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Les Patriotes de 1837@1838 - Lettre de Papineau à sa femme ( A P Q P - B : 5 8 ) Paris 24 Juin 1839
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Lettre de Papineau à sa femme ( A P Q P - B : 5 8 ) Paris 24 Juin 1839
Article diffusé depuis le 28-mars-04
 




Ma chère bonne amie, Je t'ai écrit une longue lettre hier qui a du partir aujourd'hui pour le Hâvre. Je t'y disais ce que j'entrevoyais de décourageant sur l'avenir du Canada, que le Parlement Anglais sacrifie iniquement à une faction couverte de sang et de crime. Que ce sont des maux sans remède pour le moment. Que pourvu qu'un esprit d'union règne parmi les Canadiens ils se feront justice plus tard &(ca) Je ne veux point dans la présente parler affaires publiques. Mr. Massue arrive aujourd'hui d'Italie et part de suite pour profiter du bateau à vapeur. Il m'a fait l'amitié de m'en venir informer, et je ne veux pas les laisser partir sans t'écrire pour répéter ce que j'ai dit dans plusieurs lettres précédentes. Quant à ce qui nous regarde en particulier. Et d'abord combien mon chagrin de notre séparation est aggravé par l'inquiètude que me donne le mauvais état de ta santé. Néanmoins ta dernière lettre du vingt mai dans celle de notre bon ami le Docteur O'Callaghan était plus rassurante et m'a été une douce consolation. Après cela il ne fallait pas laisser durer cette souffrance et depuis longtems j'ai conclu à ce que nous devions laisser passer la plus grande fougue de l'orage en venant demeurer une couple d'années ici. Mon père fesant des efforts pour vendre quelque partie de mes propriétés, et pressant le recouvrement plus que je ne l'ai fait par le passé de mes revenus et arrérages nous pouvons vivre aussi économiquement ici qu'aux Etats. La vente de ma Bibliothèque, et de tout ce qui nous restait de meuble de ménage devait aussi fournir des fonds pour ce plan si tu l'approuves. Car si tu préférais rester aux Etats j'irais au premier mot t'y rejoindre. Je réservais de ma Bibliothèque tout ce qui était relatif au Canada, dont j'écrirais l'histoire si notre bannissement devait se prolonger. Aussi les quelques ouvrages de Botanique qui sont riches en gravures, non qu'on ne puisse facilement les trouver ici par la suite si des tems plus heureux me permettent de former de nouveau une Bibliothèque qui ne coutera pas ici le tiers de ce que m'a couté la mienne, mais pour ne les pas sacrifier pour rien du tout. Je repette ces détails en cas que celle-ci te parvienne plus vite que les deux dernières. Mais d'autres antérieures ayant déjà recommandée ce plan, j'incline presqu'à croire que celle-ci peut ne pas te trouver. (Mais) La lenteur sur les mesures d'intérêt peut bien faire aussi qu'il n'en sera pas ainsi. La détermination qui me paraissait la plus sage était que tu viennes avec Lactance et Azélie. J'exhortais mon 435 cher Amédée au courageux sacrifice de demeurer jusqu'à ce qu'il eut pris sa profession et sa qualification de Citoyen Américain, en retardant pourtant cette dernière mesure aussi longtems que possible, sans retarder son entrée en profession. Mr. Roebuck ne pourra venir ici qu'après la Session du Parlement; Bingham est en Italie. Je ne puis traiter de la vente de ma Seigneurie qu'avec beaucoup de réserve et de vive voix d'abord avec Mr. Roebuck. C'est cette considération qui m'oblige à souhaiter que mon Amédée se donne avant tout un état qu'il prendra dans dix huit mois, tandis que son absence lui ferait perdre entièrement pour sa profession et sa naturalisation les dix huits mois qu'il a déjà passés aux Etats-Unis. Notre douloureuse séparation doit durer au plus ce tems, elle serait abrégée si je vendais avant ce tems. Je voulais que ce que l'on pourrait réaliser fut placé entre les mains de Mr. Corning, qu'il m'allouat sur ce dépôt le plus haut intérêt qu'il alloue à ceux qui en font, avec faculté de tirer régulièrement l'intérêt de six mois en six mois et même sur le dépôt quand j'en aurais besoin, ceci n'étant que l'indication de mon désir de vivre sur ces intérêts non de me gêner sur l'emploi du Capital. Ici je le placerais chez des Banquiers surs également, mais qui ne m'alloueraient que trois et demi. Néanmoins l'avantage d'avoir toujours son capital disponible et à la main pour profiter d'aucun bon emploi qui pourrait se présenter, vaut peut-être autant qu'un plus haut intérêt au loin. J'indiquais la nécessité de voir à ce que les Messieurs qui m'ont donné leurs billets pour me faire obtenir de l'argent de Mr. Corning pour ce voyage se missent en mesure de les retirer à leur échéance au commencement d'Aout. Ce voyage n'a eu que peu de résultats avantageux sans doute à la cause du pays. Néanmoins cela tient à des causes que nul autre n'aurait pu maitriser plus que moi, Ce sont bien des embarras d'affaires auxquels tu n'es pas habituée, mais Mr. Corning est si bon, et s'est montré si bien notre ami, qu'avec l'aide de tes grands garçons et de quelques uns de nos amis d'Albany, tu auras pu régler ces détails. Mr. Quesnel et son fils et Mr. Fabre doivent probablement venir dans le cours de l'été peut-être est-ce de compagnie avec l'un ou l'autre que tu fais le voyage en ce moment. Quel bonheur de nous revoir avec une détermination bien fixe de ne plus nous séparer et soumettre à des chagrins et inquiètudes plus forts que nous ne pouvons supporter, maintenant que nous commençons à vieillir par le malheur plus que par les ans. J'écris ces détails qui seront pour mon cher Amédée si tu l'a déjà laissé, et qui l'engageront à écrire à son pèpè, à sa tante pour faire avancer tout ce qui n'aurait pas été terminé de mes affaires. Je suggèrais que si ma soeur voulait payer ses dettes elle devrait venir passer ici deux ou trois ans qu'avec £500 elle pouvait vivre commodément à Paris avec grand train en province. Quel consolation si nous vivions ensemble. Ce serait retrouver dans le malheur de l'exil, des jouissances que l'on ne pourra pas gouter au sein de la Patrie, opprimée sans que nous y puissions porter remède. Je disais qu'à part les ressources provenant des ventes, soit de ma maison ou de terreins et de recouvrement de dettes, mon cher Papa devait prendre des arrangements pour me faire passer £150 de six mois en six mois, ce qui peut se faire facilement avec de la diligence mon revenu excédant, s'il était recouvré le double, de cette somme le surplus irait à payer et amortir mes dettes. Si rien de cela ne peut s'effectuer je suis bien prêt à aller rejoindre ma chère famille à ne rien craindre d'une vie humble et tranquille quand nous serons réunis. Je disais que Louis Dessaulles au moins devrait pour finir son éducation venir passer une année en Europe si tu y viens. Que vous prendrez tous des passeports du Consul Anglais et m'avertirez du tems de votre départ pour que j'aille guetter votre débarquement au Havre. Que nos chers Ezilda et Gustave sous les tendres soins de leur seconde mère doivent demeurer avec elle, si ma bonne soeur ne vient pas, jusqu'à ce que tu aies fait ton noviciat par une année de séjour en Europe, après quoi nous résoudrons mieux et en connaissance de cause de la suite de notre avenir. Sans fortune il y a assurément plus de chance d'établir ses enfans en Amérique qu'en Europe, et c'est cette consolation qui devra l'emporter finalement sur toute autre. Adieu ma bien bonne amie. Je n'ai que très peu de tems à profiter d'une si bonne occasion mais qui était, tout à fait imprévue sans quoi je me serais préparé à écrire à O'Callaghan et à la famille tant aux Etats qu'en Canada. Je ne puis que vous assurer tous que l'éloignement ne fait que redoubler la ferveur avec laquelle j'aime si tendrement mes parents et amis. L'attente dans laquelle je vis de ton arrivée, depuis les premières lettres où je t'y ai conviée, m'occupe si bien que je ne suis guères propre au travail jusqu'à ce que je te voie ou que j'aie ta réponse à ces lettres, et je l'attends par les prochains arrivages. Embrasse mille et mille fois mes chers enfans. J'ai hâte d'en faire autant. Tout à toi, ton bon ami et fidèle époux L.-J. Papineau Mr. Massue me promet de te voir à Albany, ou à Saratoga. Ce sera vers le quinze de juillet. Oh le beau jour si c'était moi qui t'y trouvais, mais qui sait si ce ne sera pas ici que nous nous retrouverons. J'ai reçu les deux bonnes lettres d'Amédée et de Lactance dont je les remercie, et celle de O'Callaghan, et la tienne conjointe, toutes trois la semaine dernière. J'y répondais hier mais celle-ci arrivera la première, adieu. Et te porte mon portrait dans un journal Burlesque mais dans lequel ont paru des hommes comme Lamenais, Chauteaubriand, Berryer &(ca). Quant il les aime il les donne au naturel, quand il les hait à la sauce piquante en caricature. Je suis en bonne compagnie et bien traité. (De la main d'Amédée:) recue à New York dim. 28 Juillet 1839. (Au verso:) Mr- Amédée Papineau Aux Sources de Saratoga faveur de Nicolas Massue Ecuier venu par le pyroscaphe British Queen.

 

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