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Les Patriotes de 1837@1838 - La mobilisation patriote dans la ville de Québec
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La mobilisation patriote dans la ville de Québec
Article diffusé depuis le 31-mai-2003
 


Étienne Parent (1802-1874), directeur du journal Le Canadien. Il est en fait le véritable chef des réformistes de la capitale.

La mobilisation patriote à Québec ne remonte pas seulement à la décennie 1830. Elle apparaît en fait avec la naissance du parti canadien, dans la première décennie du XIXe siècle. Son chef, Pierre Bédard, incarne le réformisme dans la région de Québec. En 1806, il fonde le journal Le Canadien. Dans ses publications, il présente ses idées réformistes. Également, il joue un rôle prépondérant pendant la crise sous le régime du gouverneur James Craig. Pendant cette période allant de 1807 à 1811, il prône par le biais de son journal le gouvernement responsable. Devant ces affirmations, Pierre Bédard se fait arrêter par les autorités et son journal cesse ses activités.

Jusqu’en 1815, le leadership du parti canadien, et par le fait même des idées réformistes, se concentre à Québec. Par contre, avec l’élection de Louis-Joseph Papineau au poste d’orateur de la Chambre d’assemblée et président du parti, on voit ce leadership se diriger progressivement vers Montréal (Ouellet, 1959:319-320). Lors de cette élection, plusieurs députés de la région de Québec, dont Amable Berthelot, appuient davantage la candidature de Taschereau plutôt que celle de Louis-Joseph Papineau (DBC, VII:78-79). Dès ce moment, on voit apparaître une scission au sein du parti canadien: les réformistes de Montréal plus radicaux et ceux de Québec plus modérés. L’illustration de cette scission se voit en 1823 et en 1824 lorsque Papineau va en Angleterre. Pendant son absence, Joseph-Rémi Vallières de Saint-Réal le remplace comme orateur de la Chambre d’assemblée et ramène le leadership du parti à Québec (Ouellet, 1959:320). À son retour d’Angleterre, Papineau veut reprendre son poste mais Vallières s’y oppose. Finalement, ce n’est qu’en 1824, suite à une élection au sein du parti que Papineau regagne son poste d’orateur et de chef de parti (DBC, VII:« Vallières »). Dès ce moment, Vallières se détache de Louis-Joseph Papineau. En 1828, un homme influent de la région de Québec, John Neilson, s’éloigne progressivement de Papineau (Ouellet, 1959:321-322). Ces événements divisent davantage les réformistes de Montréal et de Québec.

Dès 1833, la mobilisation « patriote » à Québec s’organise de façon plus formelle. Une assemblée se déroule le 24 avril 1833 dans le faubourg Saint-Jean. Les réformistes réunis adoptent diverses résolutions ayant trait à l’élection du Conseil exécutif et législatif, au contrôle des subsides et à la fin de la spéculation des terres (The Vindicator, 30 avril 1833). Au début de 1834, le parti de Louis-Joseph Papineau présente les 92 résolutions à l’Assemblée, et celles-ci sont acceptées. Lors d’une assemblée populaire tenue le 20 mars 1834, certains réformistes comme René-Édouard Caron et Étienne Defoy, appuient ces revendications et font circuler une pétition dans les différents quartiers de la ville (Le Canadien, 21 mars 1834). D’autres, tel John Neilson, s’y opposent (Gallichan, 1994 :117). De là naît une scission au sein des réformistes de Québec. On dénote une aile modérée, contrôlée par A-N Morin et une branche plus radicale dirigée par Robert Shore Milnes Bouchette. À la fin de l’année 1834, des réunions se tiennent le 24 novembre, le 1er, le 8, le 10 et le 27 décembre, ainsi que le 16 mai 1835 ( MG24 B128: 35c, 91c, 95c; B129: 11-17, 26, 62). Une assemblée importante se tient le 8 juin 1835 dans le faubourg Saint-Jean. Plusieurs réformistes modérés tels Amable Berthelot, George Vanfelson et Louis-Théodore Besserer s’y trouvent. Le but de cette assemblée est de former une association de réformistes modérés à Québec. Cette réunion met en évidence les divisions au sein des réformistes de la région de Québec. Le 5 août 1835, les réformistes de la région de Québec proposent que Louis-Joseph Papineau soit envoyé comme émissaire à Londres au nom de la Chambre d’assemblée du Bas-Canada (MG24 B128:60c. « [ Certains ] patriotes de Québec [ voient ] dans cette mesure une occasion favorable de détrôner Papineau » (Ouellet, 1959:325). Ceci exprime les tensions entre les réformistes de Montréal et ceux de Québec.

La mobilisation « patriote » à Québec connaît un tournant décisif au printemps 1837, et ce non seulement au niveau des journaux. Ne pouvant pas utiliser la voie parlementaire pour discuter des résolutions Russell, les réformistes organisent une assemblée populaire au marché Saint-Paul pour le 4 juin (La Minerve, 1er juin 1837). Cependant, certains événements surviennent avant cette assemblée. On peut citer, notamment, les échanges houleux qui ont lieu le 28 mai entre la fraction des réformistes modérés d’Étienne Parent et celle plus radicale de Robert Shore Milnes Bouchette au plan des résolutions qui seront proposées à l’assemblée la semaine suivante (Gallichan, 1994:124-125). Celle-ci se déroule comme prévu devant une assistance importante. Au cours de cette assemblée populaire, de nombreuses résolutions sont adoptées pour dénoncer le ton dur qu’a la Grande-Bretagne envers les revendications de l’assemblée législative (La Minerve, 8 juin 1837). N’acceptant pas les résolutions convenues à ce moment, le député de la Basse-Ville de Québec, Georges Vanfelson, démission de son poste le 5 juin 1837 (Roy, 1959: 243)

Suite à cette démission, des élections partielles sont décrétés à partir du 25 juin pour combler le siège vacant. Dans le but de choisir un candidat du côté réformiste, une assemblée publique se tient le 18 juin. Conformément aux vœux populaires, le marchand irlandais Michael Connelly devient le représentant réformiste à l’élection (Le Canadien, 19 juin 1837). Celui-ci affronte un homme d’affaire influent à Québec, John Munn, affilié aux loyaux. Suite à des élections très tumultueuses, John Munn remporte la victoire par une faible majorité (Gallichan, 1994:129).

Le gouverneur Gosford convoque l’Assemblée législative pour le 18 août 1837, mais les députés ne se présentent pas. Le 17 septembre 1837, les réformistes de la ville de Québec forment le Comité permanent de Québec. On retrouve à la fois des réformistes modérés et d’autres plus radicaux (Le Libéral, 19 septembre 1837). À partir de ce moment, le climat politique et social devient extrêmement tendu. Au mois de novembre 1837, plusieurs chefs réformistes sont arrêtés suite aux batailles à Montréal. À leur libération, le 19 novembre, un groupe de réformistes, mené par Joseph- Édouard Turcotte, manifeste leur joie devant les maisons de ceux qui les ont fait arrêter. La situation est tellement hors de contrôle que les militaires décident d’isoler la Haute-Ville et de procéder à la formation de corps de volontaire (Hare et all., 1987:241). En 1838, les autorités britanniques détiennent, pendant plusieurs semaines, des réformistes de Québec soupçonné d’acte de haute trahison (Roy, 1959: 244). Dès ce moment, la mobilisation « patriote » à Québec est déjà chose du passé.

En conclusion, les multiples divisions dans les rangs réformistes, aussi bien entre Montréal et Québec qu’à Québec même, témoignent d’une organisation déficiante dans la capitale contribuant à coup sûr à l’échec de la mobilisation patriote dans l’est du Québec.

François Vaillancourt

 

Recherche parmi 16 491 individus impliqués dans les rébellions de 1837-1838.

 



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