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Les Patriotes de 1837@1838 - Ferres, James Moir (1811-
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Ferres, James Moir (1811-
Article diffusé depuis le 19-mai-01
 




James Moir Ferres a connu une longue carrière riche en événements. Né à Aberdeen en Écosse en 1811 ou en 1813, il arrive à Montréal en 1833. Il y trouve rapidement un poste d'enseignant à l'école d'Edward Black, ministre de l'Église d'Écosse, avant d'être nommé directeur de l'académie de Frelighsburgh dans Missisquoi (Deschênes, 1993 : 272).

James Moir Ferres s'avère un tory radical, partisan de la ligne dure à l'égard des membres réformistes de la Chambre et des Canadiens-français en général. Il souhaite à tout prix la préservation des institutions britanniques et se prononce contre tout affermissement des pouvoirs de la Chambre, qu'il juge en grande partie responsable des maux de la colonie (Beaulieu et Hamelin, 1973 : 86-87). Dès 1834 (29 avril), il participe à une assemblée loyale à Frelighsburgh à titre de secrétaire adjoint (Patriotes, 2001). C'est cependant le Missiskoui Standard, hebdomadaire publié à compter du 8 avril 1835 dans ce même village, et dont il est l'éditeur et le cofondateur avec Joseph D. Gilman, qui sera vecteur de ses positions antiréformistes. En 1835, entre autres, le journal reçoit l'appui financier de Ralph Taylor, député tory de Missisquoi (Kesteman, 1998 : 211). Ferres en est le rédacteur en chef jusqu'en décembre 1836, fonction qu'occupe ensuite Gilman jusqu'en avril 1839 (Deschênes, 1993 : 272 et Beaugrand-Champagne, 1990 : 40-41).

Le Missiskoui Standard permet de tracer le portrait sommaire des principales préoccupations de la Missiskoui Branch Constitutional Association puisque Ferres en est le secrétaire et que la moitié des fondateurs du journal sont également membres du comité exécutif de l'association (Beaugrand-Champagne, 1990 : 71). Il y est fait état de toutes les activités des associations constitutionnelles de la région ainsi que de celles de Montréal et de Québec (Beaugrand-Champagne, 1990 : 39). Il condamne d'ailleurs la position de l'association de Montréal sur les questions de la réserve du clergé (qui veut y mettre fin) et à propos de l'annexion de Montréal au Haut-Canada, accusant les marchands de Montréal de ne penser qu'à leurs intérêts propres au détriment de ceux des townships. Il demande de ce fait à ses lecteurs s'il ne vaudrait pas mieux se séparer des associations de Montréal et de Québec, traduisant ainsi la particularité des revendications régionales.

L'autre cheval de bataille de Ferres à la barre du Missiskoui Standard est la condamnation de la commission d'enquête de Lord Gosford. Il critique ouvertement l'attitude du gouverneur et avertit même, le 30 juin 1835, les autorités britanniques qu'il y aura soulèvement des constitutionnels si l'on n'acquiesce aux demandes des patriotes. Dans la même optique, il publie une lettre le 26 janvier 1836 en appelant à la création d'un groupe paramilitaire dans le comté de Missisquoi. Un mois plus tard, au cours d'une assemblée loyale à Dunham Flat, il propose l'envoi d'une pétition au Roi en vue de mettre Gosford en accusation. En juin 1836, la proposition de Ferres est acceptée à l'unanimité par l'ensemble des associations constitutionnelles réunies en congrès (Beaugrand-Champagne, 1990 : 127, 136).

Ferres ne manque aussi aucune occasion de ramener le débat à la question ethnolinguistique, décrivant l'habitant canadien-français comme archaïque et inefficace dans ses pratiques agricoles, ignorant, indolent et présentant un caractère apathique. Il s'affiche même comme favorable à l'union avec les États-Unis plutôt qu'à la prise du pouvoir par les démagogues comme Papineau. Dans son optique, l'Amérique du Nord doit demeurer anglaise de langue et de coutume (Beaugrand-Champagne, 1990 : 123-124, 138, 143).

Son ton, ses opinions et sa virulence à l'égard des Canadiens-français, rappellent Adam Thom, rédacteur en chef du Montreal Herald. Ferres attire d'ailleurs l'attention de ce dernier, qui lui offre un poste au journal montréalais, dont il devient rédacteur en chef en 1839 (DBC, IX, 1977 : 283). Il y poursuit la même politique ultra-conservatrice et observe toujours le même ton excessif au cours des événements de 1837-1838 (DBC, XI, 1982 : 753). Parallèlement, il agit à titre de registrateur adjoint pour la paroisse de Saint-Armand en 1838 (Deschênes, 1993 : 272).

Par la suite, il exerce une variété de charges, alternant entre les postes de fonctionnaire, de journaliste et de député. À deux reprises (1840-1842 et 1844-1848), il obtient des charges de fonctionnaire sous les gouvernements conservateurs, charges qu'il perd ou quitte quand les réformistes prennent le pouvoir (DBC, IX, 1977 : 283 et Deschênes, 1993 : 272).

On a dit de James Moir Ferres qu'" il semblait ne songer qu'à la meilleure façon de faire du tort ou de détruire " (DBC, IX, 1977 : 282-283). Pour Ferres, la question ethnique est à la base du conflit politique qui a cours au Bas-Canada, et il affiche ouvertement dans ses écrits sa haine des démagogues canadiens-français (Beaugrand-Champagne, 1990 : 123-124, 144). Il n'hésite pas non plus à lancer des appels passionnés à la militarisation du mouvement loyal. Son premier journal, le Missiskoui Standard, a toutefois le mérite de fournir une foule de renseignements sur la vie politique de la région et son développement économique ainsi que sur les préoccupations de ses habitants (Beaulieu et Hamelin, 1973 : 87 et Beaugrand-Champagne, 1990 : 143).

Nathalie Mailhot

 

Recherche parmi 16 491 individus impliqués dans les rébellions de 1837-1838.

 



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