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Ludger Duvernay est natif de Verchères où ses ancêtres vivaient depuis quelques générations. Son père a pratiqué le métier de maître menuisier et cultivateur, bien que sa famille provenait de la petite noblesse. Jusqu`à l`adolescence, Duvernay fréquente la petite école de Varennes. Son instituteur, Louis Labadie, a enseigné dans plusieurs villages du Bas-Canada. Il avait la particularité d`utiliser les journaux pour faire l`apprentissage de la lecture en classe. À l`âge de 14 ans, Duvernay obtient un poste d`apprenti à l`imprimerie du journal le Spectateur de Montréal. Le propriétaire, Charles-Bernard Pasteur, est rapidement impressionné par le jeune Ludger; il démontre du sérieux et fait preuve de beaucoup d`initiative. Un an plus tard, il devient employé de l`entreprise et gagne de plus en plus la confiance de son patron. À la fin de son séjour au journal, Duvernay remplace Pasteur dans ses fonctions quand il s`absente. Par la suite Duvernay veut voler de ses propres ailes et s`installe dans la région des Trois-Rivières. Il fonde la Gazette des Trois-Rivières qui devient le premier journal du Bas-Canada hors des villes de Québec et Montréal. Le journal connaît un certain succès avec des abonnés de Québec, Montréal, Berthier, Saint-Sulpice, etc. À sa deuxième année d`existence, le journal devient bilingue et ferme ses portes après quatre années de parution. Ceci est un exploit en soi, car à cette époque, la majorité des journaux ne vivent que quelques mois ou même quelques semaines. Après cet échec, Duvernay tente à nouveau de fonder des journaux à Trois-Rivières, mais l`expérience démontre que cette région ne peut faire vivre un journal. Lors de ses dix années passées à Trois-Rivières, Duvernay travaille comme fonctionnaire. Il est gérant de la voirie, inspecteur des ponts et inspecteurs des incendies.Duvernay est très impliqué dans le Parti patriote. Il se range derrière l`idéologie réformiste de Papineau. Il laisse surtout sa marque comme organisateur. En effet, en 1827 il achète le journal La Minerve à Augustin-Norbert Morin. Ce journal est dans le camp des réformistes où il est un outil essentiel pour diffuser l`information que le Parti patriote veut véhiculer. Duvernay écrit peu dans son journal et se contente surtout de la partie administrative. Il a des rédacteurs qui s`occupent de donner la position du journal. La Minerve, sous la tutelle de Duvernay, devient rapidement un journal important du Bas-Canada et il est en partie financé par Viger et Fabre. L`éditeur de La Minerve est emprisonné à trois reprises à cause de ses opinions. À sa deuxième incarcération, la popularité de Duvernay atteint son point culminant. Il est emprisonné en compagnie de Daniel Tracey à la prison de Québec durant 40 jours. Durant cette période, le peuple se range derrière eux. Il y a plusieurs assemblées d`organisées où l`on réclame principalement la liberté de presse. Suite à leur libération et durant leur voyage de retour ainsi qu`à leur arrivée à Montréal, Tracey et Duvernay sont accueillis en héros et on leur remet une médaille en or. Le 24 juin 1834, Duvernay organise un banquet afin de doter les Canadiens français d`une fête nationale. Soixante personnes participent à ce banquet de la Saint-Jean Baptiste dont les plus connus sont: Jacques Viger, maire de Montréal, Louis-Hyppolyte Lafontaine, Edouard Rodier, George-Etienne Cartier et le Dr Edmund O`Callaghan. Plusieurs toasts sont portés au Parti patriote, aux États-Unis, à l`Irlande, aux Quatre-vingt-douze Résolutions. Duvernay organise aussi le banquet de la Saint-Jean Baptiste en 1835, 1836 et en 1837. Lorsque le gouverneur Gosford lance les mandats d`arrestation contre Duvernay et vingt-cinq autres membres du Parti patriote, il s`exile aux États-Unis. Il tente une incursion à Moore`s Corner avec quatre-vingt rebelles afin d`amener des armes des États-Unis. Toutefois, le bataillon est rapidement intercepté par des Loyaux et, après quelques coups de feu, Duvernay et les rebelles, nettement inférieurs à l`ennemi, doivent s`enfuir à nouveau de l`autre côté de la frontière, laissant derrière eux les armes aux Loyaux. Duvernay passe cinq années en exil aux États-Unis et cette expérience est très pénible. Il tente à nouveau de fonder des journaux dont le Patriote canadien, qui n`est diffusé que pendant six mois. L`alcool prend de plus en plus de place dans sa vie et il a beaucoup de difficulté à garder le moral et l`espoir de libérer un jour le Bas-Canada de l`emprise britannique. On encourage Duvernay à revenir au pays, mais des ennuis financiers retardent son retour. Lafontaine a besoin d`un journal pour appuyer ses idées et il fait appel à Duvernay afin de relancer La Minerve. Lafontaine finance l`entreprise et Duvernay sait très bien que sans cet appui financier, le journal ne peut revivre le succès passé. De plus, il relance la Saint-Jean Baptiste en 1843, en fondant une association qui vise à secourir les personnes d`origine française. Son but est de relancer la société sur des bases solides et permanentes afin qu`elle s`encre fermement dans la culture canadienne-française. Donald Prémont MONIÈRE, Denis. Ludger Duvernay et la révolution intellectuelle au Bas-Canada, Éditions Québec/Amérique, Montréal, 1987, 231 p.; RUMILLY, Robert. Histoire de la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal (Des patriotes au fleurdelisé), Éditions de l`Aurore, Montréal, 1975, 564 p.; LEBEL, Jean-Marie. Dictionnaire Bibliographique du Canada (1851-1860), Université of Toronto Press et PUL, 1977 :286-291.; LEBEL, Jean-Maire. Ludger Duvernay et La Minerve. Étude d`une entreprise de presse montréalaise de la première moitié du XIXe siècle, Université Laval, 1982, 212 p.; FILTEAU, Gérard. Histoire des Patriotes, Éditions de l`Aurore, Montréal, 1975, 492 p.; LACOURSIÈRE, Jacques. Histoire populaire du Québec (Tome II), Éditions du club Québec Loisirs Inc., 1997, 446 p.; DAVID, Laurent-Olivier. Les Patriotes 1837-1838, Jacques Frénette Éditeur Inc., 1981, 349 p. Verchères, 1799 Montréal, 1852 (38 ans en 1837) Fils de Joseph Crevier Duvernay et de Marie-Anne-Julie Rocbert de la Morandière «La liberté de presse est le Paladium du peuple» Journaliste et député Après avoir édité une série de journaux à Trois-Rivières, Duvernay s`installe à Montréal en 1827 où il achète La Minerve qu`il met au service du Parti patriote de Louis-Joseph Papineau. Duvernay imprime aussi plusieurs livres, dont le célèbre Almanach, qu`on trouve alors dans la plupart des foyers bas-canadiens. Duvernay manifeste déjà alors bruyamment ses opinions. On le décrit comme entêté, impulsif et parfois violent. Le gouvernement anglais l`envoie trois fois en prison pour diffamation et outrage au tribunal et il est mêlé à deux duels. En novembre 1837, des mandats d`arrêt sont émis contre 26 patriotes, dont Duvernay. Il doit fuir aux États-Unis, où il reste cinq ans. Pauvre et isolé, il réussit néanmoins à fonder là-bas un autre journal, qui survivra quelques mois. Duvernay est finalement de retour à Montréal en 1842, où il ressuscite La Minerve, interdite de publication durant la répression de l`armée à la suite des Rébellions. Le journal, désormais plus modéré, est au service du parti de Louis-Hyppolyte Lafontaine, puis des conservateurs de George-Étienne Cartier. Le 9 juin 1843, Duvernay fonde la Société Saint-Jean-Baptiste et proclame le jour du solstice d`été, soit le 24 juin, fête nationale des Canadiens-Français avec la devise Rendre le peuple meilleur. Lors de ses funérailles, 10 000 personnes sortent pour célébrer le patriote, le journaliste cinglant et certainement un des pionniers de l`imprimerie et de l`éducation populaire au Canada.
Ludger DUVERNAY (1799-1852)
père: Joseph Crevier Duvernaymère: Marie-Anne-Julie Rocbert de la Morandière épouse: Reine Harnois né: 22 janvier 1799 à Verchères, Bas-Canada mort: 28 novembre 1852 à Montréal, Bas-Canada professions: imprimeur, éditeur, fonctionnaire, journaliste, homme politique et patriote au moment des troubles: député à l`Assemblée, officier dans la bataille de Moore`s Corner bibliographie: Portrait conservé à la maison Ludger-Duvernay ANGERS, F.-A. "Qui était Ludger Duvernay?", dans Action nationale, Montréal, 71 (1981- 1982): 82-94 GAGNER, J.-L. Duvernay et la Saint-Jean-Baptiste, Montréal, 1952 PARENT, R.-D. Duvernay, le Magnifique, Montréal, 1943
Ludger DuvernayNé le 22 janvier 1799, à Verchères, Duvernay reçoit les leçons du maître d`école Louis Labadie qui s`intéresse à ses premiers pas dans l`imprimerie. En 1813, à l`âge de 14 ans, Duvernay est engagé comme apprenti à l`imprimerie Le Spectateur à Montréal. Son apprentissage terminé, il demeure employé au Spectateur où il prend une place de plus en plus importante de 1815 à 1817.Peu après son départ de Montréal, Duvernay fonde le premier journal hors des villes de Québec et Montréal: La Gazette de Trois-Rivières qui est publié jusqu`à la fin du mois de février 1821. Là ne s`arrêtent pas ses tentatives de rentabiliser un journal à une époque où l`analphabétisme et la pauvreté restreignent considérablement le nombre des souscripteurs. Il publie, de juin à septembre 1820 L`Ami de la religion et du roi, de mars 1823 à l`automne 1824 Le Constitutionnel, de août à octobre 1826 L`Argus (consacré uniquement aux péripéties de l`élection). Au cour de ces dix années passées à Trois-Rivières, Duvernay assume le rôle de gérant de la voirie, d`inspecteur des ponts et chemins et, de 1819 à 1826, d`inspecteur du service des incendies. De retour à Montréal en 1827, il achète l`imprimerie La Minerve où il publie en 1836-37 "Les paroles d`un croyant" de LaMennais, livre condamné par le Pape et qui est utilisé par les patriotes afin de justifier leur lutte. Emprisonné à trois reprises, entre 1828 et 1836, pour des propos tenus dans La Minerve, Duvernay tient un journal au service du parti patriote. En 1834, il collabore à la fondation de la société "Aide-toi et le ciel t`aidera" et décide de doter les Canadiens français d`une fête nationale annuelle que l`Église récupère sous le patronage de Saint Jean-Baptiste. Cette célébration ne deviendra coutume qu`à partir de 1843, interrompue temporairement par les aboutissants des Rébellions. Élu député de la circonscription de Lachenais le 26 mai 1837, il est convoqué à l`Assemblée le 18 août suivant mais celle-ci est dissoute 10 jours plus tard par le Gouverneur Gosford sentant un soulèvement prochain des patriotes. Le 16 novembre, des mandats d`arrestation sont publiés contre 26 patriotes influents, dont Ludger Duvernay, suite à l`Assemblée des Six Comtés à St-Charles et à l`affrontement entre les membres de Doric Club et les Fils de la Liberté à Montréal. Prévenu à temps, Duvernay fuit la ville. Il participe à la bataille de Moore`s Corner puis se réfugie aux États-Unis où il fonde en 1839 à Burlington le journal Le Patriote Canadien, qui fait faillite en février 1840. De retour à Montréal en 1842, il ressuscite La Minerve à la demande des organisateurs politiques de L-H Lafontaine. Le journal dénonce certaines injustices de l`Union, réclame la responsabilité ministérielle et, quoique Duvernay admire les États-Unis, ne prône pas l`annexion par soucis de ne pas perdre l`appui financier de Lafontaine. Ludger Duvernay meurt dans la nuit du 28 novembre 1852 ayant subit une toux et des douleurs aiguës dans la poitrine depuis deux ans. On célèbre ses obsèques à l`église Notre-Dame le premier décembre. Mélanie Drouin
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