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Les Patriotes de 1837@1838 - Le rapport Durham : 'Permettre aux Canadiens français d'avancer sur le terrain ensoleillé de la liberté et de la prospérité'
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Le rapport Durham : 'Permettre aux Canadiens français d'avancer sur le terrain ensoleillé de la liberté et de la prospérité'
Article diffusé depuis le 15 novembre 2007
 


Photo : Radio-Canda

Une exposition présentée par la Commission de la capitale nationale (CCN) sur la rue Sparks à Ottawa a été modifiée en octobre 2007 en raison de la controverse qu`elle soulève. Un panneau présentant l`ancien gouverneur Lord Durham comme l`un des personnages marquants de l`histoire canadienne a été retiré. Le panneau présentait un portrait flatteur de l`auteur du rapport Durham, rédigé à la suite des rébellions de 1837 et de 1838 dans le Haut-Canada et dans le Bas-Canada. Toutefois, le texte de l`exposition omettait de signaler que Lord Durham avait recommandé l`assimilation des Canadiens-Français, qu`il qualifiait de peuple « sans histoire et sans littérature »...
Cette décision, on s`en doute, a rapidement provoqué des réactions de part et d`autre de la rivière des Outaouais.  Au Canada anglais on s`en est surtout pris à la rectitude politique ayant conduit au retrait du panneau.  On considère en effet qu`il n`existe nulle raison de nier la contribution historique de Lord Durham à l`avancement de la démocratie au Canada.  N`a-t-il pas été le premier à proposer la responsabilité ministérielle pour le Canada rétorque-t-on ?  Parmi ces réactions, celle d`une historienne, Janet Ajzenstat, mérite d`être retenue.  Spécialiste de Durham, Mme Ajzenstat reprend une idée importante, soit que Durham proposait bien l`assimilation aux Canadiens-Français pour "leur propre bien" et voulait simplement permettre aux Canadiens français « d’avancer sur le terrain ensoleillé de la liberté et de la prospérité » : "C`est pour les tirer de leur infériorité que je veux donner aux Canadiens notre caractère anglais..."  
Mme Ajzenstat a raison de rappeler que le Rapport Durham est bien plus nuancé et impartial qu`on ne le croit généralement.  Il est cependant tout à fait inacceptable qu`on commémore ainsi la mémoire de son auteur.  Durham demeurera toujours un MONUMENT au mépris et à l`arrogance des Britanniques envers les habitants du Québec.  Loin de le faire oublier, il est bon qu`il ressorte ainsi régulièrement dans l`actualité, pour rappeler aux Québécois combien leur survie culturelle est à la fois héroïque et terriblement fragile.



Faut-il afficher le portrait de Lord Durham dans les rues d'Ottawa ? Cela n'a guère d'importance. Son "Rapport sur les affaires de l'Amérique du Nord britannique" vit. Il a été publié en 1839 et n'a jamais cessé d'être imprimé depuis. Il sera lu aussi longtemps que Canada, et - oserais-je le dire ? - même après.

Dans les années 1840, les réformateurs tant francophones qu'anglophones ont salué le rapport comme la charte du gouvernement libre. Et il a répondu à leurs espoirs. En 1848, la recommandation de Durham pour un "gouvernement responsable" a conduit au renversement des oligarchies coloniales - la Clique du Château et le Pacte de famille. Lors de la conférence de Québec Québec de 1864, les Pères de la Confédération ont utilisé la description de Durham des des libertés britanniques pour créer le Parlement du Canada.

Mais si le rapport de Durham est célèbre à juste titre, il est aussi - à juste titre - controversé. controversé. Des commentateurs comme Gerald Craig, éditeur de l'édition abrégée(1963), le qualifient d'"offensant".

La question d'un intérêt pérenne pour les lecteurs d'aujourd'hui est la suivante : Est-ce que Lord Durham s'attendait-il à ce que les Canadiens français adoptent le mode de vie britannique ? Il voulait sans doute Il voulait sans aucun doute qu'ils adoptent les institutions de la démocratie britannique. Mais s'attendait-il à ce qu'ils qu'ils abandonnent leurs propres traditions ?

Il dit carrément que la "race britannique doit finalement prévaloir". Les Britanniques doivent être "placés à l'ascendant". Le Bas-Canada doit être "complètement assimilé aux coutumes et aux institutions britanniques". Ces passages et d'autres comme eux laissent une blessure profonde. Je ne crois pas qu'une personne d'origine française qui les lira sera jamais se réchauffer à Durham.

Et pourtant ! Il n'envisageait pas un avenir statique pour le Canada français. Il était lui-même Il voulait que les Français aillent de l'avant. Il voulait qu'ils qu'ils avancent vers les hautes terres ensoleillées de la liberté politique et de la prospérité. En fait, il pensait qu'ils avançaient déjà.

Les hommes d'affaires et les élites politiques du Canada français commençaient à construire une société commerciale moderne. Ils s'intéressent aux nouvelles technologies (le transport par bateau à vapeur, par exemple) et aux réformes sociales et constitutionnelles. réforme sociale et constitutionnelle. Durham précise d'ailleurs que certains Anglais entravaient les ambitions des Canadiens français. ambitions canadiennes-françaises. Il convenait aux Anglais qui avaient acquis des seigneuries de garder leurs locataires à la ferme. Il convenait aux élites anglaises de Montréal de d'empêcher les Français d'accéder aux fonctions politiques. Il traite les Anglais qui ont ces opinions sévèrement.

La plupart des spécialistes canadiens croient que Durham avait tort sur deux points. Il a eu tort d'envisager l'idée de l'assimilation (d'un point de vue moral, on pourrait dire), et point de vue moral, pourrions-nous dire), et il avait tort, désespérément tort, de supposer que l'union du Haut et du Bas-Canada permettrait d'atteindre cet objectif. Canada permettrait d'atteindre cet objectif. On dit habituellement qu'après l'union du Haut et du Bas-Canada en 1840, les Français ont utilisé les institutions politiques de la de la province unie - les institutions mêmes que Durham avait recommandées - pour défendre avec succès le mode de vie canadien-français.

Durham avait-il tort de supposer que la pratique de la démocratie parlementaireexige - ou encourage - l'homogénéité culturelle ? Est-il vrai qu'en dépit de tous les les espoirs du contraire, la démocratie libérale érode les cultures particulières ? Le jury est toujours pas de réponse.

Durham pensait avoir la réponse. Je suggère que ce qu'il avait, c'est la question. C'est une question qui reste avec nous : les principes d'un gouvernement libre exigent-ils doivent-ils être assimilés à un mode de vie fade et universel ? La démocratie libérale est-elle est-elle compatible avec le maintien d'un mode de vie distinctif et particulier ? De nouveaux livres sont publiés sur le sujet chaque année, dont certains par des universitaires canadiens.

Étienne Parent était peut-être le lecteur le plus dévoué de Durham en 1839. Parent était passionnément attaché à la nationalité canadienne-française, mais il voulait aussi, tout aussi passionnément, voir sa province gouvernée par les institutions de liberté politique qu'enseignait Durham. Il espérait concilier les deux "biens" chéris - la liberté britannique et le mode de vie canadien-français. Ses essais sur le sujet paraissent dans le célèbre journal d'opinion politique canadien-français, Le Canadien. Canadien.

Finalement, Parent s'attache à l'idée d'une union des différentes colonies britanniques d'Amérique du Nord, y compris les provinces maritimes. britannique, y compris les provinces maritimes - un projet également envisagé brièvement par Durham. envisagé brièvement par Durham - dans laquelle le Bas-Canada jouirait de ses propres institutions parlementaires, sur le modèle de la Mère de Dieu. Parlementaires, sur le modèle de la Mère des Parlements, et serait ainsi en mesure de de maintenir ses institutions sociales distinctives.

Mais le moment n'est pas venu. Peu de temps après que Durham se soit embarqué pour retourner en Angleterre (1er novembre 1838). Angleterre (1er novembre 1838), la deuxième rébellion éclate. Aucun ministère britannique n'allait britannique n'allait confier à la province française des institutions politiques distinctes à ce l'époque.

Mais on peut dire que Parent avait vu l'avenir. Et une courte génération plus tard, tout avait changé.

 

Recherche parmi 16 491 individus impliqués dans les rébellions de 1837-1838.

 



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