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Chère amie De la politique, ne m'en demande pas -- Il n'y en a pas de plus positive ici que chez vous. Le mal est extrême. Le gouverneur et les Commissaires le voient clairement. Mais voient-ils bien quels sont les remèdes convenables ? Ils font parler, mais ne disent rien eux-mêmes. Ils doivent comprendre, à la violence grossière avec laquelle ils sont attaqués, qu'ils ne peuvent pas administrer; qu'à chaque pas qu'ils feront, ils seront insultés par nos adversaires; ou accusés par nous. Néanmoins, ils ont l'air, par leur silence et leur inaction, de vouloir suivre cette politique vacillante et timide qui attise le feu de la discorde dans la province. Je les voudrais voir se prononcer de suite pour ou contre nous. Ils ont dit de belles choses; mais ils ne rem, 373 plissent pas des emplois vacans; mais ils ne forçent pas ceux de leurs officiers qui ont plusieurs emplois à choisir. La confiance des membres s'affaiblit en eux. Ils se mettent en CORRESPONDANCE avec les associations constitutionnelles--C'est leur Secrétaire qui écrit, et à qui l'on répond. C'est une bévue. Ils auraient du lui répondre comme à un simple particulier, non comme à l'organe d'un corps public. De la politique, ne m'en demandes pas, mes principes sont fixes, sont immuables. Je ne doute pas que la grande majorité de la Chambre ne tienne à ses principes. Je connais mon pays, mais les Commissaires, je connais qu'ils ne savent trop ce qu'ils veulent, excepté du délai et de l'argent. Oh! pour cela, ils en demandent plus qu'ils n'en auront. J'ai eu une lettre d'Amédée qui m'a fait plaisir. Lactance est revenu au collège et passablement bien. Ils sont tous deux contents du collège et croient que l'on y est content d'eux. Ils avaient reçu ta lettre et promettaient d'être plus exacts à t'écrire. Dis moi un mot de M(me) Plamondon dans tes lettres. Je vois quelques fois d'aucuns de la famille qui m'en demandent des nouvelles, j'aimerais à leur en dire puis aussi à en avoir. Elle est une de mes anciennes amies, et je ne change jamais en amitié. Mes respects et amitiés à mon père. Embrasses nos chers petits enfans. Que le moment ou je vous reverrai sera heureux, que celui où je vous laisserais serait pénible, si ce n'était qu'après quatre ou cinq jours de résidence à Montréal. Que mon Exilda et mon Gustave s'appliquent de toutes leurs forces à leur école, pour rendre leur bon papa heureux quand il les reverra. Pour toi chère amie veille avec soin à ta santé. Tant que nous vivrons, nos sentimens d'attachement et d'estime mutuels sont assez forts & anciens pour savoir qu'ils seront toujours ce qu'ils doivent être, inaltérables. Adieu, tout à toi ton bon ami & fidèle époux.
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