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Les Patriotes de 1837@1838 - Dessaulles, Louis-Antoine
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Dessaulles, Louis-Antoine
Article diffusé depuis le 20 mai 2000
 




Louis-Antoine Dessaulles est né à Saint-Hyacinthe le 31 janvier 1818. Fils du seigneur et député de Saint-Hyacinthe Jean Dessaulles et de Rosalie Papineau-Dessaulles, son prénom se veut un hommage à son oncle Louis-Joseph Papineau et au " grand curé de Saint-Hyacinthe ", Antoine Girouard (Lamonde, 1994: 13). À six ans, Louis-Antoine entre au Collège de Saint-Hyacinthe et y étudie durant cinq ans. Puis, à partir de 1829, c'est à Montréal qu'il poursuit ses études et ce, chez les Sulpiciens, tout comme l'avait fait son père. Il y subit l'influence de L.J. Papineau, chez qui il demeure et il prend connaissance des idées libérales et nationalistes qui circulent dans l'Europe de cette époque. En 1832, une épidémie de choléra incite ses parents à le ramener à nouveau au séminaire fondé par Antoine Girouard. C'est durant ce deuxième séjour qu'il est initié aux idées de l'abbé Félicité de Lamennais et ce, par l'entremise de ses professeurs de philosophie ; les abbés Raymond et, surtout, Désaulniers (Lamonde, 1994: 23).

En 1836, Dessaulles, récemment devenu orphelin de père, demeure à nouveau chez les Papineau même s'il est le nouveau seigneur de Saint-Hyacinthe. Il y étudie le droit " à l'école intime, tous les jours, d'hommes comme D.B. Viger, C.S. Cherrier, Joseph Papineau et L.J. Papineau" (Lamonde, 1994: 28). Puis, après que furent connues les Résolutions Russell, Louis-Antoine devient le " chauffeur " de son " oncle qui parcourt les campagnes de la vallée du Richelieu, la région de Saint-Hyacinthe et les villages riverains du Saint-Laurent entre Contrecoeur et Longueuil " (Lamonde, 1994: 29). Non seulement il y entend les discours des rebelles, mais, de plus, il prend connaissance des doléances paysannes dirigées contre Londres, les Anglais et contre les impositions des curés et des seigneurs. Les fréquentations de Dessaulles avec les rebelles sont plus étendues. En effet, lorsqu'il est à Montréal, Dessaulles fréquente la librairie Fabre reconnue comme le lieu de rencontre et de discussion des rebelles et des membres du Comité central et permanent que ces derniers ont mis sur pied. Le 6 novembre 1837, il réside toujours chez les Papineau lorsque les membres du Doric Club ravagent la maison du chef des rebelles. Il assiste également au saccage des bureaux du The Vindicator par les " Tories " (Lamonde, 1994: 29).

Lorsque le 13 novembre Papineau décide de quitter sa résidence, c'est Louis-Antoine qui assure sa sortie vers la vallée du Richelieu. Il réitère le lendemain en conduisant Julie Papineau chez les Viger. Le 23 novembre 1837, Dessaulles se rend chez le docteur Nelson. O'Callaghan et L.J. Papineau sont présents. Il y est témoin d'une conversation sur laquelle il aura souvent à revenir au fil de sa vie puisqu'il est et sera un grand défenseur de Papineau. En effet, il entend Nelson proposer à Papineau de fuir. C'est ce que fait l'Orateur qui se réfugie chez les Dessaulles jusqu'au 30 novembre alors que lui et O'Callaghan fuient vers les États-Unis. Dans leur fuite, ils sont aidés par Louis-Antoine et ce, au grand dam de sa mère qui craint " toujours qu'il ne s'expose et qu'on ne l'encage comme tant d'autres (Lamonde, 1994: 30).

En juin 1838, L.A. Dessaulles se rend aux États-Unis avec sa mère. Il rend visite à son cousin Amédée avec qui il discute des événements, des projets et du sort des rebelles. L.J. Papineau les y rejoint. Lors de ce voyage, le seigneur de Saint-Hyacinthe retrouve une détermination et motivation auprès de son oncle, son cousin et des rebelles en exil qu'il rencontre. Il s'engage donc dans la société secrète des Frères chasseurs et, en novembre 1838, il est dénoncé pour avoir assisté à une réunion qui avait pour but d'organiser un complot pour s'emparer de postes de garnison (Lamonde, 1994:34).

Entre 1838 et 1847, Dessaulles, malgré le peu de succès qu'il connaît dans l'administration de la seigneurie " familiale ", effectue trois voyages en Europe et deux aux États-Unis, dont celui mentionné précédemment. C'est lors de ces voyages que Louis-Antoine prend une tangente qui conditionne dès lors sa vie ; sa croyance en une séparation entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel. C'est aussi à cette époque qu'il devient un homme public en polémiquant avec le curé Crevier de Saint-Hyacinthe et avec Mgr Bourget ainsi qu'en se présentant à l'élection de 1844 (Lamonde, 1994: 53). Désormais, le libéralisme comptait un défenseur de premier ordre au Bas-Canada.

Dessaulles se veut un artisan de la radicalisation du libéralisme bas-canadien en participant, notamment, à la mise sur pied du journal l'Avenir en juillet 1847. C'est à partir de ce véhicule qu'il donne libre cours à son argumentation à la fois libérale, nationaliste et démocratique contre l'Union de 1840. Argumentation qui pose la question du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. À ce titre, il est en faveur d'une autodétermination relative pour le Bas-Canada qui est appelé à former un peuple à part (Lamonde, 1994: 65). Suite à la double défaite des libéraux au niveau du principe des nationalités (échec de la campagne anti-union) et de la séparation entre l'Église et l'État (alliance clergé catholique et La Fontaine), Dessaulles se replie sur Saint-Hyacinthe vers 1850. Il y épouse sa cousine Catherine Zéphirine Thompson, y devient maire et entrepreneur.

L'échec de la campagne anti-union a aussi comme conséquence que Dessaulles et l'Avenir prônent désormais l'annexion aux États-Unis (Lamonde, 1994: 81). C'est vers la fin de février 1849 que l'Avenir se met à mousser l'idée d'annexion à la république voisine et, dès le 11 octobre, l'organe " rouge " publie le " Manifeste annexionniste " (Lamonde, 1994: 75). La visibilité de Dessaulles ne cesse de s'accroître. Il préside la Société Saint-Jean-Baptiste de Saint-Hyacinthe (1854-1855) et l'Institut canadien et ce, autant à Montréal (Dion, 1984: 281), qu'à Saint-Hyacinthe dont il est d'ailleurs un des fondateurs le 16 mai 1854 (Lamonde, 1994: 89). Bref, il devient un homme public et suscite l'opposition.

En 1856, il est élu au Conseil législatif pour représenter la division de Rougemont. Face à la situation politique du Bas-Canada qui se détériore constamment depuis l'Union, il se fait le défenseur d'une fédération décentralisée qui serait encadrée par les principes d'égalité des droits et des peuples (Lamonde, 1994: 115). Le 19 décembre 1863, il est nommé greffier-adjoint à la Cour des Sessions de la Paix du district judiciaire de Montréal et quitte son poste au Conseil législatif (Dion, 1984: 283). Entre 1861 et 1863 il profite de son poste de rédacteur au Pays pour démontrer la distinction entre le politique et le religieux (Lamonde, 1994: 129), pour défendre l'Institut canadien (Lamonde 1994: 144), pour dénoncer les irrégularités dans les comptes publics, etc. Bref, pour écrire sur à peu près " tout ce qui bouge " (Lamonde, 1994: 143). Il porte aussi au pinacle le libéralisme allant même jusqu'à s'attirer l'opposition des libéraux modérés qui tentent de le marginaliser (Lamonde, 1994: 163).

Dans le même ordre d'idée il dénonce l'esprit persécuteur du clergé, partisan de l'intolérance et de l'automatisme général qui tente d'étouffer le libre arbitre individuel (Lamonde, 1994: 165). Ainsi, vers 1867, il dénonce l'intervention du clergé qui non seulement influence indûment la population lors d'élections mais qui aussi, par l'entremise des établissements d'enseignement, sculpte la pensée des futurs " leaders " de la société (Lamonde, 1994: 195). Ces dénonciations ont lieu à une époque où l'ultramontanisme prêche la primauté du spirituel et dénonce l'intolérance comme étant de l'indifférence religieuse et de l'égalitarisme idéologique (Lamonde, 1994 : 202). Son rêve de voir l'Église dans l'État et non l'inverse s'exténue lorsque son oncle et père spirituel Louis-Joseph Papineau décède en 1871, lorsque le Pays disparaît et lorsque l'Institut canadien est condamné pour la deuxième fois par " l'éteignoir clérical " (Lamonde, 1994: 221).

De 1871 à 1874 éclate " la grande guerre ecclésiastique ". L'antagonisme libéral-ultramontain bat son plein et l'anticléricalisme de Dessaulles (autant que l'anticlérical lui-même) y est consacré (Lamonde, 1994: 235). En 1875, menacé d'arrestation et d'emprisonnement pour avoir confondu sa caisse personnelle et celle de son poste de greffier, il est contraint à l'exil et se réfugie en Belgique (Dion, 1984: 283). Sa correspondance laisse entrevoir un Dessaulles qui rêve de refaire sa fortune et de se réhabiliter (Dion, 1984: 283). En 1878, il quitte pour la France et il y ferme les yeux à tout jamais en 1895. Avant qu'il ne quitte ce monde, il eut le temps d'écrire quelques ouvrages anticléricaux. Tout au long de sa vie, Dessaulles demeure fidèle à la pensée libérale (Hamel, 1976: 198).

Daniel Magnan

CHOQUETTE, C.-P. Mgr, Histoire de la ville de Saint-Hyacinthe, Saint-Hyacinthe, Richer et Fils, 1930, 551p.; DION, Jean-Noël (sous la dir. de), Saint-Hyacinthe, des vies des siècles, une histoire. 1757 à aujourd'hui, chapitre 1480 des Femmes Moose de Saint-Hyacinthe, 1984 :279-286. ; HAMEL, Réginald et al. Dictionnaire pratique des auteurs québécois, Montréal, Fides, 1976 :197-198.; LAMONDE, Yvan, Louis-Antoine Dessaulles, un seigneur libéral et anticlérical, Montréal, Éditions Fides, 1994, 369p.

 

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