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Les Patriotes de 1837@1838 - Lettre de Papineau à sa femme ( A P Q P - B : 2 5 )
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Lettre de Papineau à sa femme ( A P Q P - B : 2 5 )
Article diffusé depuis le 28-mars-04
 




Ma chère Amie C'est aujourd'hui comme de coutume. Tu as toujours été trop longtems sans m'écrire, quand je t'adresse mes lettres, que je devrais commencer en grondant si j'en avais la force. Apparemment que tes belles et bonnes qualités l'emportent de beaucoup sur les (bonnes) mauvaises puisqu'à la distance ou je suis je ne puis me rappeller que les premières à cause de leur grandeur sans doute, et que je ne puis me remettre des dernières à cause de leur petitesse et de leur infinitement petit nombre vas-tu dire. Eh bien soit, après plus de sept semaines d'absence, la femme, les enfans, la maison les habitudes, les amis, se présentent en cortège tous ensemble et parlent au coeur avec une force irrésistible. Oh je voudrais bien qu'ils fassent tous autour de moi, même à me tourmenter, parce que bientôt après je les mettrais à la raison et les tourmenterais moi même, s'ils me fesaient enrager. Mais cela n'est pas à craindre, nous nous aimons et aimerions bien à nous le dire, et nous sommes et serons encore pendant plusieurs semaines trop éloignés pour nous répèter ces agréables propos à l'oreille au moins, et tu sais que c'est comme cela qu'ils sont mille fois plus agréables que par lettres. J'ai écrit par Mr. Ross. J'espère qu'il ne sera pas assez négligent pour avoir égaré ma lettre. Vingt quatre heures après son arrivée s'il ne te l'avait fait parvenir tu l'enverrais chercher par Théophile. Elle ne contenait d'ailleurs rien de bien intéressant si ce n'est une prière que j'y fesais. Comme je prie rarement, du moins faut-il reconnaitre que quand je le fais, c'est avec ferveur et sincérité. Mon oraison était pour que ma chère Julie qui se doit à son époux et à tous ses enfans venus et à venir eut soin de sa santé, et comme moyen de ne la pas détruire, qu'elle consentit à sevrer ma belle et bonne petite Esilda. Ainsi soit-il. Mr. Boucherville part demain et portera puisqu'il a bien la complaisance de s'en charger les raquettes des enfans. Comme il voyage avec un charetier il ne sera rendu que lundi. C'est pour cela que je ne lui donne pas cette lettre qui trainerait trop lontems en route. Il ne manque pas de Montréalistes qui descendent. Mr. Leprohon est apparu. Mr. Guy DeBleury Rolland vont apparaitre pour être bientôt après suivi de Mr. Girouard et Scott J. H. Perreault &(ca) Si tous ces gens ni aucun d'eux ne m'apportent la veste que j'ai demandée à ma femme j'en concluerais qu'elle ne songe à mes recommandations que lorsqu'elle n'a rien autre chose à quoi songer. Le Gouverneur fait bien son métier. Quoiqu'il veuille la chose impossible, l'oubli du passé, le pardon des injures, et que les deux chambres reconciliées soient plus étroitement unies que des nones avec leur père en Dieu, néanmoins il réussit jusqu'à un certain dégré à empêcher le scandale de les voir journellement se quereller dans le parloir en présence du public. Les deux Chambres s'en veulent à la mort. Le conseil hait assurément le sistême représentatif parce qu'il est nécessairement à l'avantage des Canadiens; la Chambre déteste un conseil d'égoïstes dont l'ambition et l'avarice reglent toutes les mesures; chacun a la plus grande envie de faire connaitre librement son opinion. Nous sommes assurés que l'influence Représentative finira par prévaloir mais nous voudrions que ce fut (aujourd'hui) maintenant. le Gouverneur dit tantot et il faut un peu d'adresse pour le ménager, l'attacher à la cause de la justice, de la raison, du pays. Son aide peut nous rendre heureux, son opposition nous nuire pendant un peu de tems. Il est bien disposé; les plus impatiens du Conseil ou de nous, l'auront contre eux et nous espérons que ce seront Messieurs d'en haut qui les premiers manqueront de Calme. D'autre côté ils sont dans la nécessité d'être sages parce qu'ils sont à peu près certains que si l'an prochain il n'y a pas d'acte d'appropriation ils ne seront pas payés (hors les Juges) et que la foule d'autres salariés se joignant à la Chambre pour se plaindre d'eux, ils succomberont sous le poids de tant de haines qu'ils auraient provoqués. Le Gouverneur voit tout le monde est de sang froid et de bonne humeur. Voit une semaine toute la clique du Conseil puis l'autre celle de la Chambre. Ce soir l'Evêque de Québec et moi et plusieurs membres indépendants et Mr. Debartzch ont leur jour à diner avec lui. A son grand bal du trente & un il avait personnellement invité Mondelet, J. Viger qu'il voit souvent avec plaisir et avec confiance et la canaille Dalhousienne se chuchotaient assez haut pour être entendus que c'était scandaleux de voir tant d'égards prodigués à des hommes qui étaient sous accusations criminelles, à cause de leur inconduite envers son prédécesseur. Toutes ces criailleries montrent le dépit de cet ancien parti. Les enquêtes qui se conduisent dans trois Comités l'un sur les griefs généraux du pays contre les abus généraux de l'ancienne Administration; les deux autres contre les abus résultant des destitutions dans les milices; et la composition de la Magistrature revelent tous les jours tant de turpitudes et d'iniquités, que le 263 Comte de Dalhousie sera à jamais deshonoré et plusieurs de ses créatures punies j'espère Christie entre autres a mis tant d'indiscrétion dans ses violences qu'il y a lieu de croire que nous pourrons avoir justice. J'ai écrit hier à Labrie. Dis lui que pour le moment le Comité se décide à n'appeller que deux témoins Messieurs Girouard et Scott. Qu'il fasse pour eux tout le travail que je lui recommandais. Qu'après les avoir entendus s'il y avait quelqu'autre faits importans qu'il fallut prouver par les autres témoins, il sera tems alors d'en faire venir d'autres. Qu'ils seront plutôt entendus sur le Comité auquel est référé la loi qui a rapport aux Milices, que sur celui qui a rapport aux griefs généraux de la Province. Que-- Adieu ma chère amie. A ta maman à mon père mes respects et amitiés, à nos chers enf(ans) les plus tendres amitiés et caresses pour les consoler de l'indisposition et de l'ennui dont ils ont souffert. Rosalie ne sera pas longtems j'espère sans venir te rejoindre et jouir de la société de ses amis, la rivière étant maintenant prise. A tous nos parens et amis mes souvenirs affectueux aies soin de ta santé d'abord de celle de tes alentours ensuite je t'embrasse de tout mon coeur. Ton ami et fidèle époux L.-J. PAPINEAU Quebec 8 Janv(r) 1829-- (Au verso:) 8 Janvier 1829 Madame Papineau rue Bonsecours Montreal

 




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