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Le sud du Richelieu d'après la carte de Holland (1838)
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Fuite de Papineau
Après la bataille de Saint-Denis, Papineau se retira sur Saint-Hyacinthe et, de là, vint rejoindre à Marieville un ami et chaud partisan, Étienne Poulin. Il s'agissait de gagner bien vite la frontière des États-Unis, mais en traversant une zone étroitement surveillées par les troupes casernées à Saint-Jean. Poulin proposa de conduire Papineau chez un homme sûr et connaissant parfaitement la région alors boisée et marécageuse ou se trouve aujourd'hui la municipalité de Venise-en-Québec. Il serait facile par cette voie de s'échapper vers Swanton. Chez Luc Fortin, cultivateur aisé et capitaine de milice d'Henryville. Arrivés sur place, Poulin et Papineau retrouve Médard Lamoureux et David Lanoue qui conduise Papineau chez Fortin vers minuit le (?) novembre. Ne voulant pas assumer une telle responsabilité, Fortin commande à son engagé, Germain Chouinard, de conduire le tribun et O’Callaghan qui l’accompagne jusqu'à Swanton. Médard Lamoureux amena Papineau dans sa maison le temps d'organiser la fuite avec le concours de son frère Julien, de David Lanoue et de Germain Chouinard, ainsi que d'un autre voisin, Béloni Campbell. Il fallait avant le jour gagner les bois épais et marécageux qui bordent la Baie Missisquoi; on serait là en parfaite sécurité. Nul n'en connaissait mieux les sentiers que ces chasseurs aguerris. Chouinard conduit d'abord Papineau et O'Callaghan en voiture jusqu'à la baie. Le reste du trajet se fit à pieds. Les deux fugitifs purent ainsi atteindre la frontière.
Chouinard fut pourtant arrêté à son retour et interrogé par une patrouille. L'affaire s'ébruita au bout de quelques jours, si bien la maison du capitaine Fortin fut fouillée. Prévenu à temps par le colonel James McGillivray, officier à Saint-Jean et ami de Fortin, il pu s'enfuir avant l'arrivée de l'armée. Pendant trois mois il demeura caché chez le curé Perreault d'Henryville. Bientôt arrêté, Fortin est traduit devant un conseil militaire. Fortin fint l'ignorance : Il ne s'était pas personnellement occupé de l'étranger, on lui demandait sa voiture, il l'avait prêté. Après le procès il fut confiné à demeure.
SOURCE : J. D. Brosseau,`St-Georges d'Henryville et la seigneurie de Noyan. La Cie d'imprimerie de Saint-Hyacinthe, 1913: 129-133.
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