• Plan du site
  • Nouveautés
  • Plus populaires
  • FAQ

Rubriques


 

 

Les Patriotes de 1837@1838 - Mais où s'est déroulée la bataille de Lacolle ?</
 MONUMENT 
MOD
Mais où s'est déroulée la bataille de Lacolle ?
Article diffusé depuis le 26-août-2003
 


La Seconde bataille de Lacolle d'après Henri Julien, Montreal Daily Star, mars 1889.

Il y bien sûr le scandale (un autre) du fait qu'aucune plaque ou MONUMENT ne commémore la première ni la seconde bataille de Lacolle, alors que juste à côté on souligne à gros traits les affrontements de la guerre de 1812, où, «main dans la main», Canadiens-français et Britanniques repoussèrent l'envahisseur yankee. Mettons de côté cette dimension et penchons-nous sur le site de la seconde bataille de Lacolle qui s'est déroulée le 7 novembre 1838 au matin. Bien que des sources nous permettent de le situer avec une certaine fiabilité, l'emplacement exact en demeure encore aujourd'hui nébuleux.

Les faits

Rappelons qu'en novembre 1838, la Société des Frères chasseurs, mise sur pied par Robert Nelson afin d'envahir le Bas-Canada et d'y proclamer l'indépendance, passe à l'action.  L'opération consiste à provoquer un grand désordre partout dans le sud du Bas-Canada, pendant qu'une armée d'invasion  formée d'exilés de 1837 traverse la frontière américaine et marche sur Montréal.  De fait, le 4 novembre, un camp armé s'établit à Napierville, à environ trente kilomètres de la frontière, telle une tête de pont en vue de déployer les troupes chasseurs.  Cependant, les volontaires du comté de l'Acadie veillent et menacent les troupes de Nelson sur leurs arrières.  Conscient de l’importance d’assurer ses lignes de communications avec les États-Unis, Robert Nelson va donc dépêcher l'élite de ses troupes afin de rétablir la jonction avec la frontière et y prendre livraison d'un important convoi d'armes.

Le matin du mardi 6 novembre 1838, Nelson prend donc des dispositions pour faire venir des armes et de l’artillerie de Rouse’s Point (New York) et confie à Cyrille-Octave Côté le soin de les récupérer et d’ouvrir une brèche dans les lignes des volontaires qui encerclent le camp de Napierville. Le colonel Lucien Gagnon, qui apparemment connaît mieux les chemins menant à la frontière, accompagne Côté avec Narcisse Grégoire, Joseph Morin, quarante cavaliers et une soixantaine de fantassins. À ce moment le capitaine Fisher n’a laissé que 18 hommes au moulin qui garde l’accès au pont sur la rivière Lacolle par où doivent passer les hommes de Côté. À 10 heures, les Chasseurs croisent le vieux moulin et se trouvent sous le feu des hommes du lieutenant Hiram Odell. Les Chasseurs réussissent à passer mais l’alerte est toutefois donnée.  C'est la première bataille de Lacolle. Les volontaires se replient sur Odeltown et signalent l’événement au lieutenant-colonel Lewis Odell qui s’empresse d’appeler en renfort les volontaires de Hemminford du major John Scriver.

Pendant ce temps, les hommes de Côté parviennent au point de rendez-vous, à environ 180 mètres de la frontière américaine, entre le Richelieu et le rang de la Barbotte, à la ferme d’un nommé Bullis. Ils y trouvent peu d’armes et moins de quarante volontaires américains commandés par Benjamin Mott.  Ils décident ensemble de passer la nuit au milieu d'un boisé situé à proximité. À l'aube du 7 novembre les volontaires opèrent l'encerclement du camp patriote. La compagnie du Lacolle Frontier volonteers du capitaine Edward March livre l’attaque initiale par la droite pour immédiatement bloquer toute retraite vers les États-Unis. Le bataillon de Hemmingford du major Scriver occupe le centre, alors que les capitaines Fischer et Weldon se dirigent vers le nord pour couper la retraite vers Napierville et le Richelieu. Commence alors la Seconde bataille de Lacolle, aussi connue dans les manuels anglophones sous le nom de Boyce River Battle.  L’affrontement dure moins d’une demi-heure mais il est intense et meurtrier pour les Patriotes qui y perdent huit hommes, dont Narcisse Grégoire. Quelques-uns purent se rendre à Napierville en passant par les bois, mais le gros des troupes se réfugie aux États-Unis. Les volontaires se sont emparés des 400 fusils, d’un canon, de plusieurs chevaux, ainsi que de munitions. Les conséquences de la bataille de Lacolle sont désastreuses pour Robert Nelson et le soulèvement chasseur (Filteau, 1980 :415; Senior, 1998 :251).

À la recherche du site exact

L'essentiel des informations sur la seconde bataille de Lacolle provient du rapport que rédige le major Scriver au général John Colborne en novembre 1838 (ANC Fonds Colborne).  Quiconque retourne sur le site pourra facilement retrouver les toponymes évoqués dans les récit de la bataille : le rang de la Barbotte suit toujours la même voie.  Comme en 1838, il ne se rend toutefois pas jusqu'aux États-Unis et s'arrête à environ trois cents mètres de la frontière.  Quant à la rivière Boyce, son tracé n'a apparemment pas changé depuis 1838; elle se jette toujours dans le Richelieu à environ 700 mètres au nord de la frontière.  Les berges du Richelieu sont cependant plus problématiques.  Sur les quatre cents mètres entre la Boyce et le bout du chemin de la Barbotte, de nombreux chalets et résidences ont été construits au XXe siècle et les berges ont été remblayées.  Si bien que le Richelieu se trouve aujourd'hui dans certains cas à plus de cent mètres du chemin.   Si on s'en tient aux vingt premiers mètres, on se retrouve quand même avec une zone de 8 kilomètres carrés (400 mètres de front par 20 de large) où est susceptible de s'être déroulée la bataille de Lacolle.  Cela est encore trop pour entreprendre l'inspection du terrain.  On peut cependant proposer que le potentiel est bien là.  Non seulement les Patriotes ne semblent jamais avoir été aussi bien armés qu'à cette bataille, mais on peut présumer que les Volontaires n'ont pas trop perdu de temps sur le site à l'issu du combat puisqu'ils reçoivent immédiatement l'ordre de se replier sur Odelltown où doit se dérouler une importante bataille le surlendemain. On peut donc convenir que le terrain peut encore contenir des artéfacts. Par ailleurs, à notre connaissance, aucune reconnaissance du terrain n'a jamais eu lieu de la part d'archéologues.  Nous en déduisons que le site offre un certain potentiel et devrait faire l'objet à tout le moins d'une investigation d'ensemble.

En attendant, le site exact de l'une des plus importantes batailles menées par les Patriotes demeure nimbé de mystère en attendant de recevoir la reconnaissance qui lui est due.



La rivière Boyce à Notre-Dame-du-Mont-Carmel, vue du rang de la Barbotte.  Au fond on aperçoit le Richelieu.

 



Selon nous l'emplacement le plus plausible où se serait déroulée la bataille de Lacolle : au bout du rang de la Barbotte et jusqu'à la frontière où s'étend sur 300 mètres un terrain inondable planté en pruches.

 




Recherche parmi 16 491 individus impliqués dans les rébellions de 1837-1838.

 



Consulté 8393 fois depuis le 26-août-200
 r.desjardins  (27 mai 2009)
tres instructif merci

"

   Réagir ou compléter l'information

   

Le matériel sur ce site est soit original, soit libre de droit. Vous êtes invités à l'utiliser 
à condition d'en déclarer la provenance. © glaporte@cvm.qc.ca