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Les Patriotes de 1837@1838 - 17 février 1834 - Adoption des 92 Résolutions devant la Chambre d'Asssemblée
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17 février 1834 - Adoption des 92 Résolutions devant la Chambre d'Asssemblée
Article diffusé depuis le 10 mars 2000
 




Le 17 février 1834, les Quatre-vingt-douze Résolutions sont adoptées à la Chambre d'assemblée, dans un contexte particulier. Depuis 1803 et jusqu'en 1850, une crise agricole affecte l'économie du Bas-Canada. Les difficultés viennent du fait que les sols sont épuisés, mais exploités et affectés par la maladie et les insectes, comme la mouche du blé.

Au cours de la même période, la population est affectée par une épidémie de choléra qui fait des milliers de morts (Lacoursière, 1996: 279). Celle-ci est apportée par des immigrants irlandais qui sont autorisés à débarquer au Bas-Canada. À partir du 30 juillet 1832, Édouard-Étienne Rodier, accuse les autorités anglaises d'être à l'origine de la maladie qui affecte surtout les Canadiens français. Par le fait même, il fournit des munitions importantes au parti de Louis-Joseph Papineau dans sa lutte contre les autorités britanniques. C'est en partie grâce à cela qu'en janvier 1834 le Parti patriote finalise la prise de contrôle de l'Assemblée législative. Une majorité des députés de la Chambre appuie donc le Parti patriote dans leurs revendications.

À la même époque, Lord Aylmer est gouverneur du Bas-Canada. Considéré comme modéré, il fait des concessions importantes au Patriotes. En effet, il offre le Conseil exécutif à Papineau, 10 sièges sur 22 aux Canadiens français au Conseil législatif et est prêt à donner le contrôle partiel de la Liste civile. Néanmoins, Aylmer ne touche pas au salaire des juges et ne donne pas la responsabilité ministérielle.

C'est dans ce contexte que Papineau dresse un bilan de ses revendications avec certains de ses partisans. Le 17 février 1834, les Quatre-vingt-douze Résolutions sont présentées à la chambre par Charles-Antoine Taschereau (Béchard, 1885: 58) ou par Élzéar Bédard (Bédard, 1869: 336). Un comité spécial est chargé d'en faire l'analyse et de les amender au besoin. Dès le 18 février 1834 une véritable bataille parlementaire est amorcée et provoque le départ des députés modérés du Parti patriote.

Fidèle à ses habitudes, Papineau prononce un discours long et enflammé (Dionne, 1834: 17). Au cours de cette harangue, il dénonce le clergé, résume les événements politiques des cinquante dernières années en plus de défendre les Quatre-vingt-douze Résolutions. Il est appuyé en des termes réservés (Dionne, 1834: 19) par Louis-Hyppolite Lafontaine et aussi par Sabrevois de Bleury, Vanfelson et Bourdages. Bien que favorable aux Quatre-vingt-douze Résolutions, le rôle de Bédard se limite essentiellement à faire la lecture des propositions à la Chambre (Chapais, 1972: 30).

De l'autre côté, certains patriotes modérés, ainsi que des bureaucrates et d'autres députés de la chambre prononcent des discours contre les Quatre-vingt-douze Résolutions. Ainsi, John Neilson ne se gêne pas pour dénoncer la politique outrancière, dangereuse et excessive des Quatre-vingt-douze Résolutions (Chapais, 1972: 30) et propose une contre-proposition. Aussi, Andrew Stuart conçoit les Quatre-vingt-douze Résolutions comme provocatrices et non représentatives des aspirations du peuple. Pour Quesnel et Gugy, les Quatre-vingt-douze Résolutions sont rien de moins qu'une déclaration de guerre. Pour ce dernier en particulier, elles font appel à l'exaspération et à la démence (Chapais, 1972: 33).

Suite à l'étude du comité spécial, la contre-proposition présentée par Neilson est rejetée par 56 voix contre 24 (Lacoursière, 1996: 287). Pour leur part, les Quatre-vingt-douze Résolutions sont finalement adoptées par 56 voix contre 23. La Journée même, Augustin-Norbert Morin est chargé d'aller rejoindre Denis-Benjamin Viger à Londres, afin de lui remettre une requête basée sur les Quatre-vingt-douze Résolutions (Béchard, 1885: 59), ainsi qu'une adresse pour le Parlement britannique (Lacoursière, 1996: 287). Selon Jean-Marc Paradis, Morin rencontre aussi Viger à Londres pour lui présenter les pétitions de la chambre sur l'état de la province (Paradis, 1977: 627). Après le dépôt des documents et un débat au parlement britannique, l'ultime aboutissement et rejet des Quatre-vingt-douze Résolutions a lieu par l'adoption des Résolutions Russell en mars 1837.

Au plan de l'écriture, le texte original des Quatre-vingt-douze Résolutions est long et ennuyeux. Comme le dit Narcisse-Eutrope Dionne, la rédaction du document est négligée et exige une relecture pour saisir le sens de chacune des résolutions (Dionne, 1834: 11). En plus, le document contient plusieurs exagérations, contradictions et répétitions. Par le fait même, les Quatre-vingt-douze Résolutions n'ont pas l'envergure de la Déclaration d'indépendance américaine à laquelle on les a souvent comparées (PATRIOTE, 2000).

Pour ce qui est du contenu du document, les huit premières résolutions rappellent la loyauté du peuple canadien envers l'Angleterre. Dans les résolutions 9 à 40 on dénonce plutôt la composition du Conseil et demande qu'il devienne électif. Pour leur part, les résolutions 41 à 47 préconisent une constitution et des institutions plus conformes aux aspirations des Canadiens français., On dénonce ensuite des communications en provenance de Londres qui sont jugées insultantes envers les Canadiens français. Les résolutions 51 à 55 affirment et défendent plutôt les droits et la langue de la population du Bas-Canada. Dans les résolutions qui suivent sont abordées les questions des terres, des finances et de la sous représentation des francophones dans la fonction publique. La résolution 85 met le gouverneur Aylmer en accusation tandis que la résolution 86 est une menace indirecte dans le cas où la Chambre n'obtient pas justice. Les dernières résolutions évoquent plutôt le rôle de Daniel O'Connell, de David Hume et de Denis Benjamin Viger.

Dans la crise qui mène au recours aux armes à l'automne 1837, le dépôt des Quatre-vingt-douze Résolutions peut être considéré comme un des événements les plus importants. En effet, ce document est un véritable programme politique qui indique que le Parti patriote emprunte maintenant la voie des radicaux et est donc prêt à recourir aux armes pour résoudre la crise. Par le fait même, il a le double effet d'obliger les modérés à quitter le parti en même temps que de consolider et de souder les troupes restantes.

Martin Carmel

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BÉCHARD, Auguste, L'honorable A.-N. Morin, Québec, Imprimerie de "la Vérité", 1885: 56-59; BÉDARD, Théophile-Pierre, Histoire de cinquante ans (1791-1841), Québec, 1869: 336-363; CHAPAIS, Thomas, Cours d'histoire du Canada, Tome 4 (1833-1841), Trois-Rivière, Boréal, 1972: 17-39 ; DIONNE, Narcisse-Eutrope, Les trois comédies du statu quo, Québec, Laflamme et Proulx, 1909: 10-19; FILTEAU, Gérard, Histoire des Patriotes, Montréal, Univers inc., 1980: 119-177; LACOURSIÈRE, Jacques, Histoire populaire du Québec. De 1791 à 1841, Québec, Septentrion, 1996: 279-289; PARADIS, Jean-Marc, "Morin, Augustin-Norbert", DBC, vol. IX, Québec, PUL, 1977: 629-630.

 

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