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Encore là, rappelons d'abord les faits. Après avoir pris le manoir Ellice de Beauharnois, le 4 novembre 1838, DeLorimier et Brien rallient le camp Baker au matin du 9 novembre en apprenant qu'une troupe de 800 volontaires s’y dirigent. Le camp est alors constitué de 500 hommes commandés par James Perrigo et Charles Roy dit Lapensée . Ce jour-là, les volontaires du Glengarry Highlanders et du 71e régiment du major Carmichael arrivent dans le comté. Le détachement de Prieur et Perrigo se place en position d'attaque et, contre toute attente, réussit à contenir l’adversaire. Après l’affrontement, le camp Baker reçoit ordre de se replier sur Napierville. Arrivés à Lapigeonnière, les patriotes apprennent que leur victoire a été inutile quand un courrier les informe de la défaite de Nelson à Odelltown. Dans la nuit du 9 au 10 novembre, Perrigo donne donc ordre de dispersion. Prieur écrit dans son journal que :«Ici se termine ma carrière de militaire et de chef de troupe, et va commencer celles de fugitif, de prévenu, de condamné et d'exilé parmi les forçats.» (PRIEUR, 1974:101). Il est finalement pris le 20 novembre et incarcéré avec les autres fugitifs au moulin de Beauharnois, avant d'être transféré à la prison du Pied-du-Courant le 1ier décembre. Les volontaires incendient ensuite le camp Baker où on fait de nombreux autres prisonniers.
Intéressant à plus d'un titre, le regroupement du camp Baker a donc pu impliquer plusieurs centaines d'hommes de Sainte-Martine, Beauharnois et Châteauguay et est ponctué par une authentique victoire patriote, même si l'affrontement a pu se résumer à un simple échange de coups de feu. Reste que le site du camp Baker n'a jamais fait l'objet d'un reconnaissance officielle. On est donc réduit à des hypothèses quant à son emplacement exact.
En 2008, le musée de Sainte-Martine fit une exposition pour expliquer l'importance des événements de 1838 dans la région de Beauharnois-Sainte-Martine-Châteauguay. À cette occasion, nous avons produit trois cartes portant sur ces événements dont l'une sur l'emplacement du Camp de la ferme Baker. En ces jours précédant la fête du 23 mai 2011, il me fait plaisir d'offrir ce plan original d'après les recherches de Mme Solange Maheu, de votre humble serviteur et jumelé à la conception graphique par Daniel-Jean Primeau. En espérant que ce document éclaircisse une fois pour toute l'emplacement du Camp Baker.
Laurent Lazure, président Société du patrimoine de Sainte-Martine
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L'hypothèse Sellar
L'interprétation classique est bien sûr celle de Robert Sellar dans un classique, malheureusement devenu introuvable, sur l'histoire du comté de Huntington ( Sellar, Robert, The history of the county of Huntington and of the seigniories of Chateaugay and Beauharnois from their first settlement to the year 1838, Huntington, Canadian Gleaner. 1888). Dans son récit de 1888, Sellar décrit en détail l'emplacement du camp Baker. Selon lui, les hommes de Perrigo se sont fortifiés dans la ferme d'un dénommé George Washington Baker, d'origine américaine, favorable à l'annexion avec les États-Unis et, pour cette raison selon Sellar, favorable aux patriotes. Le camp Baker se serait donc trouvé là où la rivière Chateauguay opère un «coude», en amont de l'emplacement de la ferme de James Perrigo.

L'hypothèse Bergevin
En 1991, l'historien René Bergevin fait paraître dans Sainte-Martine en images une relation assez complète du rôle de Baker et propose une carte des concessions le long de la rivière et du ruisseau du Grand-Marais. L'information reprend en gros ce que Sellar propose.

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Enfin, une autre hypothèse...
Il existe enfin une dernière hypothèse, fort peu probable même si elle mérite selon nous d'être présentée. Les rapports militaires situent les positions des patriotes au croisement de la rivière Châteauguay et du ruisseau des Anglais qui traverse Howick. Aujourd'hui, la rivière Châteauguay y forme un coude correspondant à la ferme de la famille Hébert, mais occupée en 1838 par la famille d'un certain William Greig. Or des habitants de la région proposent que le cours de la rivière Châteauguay a changé depuis un siècle et demi. On suggère que la rivière passait plus à l'ouest en 1838, plus précisément le long du rang du Grand-Marais, dans ce qui constitue aujourd'hui le ruisseau Chicoine. D'ailleurs, l'ancien lit de la rivière est très clairement visible du bord de la route. Comme le fond est de roc, la rivière Châteauguay aurait refait son lit plus à l'est, vers la rivière des Anglais et Howick, où le fond est de glaise et où la rivière coule désormais.
On est donc devant la possibilité que le croisement de la rivière Châteauguay et du ruisseau des Anglais se situe plutôt à environ trois cent mètres vers le nord-ouest, justement à l'emplacement où un certain George W. Baker avait sa ferme selon le cadastre de la seigneurie de Beauharnois.
Les photos suivantes, prises en mai 2004, montrent clairement la dépression de l'ancienne rivière Châteauguay et correspondent à la propriété de Baker en 1854. C'est là, selon nous, que DeLorimier, Brien et Perrigo et 500 autres patriotes combattirent en 1838 .
Seigneurie de Beauharnois - Cadastre Abrégé - 1854 - Annstown
711 |
Greig, William |
5 |
20 |
100 |
|
2/4/2 |
91 |
49 |
712 |
Greig, Thomas |
5 |
20 |
100 |
|
2/10/0 |
92 |
50 |
714 |
Baker, George W. |
|
|
72 |
|
1/10/0 |
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