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Si l'on se fie aux divers recensements de l'époque, celui de 1842 entre autres,
Lanthier serait un cultivateur résidant sur la Rivière-à-Gagnon d'Eustache
Lanthier dans les événements de 1837 dans le comté des Deux-Montagnes. Voici
l'information brut :
Marianne Valiquette femme d'Eustache Lantier
de la paroisse de St-Jérôme, après serment prêté sur les Saints Évangiles,
dépose et dit que vers la fin ou le commencement de décembre de l'année mil
huit cent trente sept, Laurent et Jérôme Lompré frères, arrêtèrent à la
porte de la maison de la déposante et dirent à son mari : Es-tu du
sentiment de marcher avec nous autres vers la Rivière du Chêne; si tu ne
marche pas on va te piller . Que le dit Eustache Lantier leur répondit :
Plutôt que d'être pillé, je vais marcher . Qu'après cette réponse, les deux
Lompré partirent. Que la veille du feu les dits Lomprés retournèrent chez
le dit Lantier et réitérèrent leur commandant, que Lantier dit aux Lomprés;
ne piller point à présent, quand vous serez prêt à marcher, je marcherai.
Qu'alors les Lomprés partirent en disant : puisque nous sommes sûrs que tu
marcheras, >on te fera avertir . Et la nuit précédente le feu, vers les onze
heures, le nommé Jean-Marie Larocque, vint le commander (de) accompagné
d'Antoine Paquette, qu'il fallait se préparer tous à partir le lendemain
matin pour marcher vers St-Eustache. Le matin, ils s'amassèrent environ une
trentaine chez le nommé Lantier qui leur dit : mes amis marchons tous, ou
restons tous, je crois que nous partons pour faire (mot illisible), coup ou
ferait mieux de rester . Tous les autres répondirent, il faut marcher, il
faut marcher et partirent >>immédiatement. La déposante dit qu'il n'y avait
qu'environ cinq à six fusils en tout, et que son marie n'en avait point
lorsqu'il partit. Qu'elle est bien persuadée qu'il a été tué dans l'église
de St-Eustache par un coup de canon. La déposante ne dit rien de plus et
déclare ne savoir signer, et a fait sa marque. ce 1er février 1838.
Charles-Louis Lamnert-Dumont, juge de paix.
RÉFÉRENCE : A.N.Q.M., Documents relatifs aux
événements de 1837-1838 , Fonds Ministère de la justice, M-165-2, no. 634,
déposition de Marianne Valiquette contre Laurent et Jérôme Longpré, 1er février
1838.
Louis Valiquette père cultivateur en la
paroisse St-Jérôme, après serment prêté sur les Saints Évangiles dépose et
dit : Que le (quatorz) treize décembre de l'année 1837, se trouvant dans
les environs de sa demeure, les nommés Jérôme Lompré et Laurent Lompré
(connu vulgairement sous le nom de Labath) l'appellèrent et lui
addressèrent ces mots : Eh bien, êtes-vous des nôtres ? Que le déposant
répondit : Non . Que les Lompré (.) en revenant de la Rivière à Gagnon où
ils étaient aller soulever les gens, appellèrent le déposant à la porte et
lui dirent que comme il leur avait fait du dommage, ils reviendraient sous
vingt-quatre heures chez lui, mettre le tout à feu et à sang. Le déposant,
beau père de Eustache Lantier qui a été tué dans l'église à St-Eustache
lors du feu, ne dit rien de plus et déclare ne savoir signer. Et a fait sa
marque.
Assermenté devant moi à Louis X Valiquette St-Jérôme ce 1er février 1838.
C. L. Dumont, J. P.
RÉFÉRENCE : A.N.Q.M., Documents relatifs aux
événements de 1837-1838 , Fonds Ministère de la justice, M-165-2, no. 639,
déposition de Louis Valiquette père contre Laurent et Jérôme Longpré, 1er
février 1838.
Il semble bien qu'Eustache Lanthier soit mort à la bataille de Saint-Eustache
le 14 décembre 1837. Il est venu de sa paroisse avec une sorte de délégation
d'insurgés venus prêtés mains fortes au docteur Chénier. Il semble que son
beau-père, Louis Valiquette, a joué un rôle beaucoup plus important que son
gendre. En effet, il aurait commandé une compagnie de rebelles au village de
Saint-Eustache dans les jours précédents l'affrontement. Aussi, ses fils
Louis, Anselme et Milan Valiquette auraient pour leur part réussis à se sauver
et ainsi échapper aux troupes britanniques. Louis Valiquette est cependant
arrêté et incarcéré à la prison du Pied-du-Courant le 17 décembre 1837.
Ceci étant dit, il faut se demander pour quelle raison Eustache Lanthier est
décédé au combat! Comme plusieurs, il est fort possible qu'il ait été obligé
d'entrer dans l'église, par exemple (puisque rien nous prouve qu'il était à cet
endroit ou dans le presbytère, ou le couvent, ou la maison seigneuriale.), de
force (et non de gré), à la pointe du fusil des plus radicaux partisans de
Chénier. Ses confrères de Saint-Jérôme, à savoir les frères Laurent et Jérôme
Longpré, réussissent à se sauver, mais sont pris un peu plus tard. Aurait-il
voulu faire la même chose? Aucun document ne nous le mentionne.
Jonathan Lemire
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