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Les Patriotes de 1837@1838 - HINDELANG, CHARLES (+1839)
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HINDELANG, CHARLES (+1839)
Article diffusé depuis le 20 mai 2000
 




D'origine française, il a été amené dans la cause de l'indépendance par le fondateur de la Société Saint-Jean-Baptiste, Ludger Duvernay, qui avait dû se réfugier aux États-Unis. Hindelang, fut nommé général de l'armée de la résistance et, après la défaite, il se laissa arrêter. Jugé et condamné le même jour, soit le 22 janvier 1839, par "un simulacre de cour martiale", exécuter par pendaison le 15 février 1839, il plaisanta jusqu'au dernier moment et encouragea ses camarades de combat. Mort à 29 ans


Charles Hindenlang, d'origine suisse, est né à Paris le 29 mars 1810. Il est issu d'une famille marchande et s'engage comme soldat lors de la révolution de 1830 en France où il devient officier. Selon sa déclaration volontaire à la prison de Montréal ( RHAF, Morin : 497), le 14 novembre 1838, il est venu en Amérique pour faire du commerce à la demande de ses parents. Les dires de P.H. Touvrey, compatriote français présent durant les troubles, contredisent la confession d'Hindenlang. Touvrey affirme qu'Hindenlang est venu en Amérique expressément pour prendre part à la cause des Patriotes (RHAF, Morin : 503). C'est à New York qu'il rencontre Ludger Duvernay, le fondateur de la Société Saint-Jean-Batiste, qui le met en contact avec le Dr. Robert Nelson. Il est fait prisonnier peu de temps après la bataille d'Odelltown. Il reste enfermé à la prison de Montréal jusqu'à son exécution le 15 février 1839.

C'est à New York qu'il est mis tour à tour en contact avec un réfugié italien du nom de Falière et d'un dénommé Von Schoulze, colonel du Haut-Canada. Ces derniers cherchent à l'engager comme officier et soldat. Suite à ces rencontres, Duvernay le met en liaison avec le Dr. Nelson. Il se rend par la suite, en compagnie de Touvrey, officier français qui a participé par le passé à des combats en Espagne, à Burlington, Plattsburg, Champlain et finalement St-Albans où il rencontre Nelson. De là, ils se rendent à bord d'une chaloupe chargée de 250 fusils, jusqu'au quai Vitman. Dès leur arrivée, ils se dirigent à cheval en direction de Napierville. C'est lors de leur arrivée, le matin du 4 novembre 1838, qu'Hindenlang, Nelson et leur petite troupe sont accueillis par le Dr. Côté et quelques centaines de patriotes au camp de Napierville. Robert Nelson est alors proclamé président de la République du Bas-Canada. Hindenlang est nommé par la même occasion général de brigade. Le 8 novembre, Hindenlang et les 600 hommes commandés par Nelson se mettent en marche pour Odelltown. La pluie les arrête à Lacolle où ils passent la nuit. Le 9 novembre, ils reprennent la route pour Odelltown où les attendent les volontaires loyaux. Le combat s'entame le 10 novembre. Forcé de battre en retraite, Hindenlang retourne en direction à Napierville pour ensuite fuir vers Lacolle, où il est arrêté. Quatre jours après la bataille d'Odelltown, Hindenlang se soumet à une déclaration volontaire à la prison de Montréal. Dans cette déclaration, il dénonce le Dr. Nelson qu'il qualifie de lâche et de traître (RHAF, Morin: 497-500). Il déclare par la même occasion s'être vu enrôlé de force dans une cause dont il ne connaissait pas toutes les implications et les conséquences. Selon plusieurs observateurs contemporains de Hindenlang, ces aveux ont été amplifiées soit par ses geôliers, notamment P.-E. Leclerc, ou encore, sous la pression qu'exerce les lourdes charges qui pèsent contre lui (Morin : 503). Il est finalement condamné à la peine capitale le 24 janvier 1839. Sur l'échafaud, il prononce un discours où il affirme : "je meurs avec la conviction d'avoir rempli dignement mon devoir... " et au cri de " Vive la liberté ". Il fut exécuté en compagnie des 12 autres patriotes le 15 février 1839.

Benoit Marsan et Mélissa Blais

Archives Nationales du Québec, Événements 1837, 2976, Copie du discours prononcé sur l'échafaud par Charles Hindenlang, Montréal, 15 février 1839. ; Archives Nationales du Québec, Événements 1837, 3117, Copie de la sentence de mort de Charles Hindenlang, Montréal, 24 janvier 1839.; HINDENLANG, Charles, Déclaration volontaire de Charles Hindenlang, dans, RHAF, vol. 11, no. 4, mars 1949 :497-500.; MORIN, Victor, La République canadienne de 1838, RHAF, vol. 11, no. 4, mars 1949, p. 483- 512.; ROCHON, Paul, 1838 l'histoire oubliée des Patriotes, Montréal, Éd. Du Taureau, 1988, 287 p.; TOUVREY, PH., Lettre de PH. Touvrey en répons à l'appel de Charles Hindenlang, dans, RHAF, vol. 11, no. 4, mars 1949, p. 503-504.

Charles Hindenlang

Charles Hindenlang est aussi connu sous les noms de Lamartine ou de Saint-Martin. D'origine suisse et de religion protestante, il est né à Paris d'une famille de commerçants (Patriotes, 2000). Il y a peu de choses d'écrites sur ses activités avant sa venue au Canada. Nous savons qu'il s'est engagé dans l'armée française, plus précisément dans l'infanterie légère (FORTIN, 1988 : 177), lors de la Révolution de Juillet (WEBER, 1987 : 181). Il y " avait conquis plutôt lentement ses premiers grades d'officier " (GALARNEAU, : 1988, 444). Selon certains, en venant au Bas-Canada, il aurait voulu renouveler l'action de La Fayette qui avait mis "...son épée au service de l'indépendance américaine" (RUMILLY, 1977 : 44). Son ami Touvray, soldat français qui s'est lui aussi associé à la cause patriote, affirma dans le journal L'Estafette de New York après qu'Hindenlang soit fait prisonnier, qu'il s'était rendu à New York en novembre 1838 dans le but de se joindre au mouvement révolutionnaire bas-canadien (GALARNEAU, 1988 : 444-445). Lorsqu'il se lie aux rebelles lors de la seconde insurrection en tant que brigadier général, son rôle consiste dans l'organisation militaire des troupes.

Dès son arrivée, Hindenlang rencontre Ludger Duvernay par l'entremise d'un commerçant français nommé Bonnefoux qui se montre sympathique à la cause patriote (GALARNEAU, 1988 : 444-445). Par la suite, tous les deux se rendent à Rouse's Point pour y rencontrer Robert Nelson avec qui Hindenlang met au point une stratégie. Ils planifient de former deux colonnes : la première se dirigerait vers Saint-Jean et serait sous les ordres d'Hindenlang; la seconde, sous la direction de Malhiot foncerait vers Sorel; puis, elles se rencontreraient finalement à Chambly pour y prendre le fort (RUMILLY, 1977 : 44). Pour être efficace, cette stratégie se devait d'être synchronisée avec l'insurrection du Haut-Canada et le soulèvement de la population. Dans la nuit du 3 au 4 novembre, Nelson, Hindenlang, Touvrey et une dizaine d'autres Frères chasseurs traversent la frontière en apportant avec eux les armes nécessaires pour combattre les volontaires loyaux et la milice. Lorsqu'ils arrivent à Vitman's Quay, personne ne s'y trouve pour les escorter jusqu'au grand camp de Napierville. Nelson part donc avec les deux mercenaires français après avoir pris soin de cacher les armes et le canon; les autres demeurent sur place pour monter la garde. Rendu au grand camp, Nelson chargerait une troupe pour les rapporter. Ils atteignent Napierville le matin du 4 novembre. Après avoir été nommé brigadier général, Hindenlang entraîne les hommes du camp qui, dès le lendemain, sont prêts. Nelson envoie donc Côté, avec une troupe composée des meilleurs patriotes, chercher les armes restées à Vitman's Quay la veille; mais surpris par les volontaires leur mission s'avère être un échec.

Le 8, après avoir révisé le plan, Nelson décide de quitter le grand camp et de se diriger vers le sud dans le but de rétablir les contacts avec les États-Unis et de permettre aux armes de passer au Bas-Canada. Le nouveau plan imaginé consiste à former trois colonnes : une dirigée par Nelson, une autre par Hindenlang et la dernière par le major Hébert. De plus, il était prévu que les hommes devaient s'emparer des armes de leurs ennemis pour se défendre. En fin d'après-midi, ils s'arrêtent à Lacolle pour la nuit. Hindenlang envoie alors des éclaireurs en reconnaissance. C'est là qu'ils rencontrent Nelson et, croyant qu'il essayait de fuir, le ligote à son cheval et le ramène au campement. Après avoir délibéré sur son cas, le groupe reprend son chemin le 9 novembre au matin.

Lorsqu'ils arrivent à Odelltown, chacune des trois colonnes des Frères chasseurs se disperse : la colonne d'Hindenlang se dirige à l'arrière d'une grange qui forme l'endroit le plus sûr; mais, voyant que la tactique patriote fonctionne, les volontaires mettent le feu à la grange. Hindenlang et ses hommes doivent alors rejoindre Nelson derrière la clôture. Par la suite, les renforts volontaires arrivent et les Patriotes doivent battre en retraite. Le major Hébert et Hindenlang retournent vers Napierville avec les hommes qui ne s'étaient pas enfuis. Selon Rumilly, ils auraient rendu visite au curé de la paroisse et lui auraient volé l'argent de la fabrique avant de prendre le chemin des Etats-Unis; tandis que selon la version de Filteau, ils auraient décidé de quitté vers la frontière à la suite de la tenue d'un conseil de guerre. Ce dernier ne mentionne en rien la rencontre avec le curé de Napierville (FILTEAU, 1981 : 419).

Ce qui est certain c'est que le major Hébert a pu traverser la frontière, mais que Hindenlang a été arrêté avant d'avoir pu faire de même. Intercepté le 10 novembre, il est envoyé à Montréal où il passe les dernières semaines de sa vie. Au cours de cette période, il a un comportement contradictoire. Dès son arrivée au Pied-du-Courant, il signe des aveux qui rejettent le blâme sur Robert Nelson et qui font l'éloge du gouvernement britannique. Il affirme être venu à New York pour des affaires familiales et non pour se joindre au soulèvement patriote. Dans les deux lettres qu'il rédige à ses amis Touvrey et Henri, qui paraîtront dans le journal l'Ami du peuple, de l'ordre et des lois, il tient un discours semblable (GALARNEAU, 1988 : 444-445). Mais, Touvray démentira cette affirmation par la suite. Puis, dans une lettre qu'il adresse à son ami le baron Fratellin, à la veille de son exécution, il dit : " Je meurs content et j'emporte la douce satisfaction d'avoir fait ce que j'ai pu. L'on me prend pour servir d'exemple, dit-on, je le souhaite; que chaque étranger y apporte autant de bonne volonté que moi, et les pendeurs seront pendus, chacun son tour; c'est juste! " (DAVID, 1981 : 284-85). Hindenlang, accusé de quatre chefs d'accusation, est convoqué devant le conseil de guerre le 22 janvier 1839. Parce qu'il est Français, il subit un procès séparé. Deux jours plus tard, il retourne devant le conseil, invoquant pour sa défense deux arguments principaux. Il essaie de faire invalider sa condamnation parce qu'on "...l'avait cité sous le nom d'Hindelang au lieu d'Hindenlang, puis il ne pouvait être jugé que par ses pairs, c'est-à-dire un jury, puisqu'il était dans un pays de droit criminel anglais" (GALARNEAU, 1988 : 445). Mais ses efforts sont vains; il est tout de même condamné à mort. L'intervention de l'ambassadeur de France à Washington, Édouard de Pontois, n'y change rien. Le 12 février, de Lorimier et lui apprennent la date de l'exécution, prévue pour le 15 du mois à 9 heures du matin (GALARNEAU, 1988 : 445).

Malgré ses efforts pour démontrer son insouciance, son attitude est plus agitée. Admirateur de la Révolution française, il fait accepter l'idée d'un banquet d'adieu inspiré du banquet des Girondins à la veille de l'exécution. Au cours de ce souper, de Lorimier porte un toast et Hindenlang exprime son amitié aux Canadiens et sa haine envers l'Angleterre. Il demande à ce qu'on écrive à sa mère pour lui dire qu'il est mort en Français (DAVID, 1981 : 255-56). Ce soir là, il écrit deux lettres à son ami le baron Fratellin, en plus de composer un petit discours qu'il se promet de réciter sur l'échafaud. Après s'être préparés, les accusés sont amenés vers l'échafaud. Hindenlang qui se sent alors vaciller est réconforté par de Lorimier (SCHULL, 1997 : 249). Seulement quelques mots de sa part ont suffit pour réveiller en lui la fierté du soldat; dehors, la foule les attend: " de Lorimier marchait en tête, suivi de Hindenlang, Nicolas, Narbonne et Daunais " (ROCHON, 1988 : 117). Hindenlang, alors âgé de 29 ans, s'avance vers l'échafaud où il récite son discours avant d'être pendu.

Sophie Morel

DAVID, Laurent Olivier, Les Patriotes 1837-1838, Frénette éditeur, 1981 : 255-87.; FILTEAU, Gérard, Histoire des Patriotes, Montréal, L'Aurore/Univers, 1980 : 492p., collection " Histoire ". ; FORTIN, Réal, La guerre des Patriotes, le long du Richelieu, Saint-Jean-sur-Richelieu, Éditions Mille Roches, 1988 : 286.; GALARNEAU, Claude, "Charles Hindenlang", DBC, tome VII, Laval, PUL, 1988 : 444-445.; ROCHON, Paul, 1839 (La lente agonie des Patriotes), Montréal, Les Éditions du Taureau, 1988 : 287.; RUMILLY, Robert, Papineau et son temps, tome II, 1838-1871, Montréal, Fides, 1977 : 594 p., vies canadiennes.; SCHULL, Joseph, Rébellion, traduit de l'anglais par Dominic Clift et Claude Frappier, Montréal, Éditions Québec Amérique, 1997 : 303p.; WEBER, Eugen, Une histoire de l'Éurope, Hommes, cultures et sociétés de la Renaissance à nos jours, tome II, Des Lumières à nos jours, traduit de l'anglais par Dominique Guibert et Philippe Delamare, Paris, Fayard, 1987 : 868 p. ; Patriote, 2000,

 

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