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Ma chère amie, Voilà dix jours que je suis en France et six à Paris, et la cause du Canada n'est pas encore gagnée! Oh non! Ca ne va pas si vite, mais je l'espère, ça ira. Mes deux bons amis, Messrs. Nancrede et Bossange, m'ont accueilli bien cordialement (...) Des lettres pleuvent pour me demander de poser pour mon buste ou mon portrait, ma gravure ou mon médaillon en bronze; Ma femme qui est petite, mais dont le coeur est noble sans doute, mais qui a un peu des faiblesses du beau et bon sexe, un doux penchant vers la vanité, dit peut être: oui. Il faut que tout cela se fasse, cet enthousiasme sera utile à la cause que tu vas servir. Et moi, j'ai cru qu'il était plus prudent, au risque de l'étouffer, ce qui serait un malheur, de tacher de le mériter. L'élan part du parti Républicain. Il est sincère, mais il est très faible, et s'il se jette trop en avant et moi avec lui, la cause perdra assurément le parti Ministériel. Peut-il être gagne et faut-il risquer la perte d'un léger gain assuré, pour l'espérance incertaine d'un très grand? Je demande des sympathies à toutes les nuances politiques. Mais les élections viennent de jeter le ministère déchu dans une minorité écrasante et le parti libéral modéré va avoir la direction des affaires. C'est la principalement où il faut s'efforcer de créer une impression favorable, et vu le peu de tems depuis que je suis ici, j'ai obtenu autant et plus que je ne pouvais espérer. M. Lafitte ne peut pas être ministre parce qu'il est personnellement en querelle avec le Roi, mais personne n'a une plus grande (importance) part que lui à faire et à défaire les ministères. En majorité, ce sont ses amis qui entrent dans celui qui se forme Dimanche, sans avis préalable, j'ai été à sa soirée: y ai reçu l'accueuil le plus obligeant, le plus empressé ai été présenté par lui à sa Dame, à la princesse de la Moskowa sa fille, à des Maréchaux de France, des pairs, des députés des plus influens. Il suffit qu'il veuille bien me montrer ainsi de l'estime, pour que ce devienne de ton pour tout ce qui l'approche d'en faire autant, et ce n'est que l'élite la mieux choisie de Paris qui a cet avantage. Dès le lendemain, les journaux ont annoncé cet événement, et ajouté que le nouveau venu avait été l'objet des attentions marquées de toute l'assemblée, qu'il y avait eu sensation, que sa conversation vive et variée avait fortement intéressé, etc; Puis le lendemain, billet d'invitation pour y diner dimanche prochain, et plusieurs de ses amis sont venus me voir et demander pour de semblables réunions de table ou de soirées; j'en ai refusé, en m'excusant sur la nécessité de me livrer à un travail pressé pour répondre à la foule de bévues et de mensonge et de projets tyranniques dont fourmille le rapport de Lord Durham. Néanmoins, refuser c'est choisir. Ainsi, aujourd'hui et demain je vais à des diners ou se trouveront des sommités, qui plus tard pourront nous être utiles Lord Brougham doit venir à Paris, sous peu de jours, et l'ayant appris je crois avoir bien pris mes mesures pour avoir avec lui des entrevues qui auront pour but de l'intéresser à reprendre plus hardiment que jamais la proposition qu'il a ci-devant faite de nous donner notre indépendance. L'occasion de le voir ici, je la ferai naître par ses amis français avec qui j'ai des rapports. J'ai écrit à M. Roebuck pour savoir jusqu'à quel point il fallait s'ouvrir avec abandon avec lui. Si je pouvais retiré Mr O'Connel de son erreur et de l'esclavage dans lequel il est tombé vis-à-vis des Ministres qu'il devrait faire trembler, je le voudrais. J'espère voir ici ou à Calais ou j'irais Mr Roebuck avant que l'affaire du Canada revienne sur les rangs. Si par son entremise, je pouvais obtenir qu'il y eut un parti nombreux qui osât dans les Communes dire que les excès commis ont rendu impossible l'occupation prolongée du Canada, je crois que j'obtiendrais d'en faire dire autant ici et quel effet électrique cela ne produirait-il pas de suite sur les patriotes Américains et Canadiens nonobstant la poltronerie de Mr Van Buren. Je me suis assuré l'occasion de voir au premier moment de loisir Mr de Lamenais, et je crois que j'aurai le service de sa plume pour nous et pour M. Chartier en particulier. (En marge à la page 1 et au sujet de Lord Brougham:) Il (L.-J. Papineau) s'est aussitôt mis en rapport avec nos amis en Angleterre. Note d'Amédée Papineau.
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