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Gilles Laporte ( droite) recevant le prix de patriote de l'ann閑 remis par la Soci閠 Saint-Jean-Baptiste de Montr閍l en compagnie de pr閏閐ents r閏ipiendaires : MM. Robert Laplante, Bernard Landry et Georges Aubin.
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Soyez les bienvenus la Maison Ludger-Duvernay. Sentez-vous comme moi quel
point l抙istoire suinte de toute part autour de nous? Imaginez, la Soci閠
Saint-Jean-Baptiste, celle-l m阭e fond閑 par les patriotes en 1834,
instigatrice de tant d抜nstitutions, de la F阾e nationale au Pr阾 d抙onneur, en
passant par la croix sur le mont Royal! commencer par le portrait du
fondateur, Ludger Duvernay, juste derri鑢e moi; et tous ces pr閟idents
successifs, illustr閟 dans les vitraux. Cette ambiance me p鑣e autant qu抏lle
m抏nchante chaque fois que j抷 entre, comme le rappel d抲ne responsabilit
nationale. C抏st vous dire combien m抋ccable l抜nsigne honneur qui m抏st accord
aujourd'hui.
J抋ime terriblement mon pays, ses habitants et leur histoire, mais je n抋i gu鑢e
d抋utre m閞ite. Historien du Qu閎ec en plus, c抏st dire combien je sais
l掗tendue de la carri鑢e de chacun des laur閍ts qui m抩nt pr閏閐 titre de
patriote de l抋nn閑. C抏st donc dire quel point leur compagnie me para顃
disproportionn閑, presque insoutenable.
Je dois confier que j抋i d抋bord refus ce titre, puisque je suis 関idemment
d閜ourvu de la visibilit m閐iatique qui, de nos jours, permet seule de porter
un message jusqu抋u c渦r du grand public.
Puis je suis retourn voir la liste des r閏ipiendaires, les pr閏閐ents patriotes
de l'ann閑.
J抷 ai vu de grands hommes d捝tat, des cr閍teurs, des chefs syndicaux, des
journalistes, mais, mais, pas d抏nseignant, pas de prof
Marcel Chaput, p鑢e de l抜nd閜endance moderne
Jean Duceppe, patriote des artistes
Camille Laurin, patriote de la langue fran鏰ise
Georges Aubin, patriote de l抙istoire
Luck Mervil, patriote de la chanson
Bernard Landry, patriote de l掗conomie d抲n Qu閎ec souverain
Loco Locass, patriotes de la po閟ie
Pierre Falardeau, patriote tous azimuts
H閘鑞e Pedneault, patriote de la cause f閙inine
Or le m閠ier le plus important, essentiel pour que naquit l掗tincelle chez
chacune de ces personnalit閟 exceptionnelles, il ne figurait pas dans la liste.
Je serai donc le patriote de l掗ducation !
Un honneur que je tiens partager avec tous les enseignants d抙istoire du
Qu閎ec, en particulier avec ceux qui sont ici ce soir.
Les colonnes du temple : la langue et l'histoire
En marge du sempiternel d閎at sur la meilleure voie suivre en vue de notre
grand rendez-vous avec l'Histoire, je suis heureux que la Soci閠
Saint-Jean-Baptiste voie en attendant pr閟erver les ferments de notre identit
nationale : la langue bien s鹯, mais aussi l'histoire, ce corps de valeurs et de
faits qui soudent le sentiment d'appartenance autour d'une m閙oire commune.
Or comment mieux rappeler le r鬺e cl de la pr閟ervation de notre langue et la
promotion de notre histoire que de faire un petit rappel sur 1839 et le rapport
Durham. De Durham et son rapport on a dit beaucoup de choses, mais une
essentielle semble parfois nous 閏happer :
C'est pour les tirer de leur inf閞iorit que je veux donner aux Canadiens
notre caract鑢e anglais.
Je le d閟ire pour l'avantage des jeunes instruits que la diff閞ence du langage
et des usages s閜are du vaste Empire auquel elles appartiennent.
Je d閟ire plus encore l'assimilation pour l'avantage des classes inf閞ieures.
S'ils essaient d'am閘iorer leur condition, en rayonnant aux alentours, ces gens
se trouveront n閏essairement de plus en plus m阬閟 une population anglaise ;
s'ils pr閒鑢ent demeurer sur place, la plupart devront servir d'hommes de peine
aux industriels anglais.
Cette condescendance colonialiste ne doit pas masquer le fait que Durham
consid閞ait vraiment faire une proposition g閚閞euse au peuple qu閎閏ois en lui
offrant l'identit et la langue anglaise. C'est l essentiel pour rappeler
quel point depuis une partie de notre 閘ite s'est laiss閑 s閐uire par ce miroir
aux alouettes consistant joindre la civilisation anglo-saxonne, riche et
apparemment promise un jour dominer tout le monde d関elopp.
Depuis, le destin de notre collectivit demeure et demeurera toujours un fil
tendu au-dessus de l抋b頼e.
J抋ime comparer l'aire culturelle du Qu閎ec une patinoire de hockey. Pendant
que les collaborateurs du r間ime f閐閞al font des vrilles et des doubles saltos
arri鑢e Ottawa et Qu閎ec, pr閠endant que la glace est excellente et que ni
notre langue ni notre identit ne sont menac閑s, les r閟istants, ceux-l
conscients de la fragilit de notre position, s掗chinent pendant ce temps
passer la gratte et tasser la neige parce qu'ils savent, eux, que la patinoire
r閠r閏it continuellement. Parmi eux, les artistes, les com閐iens, ceux aux
devants de la sc鑞e de la lutte contre l'assimilation et l'acculturation. Ces
artistes d'ailleurs, si nombreux et de bon droit parmi les patriotes de l'ann閑.
Parler fran鏰is reste et demeurera toujours un geste militant, dont nous payons
tous collectivement le prix, mais que nous choisissons quand m阭e de l間uer
nos enfants. Ils me font rire ceux qui pr閠endent que le fran鏰is n抏st pas en
danger. Notre langue sera toujours menac閑, pour la simple raison qu抜l y aura
toujours un prix payer pour le parler; un prix que certains d閐aignent
payer, au nom de l'efficacit, au nom de la rentabilit ou au nom de la
mansu閠ude multiculturelle. Parler fran鏰is est m阭e un geste effront. Ceux qui
croient pourtant qu抩n peut baisser la garde se bernent lourdement car le chant
de sir鑞e de lord Durham r閟onne plus que jamais en 2010.
Est-ce dire que parler fran鏰is n抏st pas rentable ?
Et c抏st l qu抩n attrape Durham. En Am閞ique du Nord, il y a deux endroits pour
les productions publicitaires : Los Angeles et Montr閍l, parce qu抜l y ici un
satan peuple qui n抋ime pas les publicit閟 traduites et qui tient trop ses
vedettes locales. Le fait fran鏰is est donc responsable de la toute premi鑢e
industrie qu閎閏oise, celle des communications. Alors que le Canada anglais se
contente, b閍t, de la culture am閞icaine, notre pied de nez lord Durham
rapporte des milliards l掗conomie du Qu閎ec dans les domaines de la
t閘関ision, de la radio, d扞nternet, des magazines, du cin閙a, parce qu抜l y a
ici un peuple fier et capricieux qui n抋ccepte pas le pr阾--penser que lui
balance la world culture.
Reste que, depuis, la sentence de Durham et le tic tac de l'assimilation
r閟onnent en sourdine l'arri鑢e de notre vie nationale.
Depuis, gu鑢e que deux attitudes possibles : r閟ister au nom de valeurs dignes
d'阾re pr閟erv閑s, ou collaborer au nom du cosmopolitanisme et du progr鑣,
quitte jeter au feu les racines de notre identit collective. Depuis 1840,
notre 閘ite d閏hir閑 entre ces deux issues.
Rendons tout de m阭e hommage une premi鑢e g閚閞ation de collabos, celle des
LaFontaine, Morin, Chauveau ainsi qu' notre clerg, y compris ces vilains
castors. Plong閟 dans le r間ime de l扷nion, ils devaient d抋bord s'関ertuer
sauver les meubles et assurer la survie nationale.
J抋i encore de l抏stime pour ces Canadiens-fran鏰is qui ont ensuite fait
carri鑢e Ottawa au temps de Wilfrid Laurier, Louis-Olivier Taillon, Isra雔
Tarte. Ils vivaient encore dans le mythe du pacte entre deux nations; sous
l抜mpression que le fait fran鏰is avait sa place dans un Canada bilingue. Je
pardonne encore Athanase David, 蒬ouard Lacroix, T-D Bouchard - ce cher T-D
Bouchard - : des humanistes 閜ris de justice, qui avaient le c渦r gauche et
qui ne voyaient pas que l抜nterventionnisme d扥ttawa durant la Guerre allait
crisper le Qu閎ec et le livrer Duplessis.
Mais j抋i moins d抏stime pour les fripouilles de l抋pr鑣-guerre, les sous-fifres
de Louis Saint-Laurent : ces Guy Favreault, Maurice Sauv, 蓃ic Kierans. Puis
ces fats intellectuels a qui Pierre Elliott Trudeau allait s'empresser de donner
sa caution morale : Marc Lalonde, Andr Ouellet, Jean-Luc P閜in, Yvon
Charbonneau, Pierre Petitgrew, St閜hane Dion
Tous d抙onorables ministres, couverts d抙onneurs, dont la descendance garde
pr閏ieusement les tableaux de famille. Des collabos certes, mais qui pr閠endront
toujours avoir dignement repr閟ent le Qu閎ec. Or quelle est leur contribution
tangible l抋vancement du Qu閎ec? Nulle. Que reste-t-il de leur r陃e d抲n pays
bilingue? Rien. De leur h閞itage intellectuel? Parfois beaucoup de bonne foi,
mais en regard de l扝istoire, une contribution qui avoisine le n閍nt. De toute
fa鏾n, la cause est entendue pour mes 閠udiants : ils n'en (re)connaissent
aucun.
D抋illeurs o est le talent? 莂 fait cinquante ans que toutes les femmes et les
hommes marquants sont presque tous associ閟 l抋ffirmation du Qu閎ec et la
r閟istance l'acculturation Cinquante ans que tous les talents du Qu閎ec se
rallient la cause de l抜nd閜endance.
Regardez simplement la liste des patriotes de l抋nn閑, Louis Laberge, Serge
Turgeon, Jean-Claude Germain, Paul Pich. G閞ald Larose, Yves Michaud, Pierre
Falardeau, Georges Aubin, Bernard Landry, H閘鑞e Pedneault. Quel ar閛page de
g閍nts! Cette liste supplante n抜mporte quelle M閐aille du Gouverneur g閚閞al,
fondation Molson ou Soci閠 royale du Canada.
Et 鏰 fait cinquante ans que 鏰 dure.
M阭e Andr Pratte doit reconna顃re en 閐itorial que le talent politique au
Qu閎ec se retrouve presque en entier aux c魌閟 de la cause souverainiste et
nullement dans le camps f閐閞aliste. Et Jean-Fran鏾is Lis閑 faisait r閏emment
remarquer quelles d閞isoires cr閍tures politiques nos leaders nationalistes
ont eu faire face en leur temps :
Quelqu抲n se souvient-il de l抋dversaire politique de Ren L関esque durant les
ann閑s 1980? Un certain Claude Ryan...
Qui faisait trembler un Jacques Parizeau dans les sondages ? Daniel Johnson
fils
L抋dversaire d抲n Lucien Bouchard au Bloc qu閎閏ois? Jean Chr閠ien
Et l抋dversaire d抲n Bernard Landry Jean Charest, triste sir.
Des nains politiques, d抜nfimes contributions l抙istoire du Qu閎ec et, dans
bon nombre de cas, une persistante odeur de corruption.
Or, qu抩n ne s抷 trompe pas, l抙istoire s掗crit sous nos yeux et elle juge sans
appel : ceux et celles qui ont laiss leur marque et dont l抋ction demeure digne
d抜nt閞阾 sont pratiquement tous issus du clan nationaliste. C抏st une question
de talent mais c抏st aussi 鏰 阾re dans le sens de l抙istoire.
Qu抩n y pense, Robert Bourassa a 閠 premier ministre du Qu閎ec pendant 14 ans
et Jacques Parizeau pendant un an peine. Or une biographie de Robert Bourassa
est sortie hier - un excellent livre au demeurant - quant au livre de Jacques
Parizeau, il roule depuis un an. Devinez lequel va se vendre le plus!
Bernard Landry a 閠 premier ministre du Qu閎ec pendant deux ans. Un bilan
l間islatif remarquable, 閝uilibre budg閠aire, la paix des Braves, le sauvetage
de la Kenworth, la Cit du Multim閐ia.
Comparez un instant ce bilan aux sept ann閑s au pouvoir de Jean Charest Grand
b鈚isseur autoproclam閰
Au moment o je vous parle : MNQ, MSQ, SSJB, Libre marcheur, RPS, P I, Parti
qu閎閏ois, Bloc qu閎閏ois, Qu閎ec solidaire : autant d掗curies de pur-sang,
autant de p閜ini鑢es, o les talents rivalisent, au point m阭e de rivaliser au
plan de l抜ntensit. J抏ntre mon aise dans chacune de ces 閏uries. J抋ime
respirer le m阭e air que ces militants qui piaffent en attendant notre prochain
rendez-vous avec l扝istoire. Des id閍listes, dipl鬽閟 comme jamais, anim閟 d抲ne
fois tremp閑. 莂 travaille et 鏰 milite sans compter, avec intelligence et la
fine pointe de la technologie.
Pendant ce temps, les f閐閞alistes ont du mal trouver un candidat capable de
nouer son n渦d de cravate. Une belle collection de sans-talent dont la seule
id閑 de g閚ie a 閠 d'un jour d掗tablir le lien entre le f閐閞alisme et leur
promotion personnelle.
Quand j抏nseigne l抙istoire du Qu閎ec, je rappelle que la corruption politique
est malheureusement un probl鑝e ancien au Qu閎ec, sauf quand les souverainistes
sont au pouvoir, sauf quand Ren L関esque adopte la loi sur le financement des
partis, sauf quand un parti et son chef se mettent l掗coute la population.
Le Parti lib閞al du Qu閎ec a toujours 閠 financ par les grandes entreprises;
il ne sait faire que 鏰, tout simplement parce qu抲n authentique militant
lib閞al, anim d抲n id閍l, porteur d抲n projet de soci閠 pour le Qu閎ec, bien
鏰 n抏xiste plus!
D閏rochage scolaire
Ce tr鑣 long pr閍mbule pour vous dire combien je me sens embarrass au moment
d抏ntrer dans un tel panth閛n. Je serai donc le patriote de l'閐ucation.
D閏rochage scolaire. Jean Charest plante les parents. La belle affaire! On sait
depuis longtemps que 鏰 prend tout un village pour 閘ever un enfant.
Que le Parti qu閎閏ois pointe le sous-financement de l掗ducation est essentiel.
Que l扐DQ soul鑦e la question de la bureaucratie est judicieux, que Charest
choisisse, lui, d抩straciser les parents n抏st pas d閚u de fondement. Mais qui
au juste s抜nt閞esse ce qu抩n enseigne et son impact sur la pers関閞ance?
Qui en somme ose plonger pleines mains dans cette p鈚e molle qu抩n appelle les
programmes p閐agogiques et poser la question de leur impact sur le d閏rochage
scolaire?
Le Renouveau p閐agogique a sans doute des m閞ites, le probl鑝e est qu抩n les
cherche encore. En attendant ses effets d閘閠鑢es sont bien tangibles :
accroissement du d閏rochage, surtout chez les gars; d関alorisation des
connaissances, surtout en histoire, en g閛graphie et en politique; plafonnement
de la fili鑢e technique, celle-l m阭e o les besoins de main-d挏uvre sont
criants.
Pensez juste la motivation des gar鏾ns. Il y a des didacticiens qui croient
s閞ieusement que la p閐agogie par projet sur un mode coop閞atif allait les
閘ectriser. Or, tous les enseignants pr閟ents ici savent pourtant que le travail
d掗quipe est une discipline o performent d抋bord les filles; des filles
extraordinaires, qui en m鑞ent large et qui d閜loient toujours davantage leurs
talents. Fondus dans une 閝uipe et soumis une p閐agogie f閙inine, les gars ont
l抋ir perdus, longeant les murs pour ne pas se faire remarquer.
Motiver les gars, on sait pourtant depuis longtemps comment y faire :
offrez-leur des d閒is, misez sur leur esprit de comp閠ition, tablez sur leur
polyvalence, sur leur individualisme, faites les bouger, laissez-les courir dans
les corridors. Enfin, donnez-leur des mod鑜es positifs, des h閞os, dont leur
histoire est pourtant remplie, de Papineau Maurice Richard. Or, d閒is,
comp閠ition, individualisme, d閒oulement physique et une histoire h閞o飍ue,
c'est exactement le contraire de ce que pr鬾e la r閒orme actuelle.
Comment des bureaucrates ont pu un instant penser de la sorte enrayer le
d閏rochage scolaire?!
Entre-temps le d閏rochage scolaire est devenu une catastrophe nationale. La pire
qui soit. Bravo aux soins de sant, mais les salles d抲rgence sont des puits
sans fond. Pour chaque jeune qui d閏roche, c抏st un prix inestimable que nous
payons collectivement, et pour longtemps.
Les gars d閏rochent parce qu抜ls n抋iment pas l掗cole qu抩n leur offre. Mais ils
d閏rochent aussi pour autre chose : l抋rgent, s抋cheter un t閘閜hone, un char
Le patriote de l抋nn閑 entend s'impliquer concr鑤ement sur cette question
d'importance nationale, permettez-moi donc d抏ngager d鑣 ce soir mon volet
l間islatif, ma propre Gouvernance souverainiste en somme. Sur le mod鑜e des
assembl閑s patriotes, je vous d閏lare par la pr閟ente assembl閑 d閘ib閞ante.
Le Patriote de l抋nn閑 2010-2011 prend officiellement position pour que
l抩btention du permis de conduire chez les jeunes de moins de 21 ans soit
conditionnelle la r閡ssite de ses 閠udes secondaires.
[adopt閑 l抲nanimit閉
L'histoire d鑣 le primaire
Avez-vous vu le programme d抙istoire au niveau primaire? Logorrh閑 l閚ifiante,
moraliste, r閐ig閑 par on ne sait qui; 閏ole du relativisme qui choisit
d掗tudier l抙istoire des moments o il ne se passe rien. L抙istoire est la
science des ruptures et des continuit閟, pas un long fleuve tranquille. En ce
sens, Histoire pr閟ent閑 au niveau primaire et carr閙ent d閒orm閑 :
Comment voulez-vous d閏rire le d閟astre de la Conqu阾e de 1760 quand on leur
enseigne que cette transition se fit en douceur ?
Comment voulez-vous expliquer la r関olte patriote des jeunes qui croient que
tout allait bien entre francophones et anglophones ?
Comment voulez-vous expliquer la R関olution tranquille des jeunes qui on a
appris que le Qu閎ec formait une soci閠 normale avant 1960?
Or il n抷 a pas vraiment d抙istoire au primaire. L抏nseignement de l抙istoire
n抷 est que prescriptif et peut 阾re tout aussi bien remplac par d抋utres
domaines d抲nivers social tels l掗cologie, le multiculturalisme, la citoyennet.
Le patriote de l抋nn閑 propose de r閠ablir la discipline histoire au niveau
primaire et de miser sur l抋cquisition de connaissances permettant d抜dentifier
les moments charni鑢es de notre histoire et de souligner le r鬺e d抙ommes et de
femmes exemplaires; des mod鑜es positifs pour les jeunes. [adopt閑 l抲nanimit閉
L'histoire nationale au niveau secondaire
Le contenu des cours au secondaire ressemble l抙eure actuelle un fouillis,
d閟ormais s閜ar en deux cycles. Au troisi鑝e secondaire l掗l鑦e voit l抙istoire
du Qu閎ec de mani鑢e chronologique, au quatri鑝e secondaire, la m阭e histoire,
mais cette fois de mani鑢e th閙atique, par sujet. C抏st n抜mporte quoi. C抏st
redondant, fastidieux et d閙oralisant.
En plus l抙istoire nationale est fondue avec formation la citoyennet, sorte
d抜nitiation la diversit culturelle.
Le patriote de l抋nn閑 propose donc que l抙istoire nationale soit vue sur deux
ans de mani鑢e chronologique : des origines la Conf閐閞ation en secondaire
trois, et de la Conf閐閞ation nos jours en secondaire quatre.
[adopt閑 l抲nanimit閉
Le patriote de l抋nn閑 propose par ailleurs que le cours bizarrement appel
Histoire et 閐ucation la citoyennet s抋ppelle tout simplement Histoire de
l抙istoire du Qu閎ec et du Canada, un point c抏st tout.
[adopt閑 l抲nanimit閉
Mais le pire c抏st au c間ep
L抙istoire est totalement exclue de la formation g閚閞ale au niveau coll間ial.
Sur les douze grandes comp閠ences suppos閑s 阾re acquises par les 閠udiantes et
les 閠udiants la fin de leur parcours coll間ial, pas une seule ne fait
allusion ni la culture historique des jeunes Qu閎閏ois, ni leur appartenance
une nation de langue fran鏰ise et de culture distinctes en Am閞ique du Nord.
Sur les 111 pages du descriptif du programme de sciences humaines, le mot
玥istoire n抋ppara顃 litt閞alement qu掄 un seul endroit; en rapport avec le
cours sur la civilisation occidentale et, dans les 182 pages du descriptif de la
formation g閚閞ale commune, le mot 玅u閎ec n抋ppara顃 qu抲ne seule fois, en
rapport avec le cours 玪itt閞ature qu閎閏oise.
Au c間ep, Histoire du Qu閎ec, ne repr閟ente que 10 % des cours d抙istoire
offerts et n抏st plus offert que dans douze c間eps sur 48. Cons閝uemment, en
2009, seuls 2424 c間閜iens avaient suivi un cours d抙istoire du Qu閎ec. C抏st l
moins de 5 % des 閘鑦es.
Plus pr閛ccupant encore que le sort r閟erv l抙istoire, c抏st l抩bjet Qu閎ec
lui-m阭e qu抩n est en train de sortir des 閏oles. L on parle carr閙ent
d抏sp鑓es en voie de disparition : Fondements historiques du Qu閎ec, Sociologie
du Qu閎ec, Politique Qu閎ec-Canada, 蒫onomie du Qu閎ec et ses r間ions, Histoire
de l抋rt au Qu閎ec, autrefois des cours florissants dans les programmes
pr閡niversitaires, sont soit disparus des banques de cours, soit rel間u閟 au
choix en toute fin de parcours.
Le patriote de l抋nn閑 propose donc l抜ntroduction d抲n cours la formation
g閚閞ale portant sur l抙istoire, l掗conomie la g閛graphie, la politique, et la
culture du Qu閎ec un moment charni鑢e, o un jeune de 17 20 ans fait
l抋pprentissage du travail r閙un閞, du syndicalisme, du bureau de scrutin. [adopt閑 l抲nanimit閉
L抲niversit qu閎閏oise ne va pas bien
Dans son 閐ition d抙ier, le fabuleux McClean publiait son palmar鑣 des
universit閟 canadiennes. Sans surprise, les universit閟 francophones sont toutes
parmi les derni鑢es et l扷QAM remporte le titre de la pire universit au Canada.
Apr鑣 la corruption, voil que le Canada anglais c閘鑒re notre m閐iocrit!
Malgr cela, l扷QAM est toujours pleine de chaires de recherche qu閙andant des
subventions aux organismes f閐閞aux, toutes 閙oustill閑s d掙tre invit閑s aux
congr鑣 des Canadian Studies R間ina ou de la fondation Historica Kanloops.
M閜ris閟 et ridiculis閟 les chercheurs universitaires qu閎閏ois des sciences
humaines, pu閞ils quand ils baragouinent leurs communications en anglais devant
les soci閠閟 savantes, avec leurs universit閟 sous-financ閑s, d閐aign閑s par les
fondations priv閑s.
Malgr cela, trop d抲niversitaires qu閎閏ois s掗vertuent pr閟erver leur tour
d抜voire et jouer le jeu des institutions canadiennes, publiant leurs articles
savants dans des revues que personne ne lit, se pliant tous les caprices du
CRSH ou du Conseil des arts du Canada afin obtenir leurs pr閏ieuses subventions
f閐閞ales.
Ils croient ainsi pouvoir faire de la vraie recherche, ils ne perp閠uent en
g閚閞al que leur d閜endance intellectuelle envers les mots d抩rdre du
multiculturalisme canadien.
Quel gaspillage d抜ntelligence. Or on a besoin des universitaires comme jamais
au Qu閎ec. Notre soci閠 est trop petite, trop pauvre pour entretenir un milieu
universitaire ferm et narcissique. O sont nos universitaires l抙eure de la
crise identitaire, du naufrage dans l掗ducation et du d閒icit d閙ocratique de
nos institutions? O sont ces admirables intellectuels des ann閑s 1950 et 1960
qui n抙閟itaient pas occuper l抏space m閐ia : Lionel Groulx, Maurice S間uin,
Richard Ar鑣, Fernand Dumont, Marcel Rioux? L鈉hez un instant vos demandes de
subventions et descendez dans la Cit!
L抋utre probl鑝e de l抲niversit concerne la formation des ma顃res.
L抋pprentissage de l抙istoire par les futurs enseignants y occupe une place
marginale par rapport au salmigondis de cours de didactique et de p閐agogie. Un
bon prof est d抋bord celui ou celle qui ma顃rise bien sa mati鑢e, mais l'heure
actuelle les 閠udiants au bacen enseignement de l'histoire ne suivent que deux
mis閞ables cours d'histoire du Canada au niveau universitaire en guise de
pr閜aration en vue de l'enseigner eux-m阭es pour les 35 prochaines ann閑s!
Le Patriote de l抋nn閑 propose donc que le nombre de cours de didactiques et de
p閐agogie soit r閐uit au baccalaur閍t en enseignement de l抙istoire et qu抜ls
soient remplac閟 par des cours disciplinaires en histoire.
[adopt閑 l抲nanimit閉
Autres chantiers : appellation Pays patriote
Heureusement il se fait de la bonne histoire ailleurs, notamment dans les
soci閠閟 d抙istoire et de g閚閍logie, par le tourisme historique, ainsi que dans
les mus閑s. Au fil des ann閑s j抋i aussi rencontr d抋utres chercheurs, fervents
d抙istoire et de g閚閍logie : la F閐閞ation des soci閠閟 d抙istoire, la
Soci閠 historique de Montr閍l, la Soci閠 des professeurs d抙istoire du
Qu閎ec, les soci閠閟 Saint-Jean-Baptiste, la fondation Lionel-Groulx, ainsi
qu抋vec les mus閑s Pointe--Calli鑢e, de Saint-Eustache ou la Maison nationale
des patriotes.
Je les ai presque tous rencontr閟 l'occasion de l'閜ique croisade en vue de la
proclamation d'un jour f閞i en l'honneur des patriotes de 1837-1838.
D鑣 1997 je m'閠ais joint aux efforts men閟 par des citoyens de l扙strie, autour
de M. Alcide Cl閙ent, afin de voir na顃re un jour f閞i consacr aux patriotes
de 1837-1838. Au terme de plusieurs ann閑s de conscientisation, la Journ閑
nationale des patriotes est proclam閑 en 2002 par le gouvernement de monsieur
Bernard Landry chaque troisi鑝e lundi du mois de mai et comm閙ore depuis les
assembl閑s populaires tenues par les patriotes la grandeur du Qu閎ec du temps.
J'ai ensuite particip chacune de ces journ閑s afin de coordonner le travail
de centaines de b閚関oles et d抩rganismes d閟ireux de dignement c閘閎rer la
lutte patriote. Modeste ses d閎uts, la Journ閑 nationale des patriotes 閠ait
soulign閑 en mai dernier par pas moins de cinquante activit閟, conf閞ences,
expositions, f阾es champ阾res, visites patrimoniales autour des th鑝es de
l抙istoire, l抜dentit nationale et la conqu阾e de nos libert閟 d閙ocratiques.
La Journ閑 nationale des patriotes est depuis devenue une v閞itable f阾e de
l抙istoire et a pris place parmi les jalons identitaires du peuple qu閎閏ois.
Or la lutte pour la d閙ocratie et la justice n抏st pas un monopole des
patriotes.
Le patriote de l抋nn閑 propose que la Journ閑 nationale des patriotes soit
d閟ormais comprise comme une f阾e de l抙istoire, comm閙orant ceux et celles qui,
depuis 1837, ont poursuivi le combat pour la justice, l掗quit et l抋ffirmation
nationale.
[adopt閑 l抲nanimit閉
On me parle constamment d抋utres mani鑢es de comm閙orer la lutte de nos
anc阾res. Je souligne par exemple le travail entrepris par la soci閠 historique
du Richelieu pour b鈚ir, autour de M. Onil Perrier, la g閚閍logie des
descendants de patriotes et qui devrait permettre chacun de retracer ses
anc阾res patriotes.
Le patriote Victor Charbonneau a aussi mis de l'avant une id閑 sensationnelle :
au mus閑 virtuel des patriotes. Suite l'exposition tenue au mus閑 Pointe--Calli鑢e
en 2007, nous avons 閠 m阭e de constater que les objets portant sur cette
p閞iode 閠aient loin d'阾re tous conserv閟 dans les mus閑s et les centres
d'archives, mais pour bon nombre encore pr閏ieusement conserv閟 dans le
patrimoine familial. Un mus閑 virtuel, constitu de photos hauter閟olution
bien document閑s propos de la provenance et de l'authenticit des art閒acts
devrait permettre de les localiser en vue de leur pr閟ervation et d'en faire
profiter le grand public via un mus閑 virtuel diffus sur Internet.
On parle 間alement de publier une s閞ie de petits livres portant sur le
patrimoine patriotique local afin que chaque famille puisse, pr鑣 de chez elle
et co鹴 modique, parfois m阭e v閘o, d閏ouvrir la richesse de l'histoire de
sa localit, y trouver une l間itime fiert et apprendre la pr閟erver et la
perp閠uer.
Mais la plus belle que j抋ie entendue vient d抲n de mes 閠udiants. Il revenait
alors d'un voyage dans le sud de la France o il avait entendu parler d'une
appellation contr鬺閑 portant sur les produits du terroir, l'artisanat et les
services touristiques et intitul閑 "Appellation Pays Cathare". Une telle
appellation fait en effet r閒閞ence la civilisation cathare, un groupe
religieux original, pers閏ut d鑣 le Moyen 耮e, mais dont bon nombre de traits
sont demeur閟 vifs jusqu' nos jours en Occitanie, autour de la ville de
Toulouse.
Il est bien clair qu'un tel exemple pourrait 阾re repris ici, autour de valeurs
et de produits 閝uivalents et portant le sceau Pays patriote.
Le patriote de l抋nn閑 propose que la vall閑 du Richelieu, de l扐cadie, de la
Yamaska, ainsi que de la rivi鑢e du Ch阯e et la rivi鑢e du Nord, en Mont閞間ie
et dans Deux-Montagnes, soient d閟ign閟 Pays patriote. Que les mara頲hers,
pomiculteurs, viticulteurs, pratiquant une agriculture durable et de qualit,
ainsi que les auberges, bistrots, mus閑s, ainsi que les municipalit閟 qu抷 s抷
trouvent soient invit閟 adh閞er l抋ppellation Pays patriote, prouvant qu抜l
s抋git d抲n produit local, gage de qualit et de respect des traditions et du
savoir-faire qu閎閏ois. [adopt閑 l抲nanimit閉
Tant d抋utres projets, tant d抋utres id閑s stimulantes que j抏ntends soutenir au
meilleur de mes moyens afin de pr閟erver et mettre en valeur notre patrimoine
patriote.
Malgr tout cela, je trouve toujours moyen de faire mes 4000 kilom鑤res de v閘o
par ann閑. traverser certains de nos villages magnifiques, je recharge mes
batteries ainsi sillonner le monde rural. Ici est n Honor Mercier, ici v閏ut
Laure Conan, de l est parti Cavelier de LaSalle pour son voyage dans l'Ouest...
Mais c抏st la nature qui me rend le plus fier d掙tre qu閎閏ois. Quel pays
magnifique, gorg de ressources; un pays riche. Ainsi, en ao鹴 dernier je suis
all voir un ami Saint-蒷ie-de-Caxton; une bonne ride de 180 kilom鑤res. un
moment donn, 閜uis, je me suis couch dans un champ de bl d抜nde. C掗tait
tout coup. Restaient que les cotons. Y avait une vieille grange, une cl魌ure,
une croix de chemin, des 閜is rabougris, le sol, une belle terre noire. Ce sol;
mon sol, celui qu抩n m抋 l間u; que des milliers d扞ndiens ont sillonn et
r閏olt. Puis douze g閚閞ations de Fran鏰is, celles des trente sous z閞o, des
maisons pleines d抏nfants, des m鑢es qui n抋vaient rien mais qui voyaient
tout.
Je suis le fils d閏hu de race surhumaine, Race de violents, de forts, de hasardeux, Et j抋i le mal du pays neuf, que je tiens d抏ux ! Ce sol, cet 閜is, la d閜ouille de mes anc阾res, Ab閚akis, Hurons, Fran鏰is,
Irlandais, Acadiens, Qu閎閏ois. Ce sol, cette grange, cet 閜i, un ciel bleu, constell de nuages blancs tel un
drapeau. Mon corps, ma peau m阭e. Tout cela me r閏lamait un pays, un pays pour honorer les pionniers, pour
respecter la nature g閚閞euse, pour mieux accepter l抙iver, pour justifier les
sacrifices, un pays pour que cette langue et cette histoire aient un sens, un
pays, en somme, pour que le sol prenne enfin son nom : Qu閎ec.

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