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Les Patriotes de 1837@1838 - 24 juin 1834 - Le premier banquet de la Saint-Jean-Baptiste
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24 juin 1834 - Le premier banquet de la Saint-Jean-Baptiste
Article diffusé depuis le 10 mars 2000
 




Le premier banquet de la Saint-Jean Baptiste, qui est le prémisse à la fondation de la Société du même nom, est organisé en 1834 par Ludger Duvernay afin de procurer une fête nationale au peuple canadien-français. Cependant, les origines de la fête de la Saint-Jean Baptiste remontent beaucoup plus loin. Anciennement, les peuples païens célébraient l'arrivée du solstice d'été par un grand feu de joie afin de symboliser la lumière qui était à son apogée. Puis, en Europe, principalement en France, on associait à cette fête Jean, le cousin de Jésus, surnommé " le baptiste " car c'est lui qui a reconnu le Christ en premier. Ainsi, on faisait le lien entre la lumière et saint Jean Baptiste. Arrivés en Nouvelle-France, les colons français continuent de souligner cette fête religieuse. Au printemps 1834, Ludger Duvernay et plusieurs membres du Parti patriote participent à la première fête nationale des Irlandais au Bas-Canada. Cette célébration leur donne l'idée de créer un événement similaire pour les francophones du pays afin de les unir et de créer un sentiment d'appartenance à leurs origines.

En mars 1834, Ludger Duvernay, George-Étienne Cartier et Louis-Victor Sicotte fondent la société Aide-toi et le ciel t'aidera dont Duvernay est président. Les membres de cette société secrète se rassemblent et discutent politique et littérature. Ainsi, Duvernay a l'idée de récupérer la fête païenne du solstice d'été qui était souvent célébrée dans les paroisses du Bas-Canada et la Saint-Jean Baptiste devient la fête nationale des Canadiens français. Le Canadien, dans un article du 27 juin 1834, explique le choix de Saint-Jean Baptiste : " Il y a longtemps qu'on donne au peuple l'appellation de Jean-Baptiste, comme on donne à nos voisins celui de Jonathan, aux Anglais celui de John Bull et aux Irlandais celui de Patrick. Nous ignorons qui a pu donner lieu à ce surnom des Canadiens, mais nous ne devons pas le répudier, non plus que la patronisation (sic) que viennent d'établir nos amis de Montréal. " (Rumilly: 20).

Le 24 juin 1834 marque le premier banquet de la Saint-Jean Baptiste. Environ soixante personnes s'étaient réunies dans les jardins de l'avocat John McDonnell, qui est le futur site de la gare Windsor, afin de célébrer leur fête nationale. Les personnes présentes sont presque tous des chefs réformistes : O'Callaghan, Perrault, Brown, Rodier, Louis-Hippolyte Lafontaine et George-Étienne Cartier. Le président de cette soirée est Jacques Viger, qui est aussi maire de Montréal à cette époque. L'événement a lieu quelques mois après le dépôt des Quatre-vingt-douze Résolutions et, lors de la soirée, il y a plusieurs toasts, chants et discours en faveur des réformistes patriotes. Ce banquet est un véritable succès et les journaux encouragent les gens à fêter la Saint-Jean Baptiste dans leur village à l'avenir afin de favoriser l'union des Canadiens.

L'année suivante, les célébrations de la fête nationale se répandent au Bas-Canada. En effet, on note des célébrations dans les villages de Debartzch, Saint-Denis, Saint-Eustache, Terrebonne et Berthier. La feuille d'érable devient le symbole du Bas-Canada. En 1836, il y a dissension au sein du Parti patriote. Les modérés et radicaux ne s'entendent plus et il y a deux banquets d'organisés, un chez McDonnell pour les modérés et un à l'hôtel Rasco pour le groupe de Duvernay. En 1837, après les résolutions Russell, le Parti patriote propose de boycotter les produits importés en guise de protestation. Cette année-là, c'est dans cette ambiance que la Saint-Jean Baptiste se déroule. Durant le banquet, les produits locaux sont de mise et les leaders du Parti patriote encouragent le peuple à les imiter.

Les troubles de 1837-1838 interrompent la célébration de la fête nationale au Bas-Canada. Avec la venue de l'Acte d'Union, le climat politique change considérablement au pays. Les leaders radicaux deviennent des modérés. Lorsque Duvernay réimplante l'organisation, afin de célébrer la fête nationale en 1843, c'est sous la couverture d'une société de bienfaisance et il la nomme l'Association Saint-Jean Baptiste. Il lui donne des règlements et, plus tard, la dotera d'une charte afin d'être bien enracinée dans la culture québécoise. " La charte, obtenue en 1849, stipulait que cette société de bienfaisance avait été établie dans le but d'aider et de secourir les personnes d'origine française et de contribuer à leur progrès moral et social. " (Encyclopédie historique du Canada: 290). L'église récupère la Saint-Jean Baptiste comme fête religieuse et c'est à ce moment qu'apparaissent les premiers défilés de la Saint-Jean. Naturellement, la société défend à nouveau les droits nationaux et principalement l'assimilation qui est le but visé par l'Acte d'Union.

En 1880, la Société Saint-Jean Baptiste organise un grand rassemblement de toutes les communautés francophones d'Amérique. On nomme ce rassemblement la Convention nationale des Canadiens français et elle a lieu dans la ville de Québec. La Société Saint-Jean Baptiste demande pour l'occasion à Calixa Lavallée de composer un hymne national sur le texte du juge Routhier. Le Ô Canada est présenté pour la première fois à ce fameux 24 juin qui regroupe des gens du Québec, de l'Ontario, de l'Ouest canadien, des États-Unis ainsi que des Acadiens. En 1924, sous la présidence de Victor Morin, la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal organise une levée de fonds afin d'ériger une croix sur le mont Royal pour rappeler l'esprit des fondateurs de Montréal. La vente de timbres-poste à l'effigie de la croix est organisée dans les écoles de la ville et rapporte dix milles dollars à l'organisme. Ainsi, le soir de Noël 1924, la croix illumine au haut du mont Royal. En 1925, la législature de Québec déclare le 24 juin jour férié. Puis, à partir de 1940, la Société Saint-Jean Baptiste et d'autres organisations politiques s'impliquent pour que le fleurdelisé devienne le drapeau national. Enfin, en 1948, le gouvernement Duplessis adopte celui-ci comme drapeau du Québec. Dans les années soixante, les gens du Québec délaissent l'expression " Canadien-français " pour utiliser le terme " Québécois " et la Société Saint-Jean Baptiste continue a défendre les intérêts francophones au pays. Ce n'est qu'en 1977 que le gouvernement de René Lévesque reconnaît officiellement la fête du 24 juin comme Fête nationale du Québec.

Donald Prémont

RUMILLY, Robert. Histoire de la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal (Des patriotes au fleurdelisé), Éditions de l'Aurore, Montréal, 1975, 564 p.; FILTEAU, Gérard. Histoire des Patriotes, Éditions de l'Aurore, Montréal, 1975, 492 p.; GAGNER, J. Léopold. Duvernay et la Saint-Jean Baptiste, Éditions Chantecler, Ottawa, 1952, 51 p.; LEBEL, Jean-Marie. Dictionnaire Bibliographique du Canada (1851-1860), Université of Toronto Press et PUL, 1977 :286-291; MONIÈRE, Denis. Ludger Duvernay et la révolution intellectuelle au Bas-Canada, Éditions Québec/Amérique, Montréal, 1987, 231 p.

 

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