Montréal, alors qu’il battit, par quelques dizaines de voix
seulement, son adversaire le libraire Édouard-Raymond Fabre (1799-1854),
partisan de Louis-Joseph Papineau (1786-1871) que Wolfred se mit à combattre à
l’instigation de Lafontaine, est surtout connu comme le vainqueur des Anglais à
Saint-Denis-sur-le-Richelieu.
Figure emblématique de ce mouvement révolutionnaire patriote, le Docteur, malgré
ses origines anglaises et irlandaises, a pris très tôt fait et cause pour les
Canadiens-Français qui combattaient l’oligarchie britannique dont les membres
s’enrichissaient et prospéraient en volant l’argent de la caisse publique et en
occupant les principales fonctions publiques alors disponibles. Le scandale des
commandites a des origines lointaines ! Le cumul des postes était
monnaie-courante. Pendant que le peuple faisait disette, ces Anglais se
vautraient dans une richesse et une tyrannie singulièrement horrifiantes. La
grande majorité de la population était d’origine française au Bas-Canada
(1791-1840) et celle-ci était, à toutes fins pratiques, écartée des affaires
publiques et politiques. Le parlement n’était qu’un leurre puisque les élus du
peuple n’avaient aucun pouvoir véritable, réduits qu’ils étaient qu’à ne voter
que des vœux pieux puisque le Gouverneur et son conseil avaient droit de veto
sur toute résolution adoptée par l’assemblée…
Dans ces écrits que Georges aubin a colligé si patiemment, on trouve, entre
autres, plusieurs lettres adressées à Ludger Duvernay (1799-1852), fondateur de
la Société Saint-Jean-Baptiste, éditeur de plusieurs journaux, député de
Verchères et animateur du mouvement patriote. Ces échanges montrent la situation
extrêmement précaire que connu Duvernay lors de son exil aux Etats-Unis; sa tête
était mise à prix au Bas-Canada.
La lecture de ces textes enrichira les connaissances et la culture du lecteur,
elle le plongera au cœur des enjeux de cette époque parmi les plus
effervescentes de notre histoire nationale. Acteur de premier plan, militant
engagé, ce Nelson attend toujours qu’un chercheur lui consacre les énergies qui
conduiront à la rédaction de l’imposante biographie que son rôle et son statut,
sa notoriété et son courage commandent pourtant depuis longtemps… Il y eu, en
son temps, Robert Prévost qui ouvrit la voie à cette recherche dans un livre
devenu introuvable.
Gilles Rhéaume
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