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Durant le week end du 22 au 24 mai ont eu lieu les commémorations de la seconde
Journée nationale des Patriotes sous le thème «Unis pour la démocratie». Cette
année encore, rien n’aurait été possible sans l’implication des sociétés
nationales MNQ et SSJB. Nous avons donc du surtout nous appuyer sur leur
«machine» afin de mettre sur pied et de faire connaître les activités
organisées. On a cependant remarqué un intérêt accru de la part des musées et
des organisations professionnelles d’historien(ne)s....
Encart dans Le Devoir du
samedi 22 mai
En ce sens, l’encart paru dans Le Devoir du 22 mai aura été le principal
moyen entrepris afin de rejoindre le plus de Québécois possible et de les
sensibiliser au sens de la commémoration. Tirés à 60 000 exemplaires, cet encart
couleurs contenait l’affiche officielle, le calendrier des activités et surtout
un texte décrivant succinctement le mouvement patriote, son rôle historique et
le sens de la nouvelle fête. L’exercice fut coûteux, si bien que la plupart des
autres manifestations ont surtout servi à financer la production et la
distribution de ce cahier informatif.
La Route des Patriotes, samedi et
dimanche 22 et 23 mai
C’était à notre connaissance la toute première tournée systématique des sites où
des événements importants se sont déroulés en 1837 et 1838. Outre les sites bien
connus de Montréal, Saint-Denis ou de Saint-Charles, les 26 participants ont pu
prendre contact avec l’emplacement exact de la Déclaration d’indépendance du
Bas-Canada, du camp Baker, de la seconde bataille de Lacolle. Dans tous les sens
du terme, on est vraiment sorti des sentiers battus. Les participants ont
bénéficié d’un contact direct avec l’état de la recherche et pris la mesure du
caractère fragmentaire de nos connaissances à propos de l’emplacement de
nombreux sites. L’expérience fut un franc succès, si bien qu'il est déjà prévu
la reprendre dès avant la prochaine JNP. L’organisateur tient aussi à témoigner
de son appréciation à propos de ce premier groupe. En guise d’exemple, on
comptait une majorité d’universitaires, dont trois doctorants en histoire, qui
ont directement contribué à la qualité du séjour.
Spectacle au Medley du 23 mai
Mariant poésie, musique et discours engagés, l’événement-spectacle au Medley à
Montréal était d’abord une activité d’autofinancement destinée à défrayer les
coûts de l’encart dans Le Devoir. Le ton et le public n’étaient pas sans
rappeler le rôle des sociétés nationales et des partis souverainistes dans
l’organisation. Le déclenchement le même jour d’élections fédérales a encore
contribué au caractère politique de la soirée. Reste que si le but était de se
divertir dans une ambiance «patriotique», on peut parler d’un succès. La musique
était excellente, les discours toujours trop longs, le déroulement impeccable.
Plus encore, soulignons le succès de la JNP en Estrie où, au même moment, un
spectacle du groupe Les Zapartistes faisait salle comble au Vieux-Clocher
de Sherbrooke.
Vigile au Pied-du-Courant
Le lendemain 24 mai, par un temps épouvantable, se déroulait notamment la vigile
au Pied-du-Courant, sous la supervision de l’ineffable Victor Charbonneau et en
présence des Armand Vaillancourt et Pierre Falardeau. Vers 14 heures, jusqu’à
120 personnes pouvaient se trouver sur le site, alors qu’y faisait halte Gilles
Rhéaume et sa tournée des sites patriotes de Montréal et que commençait le
mini-colloque organisé à la Prison-des-Patriotes en présence de trois historiens
et d’une soixantaine de participants.
Ailleurs, compte tenu du temps, la participation aux commémorations tenait de
l’héroïsme. À Trois-Rivières, où on était une soixantaine, à Contrecoeur, où la
fête des Patriotes tenait davantage du jamboree sudiste, et dans le Suroît, où
la Société d’histoire fait un boulot extraordinaire afin de rappeler le
patrimoine oublié de la rébellion de 1838. À Saint-Charles, la municipalité a
fait sortir 50 personnes qui ont défilé de l'église à la salle municipale,
rebaptisée de son nom original de l'Institut Canadien (1854). À Saint-Marc,
l'Âge d'Or a rassemblé une douzaine de ses membres à l'intérieur de l'église. À
Saint-Antoine, là aussi à l'intérieur de l'église, on a rassemblé 25 personnes,
puis au coin du 3e rang du Brûlé et de la Pomme d'Or, on a procédé à la
ré-érection d'une ancienne et très belle Croix de chemin chez Mario Marchessault,
descendant d'un Patriote (40 personnes). À Saint-Denis, le pique-nique s'est
fait à la sacristie... Plus de 30 personnes ont ensuite rendu hommage aux
Patriotes du lieu autour du député Stéphane Bergeron. D’autres manifestations se
sont tenues à Saint-Eustache, Pointe-aux-Trembles, Saint-Philippe et même à
Saguenay. Les compte-rendu que nous en avons font partout état d’un succès
modéré, propre à encourager les organisateurs à reprendre le flambeau l’an
prochain.
Rappelons que toutes ces commémorations furent tenues grâce à un budget
insignifiant, que ni les gouvernements, ni les grandes corporations privées n’y
ont investi le moindre sous. À ceux et celles qui critiqueront un peu hâtivement
le rôle tenu par les sociétés nationales, l’expérience de cette année démontre à
nouveau que sans elles rien n’aurait été possible. En attendant que les Alcan,
SAQ et Ministère de la culture de ce monde comprennent la haute portée
symbolique de cette fête, le rôle qu’acceptent pour le moment de jouer le
Mouvement national des Québécois et la Société Saint-Jean-Baptiste demeure
essentiel.
Alors qu’on annonce, faute de fonds, l’annulation du traditionnel défilé de la
Fête nationale le 24 juin prochain, on peut considérer que la Journée nationale
des Patriotes s’en tire à très bon compte. Dans les médias, les calendriers et
les communiqués officiels, le vocable de «Journée nationale des Patriotes» prend
progressivement le pas sur les fêtes de la Reine et de Dollard. Décriée au
départ par certains comme un «ballon politique», la fête des Patriotes et en
fait en passe de plonger de belles racines parmi nos autres commémorations
annuelles.
Gilles Laporte, pour le Comité de la Journée nationales des Patriotes 2004
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